Direction générale des Impôts / Les syndicats déchirent la trêve sociale – Un préavis de grève déposé

  • « Nous avons décidé de prendre nos responsabilités » (Syndicalistes)
  • Des démissions exigées à la MADGI

La Fédération des syndicats de la Direction générale des impôts (Fesy-Dgi) a tenu une Assemblée générale extraordinaire (Age), le mercredi 19 juin 2024. Les responsables syndicaux et leurs camarades, mobilisés en grand nombre sur le site fiscal de Yopougon, ont planché, comme annoncé en conférence de presse, sur plusieurs points : l’inapplication du profil de carrière ; le blocage des nominations ; la suppression du forfait et le reversement des prélèvements effectués aux agents pour le compte de leur mutuelle-santé (Madgi).

Après environ trois (3) heures de débat, les syndicats ont décidé du dépôt d’un préavis de grève pour les 24, 25 et 26 juillet 2024. « Ce mercredi 19 juin 2024, les camarades militants de tous les syndicats dont les secrétaires généraux sont représentés à cette table de séance, ont demandé, à l’unanimité, le dépôt d’un préavis de grève pour les mercredi 24, jeudi 25 et vendredi 26 juillet 2024 », a annoncé Zéréyé Zedou Narcisse, président en exercice de la Fesy-Dgi, porte-parole. Les syndicats demandent le : reversement intégral des 37,5 milliards Fcfa dus au titre des cotisations prélevées sur le compte des agents pour leur mutuelle santé ; la démission du Conseil d’administration de la Madgi et la démission du directeur général.

« Les agents ont estimé qu’aujourd’hui, la situation est gravissime. Pour bien travailler, pour renflouer les caisses de l’Etat, il faut être en bonne santé. Et la question de la santé est non négociable. On exige donc que nos 37,5 milliards nous soient restitués. Par ailleurs, ils exigent la démission du Conseil d’administration de la Madgi parce qu’elle a manqué à son but, pour ne pas dire qu’elle est complice de cette situation qui n’a que trop duré », a étayé M. Zéréyé. « Après avoir analysé la situation, au niveau des revendications que tout le monde connaît, aujourd’hui, ils ont conclu qu’il y avait une incompétence de la Direction générale à faire endosser ses revendications auprès de sa tutelle. Et donc, pour pouvoir régler ces problèmes que notre direction générale n’arrive pas à régler, ils ont exigé la démission du directeur général, Ouattara Sié Abou. Voici, entre autres, les grandes décisions qui ont été prises », a encore expliqué le leader syndical. « Pour eux, leur démission va permettre de mettre en œuvre effectivement le profil de carrière et régler tous les autres problèmes, entre autres, la suppression du forfait, le paiement des arriérés au titre des admis au concours », a dit M. Zéréyé.

Lorsqu’il a été demandé si les syndicats ne redoutent pas de donner un coup de canif à la trêve sociale, le président en exercice de la Fesy-Dgi a réagi :  « Jusqu’ici, nous avons observé la trêve. Mais nous avons un choix à faire, entre observer la trêve et mourir. Soit, on observe la trêve et on meurt dans l’indifférence de tous. Vous savez qu’il n’y a pas de choix à faire. Nous avons décidé de sauver nos vies ».

Sur le même sujet, Ivan Bohué, l’un des leaders syndicaux, a déclaré : « Nous ne sommes pas en dehors du respect des règles. Quand on signe une trêve, il y a des obligations réciproques. L’un des éléments qui doit faire foi quant à la volonté de notre hiérarchie de nous entendre, de nous écouter, de nous accompagner, c’est l’installation du comité sectoriel du dialogue social. Quand le Premier ministre Patrick Achi a fait signer la trêve sociale avec nos centrales syndicales, il a été demandé à chaque ministère de mettre en place un comité sectoriel de dialogue social localement. Cela date de 2022. Nous sommes à mi-2024. Il y a eu une seule session. Une seule session de prise de contact et de présentation des (membres) du comité. Les problèmes, on les règle quand ? C’est une question de bonne foi. Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre (…) Chaque fois, au nom de la responsabilité, nous avons fait le pas en arrière qui montre notre détermination à accompagner la politique de développement de la Côte d’Ivoire. Nous sommes conscients de la cherté de la vie. Nous sommes conscients des enjeux liés au service de la dette. Nous accompagnons le président de la République, mais ce n’est pas au prix de notre mort. Comprenez qu’il y a des choses avec lesquelles on transige, il y en a avec lesquelles on ne négocie pas. Ou bien ce sont nos droits les plus élémentaires qui sont respectés, ou bien c’est le travail qui va en souffrir. Parce qu’on ne peut pas travailler quand on n’a pas la santé. Vous imaginez l’humiliation d’un agent des impôts accompagnant son épouse enceinte ou son fils en état d’urgence médicale et qu’on lui refuse l’accès. Il vient au bureau. On lui propose 200.000 f cfa. La dignité de l’administration fiscale est bafouée ».

Pour sa part, Koné Losséni, secrétaire général du Syndicat libre des agents des impôts (Sylai), a avancé : « On ne veut plus entendre parler de précomptes qui ne sont pas reversés. C’est notre argent…Moi, j’étais malade. Cela fait deux semaines. Je suis à la maison. Mais je suis obligé de venir à cette assemblée parce qu’il est question de ma santé. Je vais rester à la maison alors que je ne peux plus aller dans les cliniques ? J’ai trois ordonnances qui ont été refusées. Vous voulez que je meure ? Non ! C’est de dire au président Alassane, que là où nous sommes, si on n’a pas notre argent, vraiment, on sera obligés de pleurer ».

La Fesy-Dgi comprend cinq (5) syndicats :

le Renouveau syndical des agents du fisc (Resa-fisc) dirigé par Zéréyé Zedou Narcisse ; le Syndicat national des agents de la Dgi (Syna-Dgi) de Koné Lama (représenté à l’Age par Ettekou François) ; l’Union nationale des agents des impôts de Côte d’Ivoire (Unagi-Ci) conduite par Bohué Ivan ; le Syndicat libre des agents des impôts (Sylai) avec Koné Losséni pour secrétaire général ; le Syndicat national des agents du fisc (Syna-fisc) avec pour secrétaire général Thé Jasmin Roger.

L’Age était élargie aux trois autres syndicats de la Dgi : l’Association syndicale des agents de la Dgi (Asadgi) dirigée par Djédjemel Akpa Léonard, l’Alliance nouvelle des agents de la DGI (Anadgi) de Michaël Dougrou et le Syndicat des agents des impôts (Sagi) de Konan Kouassi Antoine.

Au total, c’est l’ensemble des 8 syndicats que compte la DGI qui ont arrêté des décisions communes.

CDT, correspondance particulière

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire