État de la Nation/ Discours de Ouattara devant le congrès – Les scenarii possibles

C’est en cette mi-journée du 18 juin que l’on sera enfin situé sur le contenu du discours du président de la République devant les parlementaires réunis en congrès. Ce sera alors la fin des spéculations et le début de la relecture chez les analystes et autres commentateurs du discours politique.

En attendant, c’est l’expectative. Que va dire le président ? Quel sera le diagnostic qu’il fera de la patiente Côte d’Ivoire ? Quelle thérapie proposera-t-il ?

Pour sûr, il ne faudra pas s’attendre à une autoflagélation de sa gouvernance qu’il dépeindra abondamment comme reluisante. C’est su pour qui est habitué à son discours. Il présentera un pays au travail, en mutation constante et qui fait rêver. Il justifiera les déguerpissements “sans humanisme” comme nécessaires pour le bien-être des populations et il n’osera pas parler de la cherté de la vie car il ne la ressent pas comme dans le bas peuple. C’est un simple fait des dynamiques économico-sociales, rien de plus.

Il sera tout de même entendu sur la situation politique au moment où ses lieutenants font feu de tout bois pour le voir briguer un quatrième mandat à la tête du pays. Un nouveau mandat qu’ils qualifient par euphémisme de “deuxième mandat de la troisième république”. Au moment où le contexte politique est marqué d’incertitudes avec des dossiers sensibles comme l’exclusion actée de Laurent Gbagbo, l’exil continu de Guillaume Soro, la radiation de Charles Blé Goudé de la liste électorale, la probable obstruction au candidat du Pdci, la contestation tout azimut de la commission électorale… on devrait s’attendre à ce que le président tranche dans le vif. Soit en annonçant une ordonnance d’amnistie pour passer définitivement l’éponge sur les balafres de la nation soit en jouant la montre. Dans ce dernier scénario il serait amené à se décharger de ces questions et à les reverser dans le domaine du judiciaire. On ne fait pas la passe à l’adversaire. C’est une maxime politique. Il ne faudrait pas s’attendre à ce que ce soit Ouattara qui déblaie le chemin pour ses adversaires qui n’auront rien fait d’eux-mêmes pour se faire réhabiliter.

Et s’il parvenait à se sublimer en essayant de résoudre ces questions notamment la réinscription de Gbagbo sur la liste électorale, il pourrait reprendre de la main gauche ce qu’il aura donné de la main droite. Le verrou par l’âge en ramenant l’âge maximum à 75 ans pour être candidat. Il aura ainsi sonné le glas de sa retraite et celle de ceux de sa génération. Notamment, Laurent Gbagbo qui retrouverait ainsi le droit de vote mais pas le droit d’être candidat.

Rebattre les cartes

Le Rhdp qui a rallumé la flamme de la mobilisation et qui prône partout une victoire écrasante de son champion en 2025 devrait être servi à travers ce discours. Le parti attend qu’il soit revigoré pour redoubler d’ardeur sur le terrain de la conservation du pouvoir.

On évoque un possible retrait d’Alassane Ouattara pour faire place à plus jeune que lui. Cette nouvelle génération qu’il a longtemps clamée et ostracisée en même temps. Dans ce cas, une retouche de la constitution serait à l’ordre du jour à l’effet d’y introduire le ticket présidentiel. Un président et un vice-président élus sur la même liste comme cela était prescrit par la constitution de 2016 dans sa première mouture. Cette piste aurait pour but de calmer les ardeurs dans son propre camp où les velléités de concurrence et de défiance se font jour. Alassane Ouattara pourrait indiquer, à défaut de le dévoiler, son choix au sein du parti pour lui assurer une bonne succession. Cette option pourrait être formalisée par une nouvelle ossature gouvernementale. Un remaniement ministériel qui mettrait en place le commando pour la présidentielle de 2025.

Cette hypothèse du retrait se perçoit de plus en plus dans l’ascension de son placide vice-président Koné Tiémoko Meyliet qui s’est revêti, depuis un temps, d’un manteau politique. Cet inconnu du landerneau politique ivoirien monte ces derniers temps en puissance, prend et assume des pouvoirs au sein de l’appareil étatique, constitue son petit monde avec des hommes clés. Les meetings d’hommage au président Ouattara sont devenus son affaire. Il en a présidé et représenté Alassane Ouattara à ces rassemblements. La rumeur veut que ce soit lui qui monte en première ligne et Birahima Ouattara dit Photocopie son binôme pour briguer la présidentielle en cas de retrait d’Alassane Ouattara.

L’envie de rempiler

Comme le souhaitent ses farouches admirateurs, Alassane Ouattara “le candidat naturel” pourrait rempiler. Ceci est si plausible que les velléités de candidature de certains barons du Rhdp sont vite étouffées. Adama Bictogo l’apprendra à ses dépens. Depuis qu’il a ebruité une certaine envie de succéder à son mentor à travers une interview à Jeune Afrique, une hystérie doublée de colère s’est emparée du maire de Yopougon. Il a vite été rappelé à l’ordre et devrait rentrer dans les rangs. Alassane Ouattara à ce niveau ne laisse présager une quelconque retraite. Ne se proclame-t-il pas houphouetiste ? Chez les houphouetistes on reste aux affaires jusqu’au dernier souffle. Ainsi après les meetings d’hommage, s’ouvrira la phase des réceptions des populations au palais présidentiel pour demander au président de continuer. Stratégie bien connue, déjà implémentée en 2020 après le décès du premier ministre Gon Coulibaly. Les populations avaient défilé au palais et à la résidence de Cocody Riviera Golf pour demander à Alassane Ouattara de ne pas partir. Bientôt en juillet, ce ballet s’ouvrira avec les populations du Guémon qui ont déjà un rendez-vous selon des sources dignes.

Tout cela finira par “la constitution me permet de me présenter, je reste pour continuer ce que nous avons commencé. Il n’est pas question de laisser le pays avec des aventuriers”. Et la quatrième candidature sera actée.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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