L’ancien président de la République François Hollande (Parti socialiste, PS), également ancien maire de Tulle (Corrèze), a annoncé samedi au quotidien régional La Montagne sa candidature dans la 1re circonscription de Corrèze. Une information confirmée à l’Agence France-Presse par son entourage. Jeudi soir, l’ancien chef de l’Etat s’était dit « favorable » à l’union à gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire pour faire barrage à l’extrême droite.
François Hollande, la dernière brique de l’union de la gauche
Si, il y a moins d’une semaine, on avait dit aux dirigeants de la gauche qu’ils seraient soulagés d’avoir le soutien de François Hollande, ils ne l’auraient pas cru. Pourtant, c’est bien l’ancien président de la République qui a permis à La France insoumise (LFI), au Parti socialiste (PS), au Parti communiste français (PCF) et à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) d’apporter la dernière brique à l’union de la gauche, après quatre jours d’intenses négociations. Ces quatre formations ont, en effet, conclu un accord pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet.
Le Nouveau Front populaire, c’est son nom, présentera des candidatures uniques avec l’objectif de déjouer les pronostics qui présentent le Rassemblement national (RN) comme le grand favori. « Je ne connais pas le détail [de l’accord], mais pour moi, ce qui est essentiel, c’est que l’union ait pu se faire. J’ai des divergences qu’on connaît, mais il y a un moment où on va au-delà des divergences, on va à l’essentiel », a insisté l’ancien chef d’Etat socialiste, jeudi 13 juin, sur TF1. Et d’appeler au désistement en faveur de « tout candidat qui n’est pas d’extrême droite ».
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Avec Lemonde.fr
A gauche, l’union à l’épreuve de Jean-Luc Mélenchon
Éditorial
Le Monde
La manœuvre d’éviction des investitures pour les élections législatives des principaux opposants au chef de LFI est le pire des signaux à envoyer pour les débuts du Nouveau Front populaire.
Publié aujourd’hui à 11h00, modifié à 13h51
Profondément déchirée pendant la campagne des élections européennes, la gauche a refait en quelques jours son unité pour tenter de faire barrage à l’extrême droite. Ce sursaut est à la hauteur du danger : jamais, sous la Ve République, le parti de Marine Le Pen n’a été aussi près de conquérir le pouvoir. Largement vainqueur du scrutin du 9 juin, le Rassemblement national (RN) est en mesure d’obtenir une majorité relative, voire absolue, dans l’Assemblée nationale qui sortira des urnes le 7 juillet, au risque de plonger le pays dans le chaos.
Même si son président, Jordan Bardella, tente d’en gommer les aspérités, toute la philosophie du projet repose sur la préférence nationale, le rejet de l’étranger, la remise en cause de l’altérité. Impopulaire, rétrécie, incapable de s’élargir, la majorité présidentielle ne paraît plus en situation de contrer son ascension.
L’accord conclu, jeudi 13 juin, sous la bannière du Nouveau Front populaire, inclut La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF). Il vise à maximiser les chances de ce camp d’obtenir des sièges au Palais-Bourbon en actant une candidature unique dès le premier tour. L’ancien président de la République François Hollande et le député européen Raphaël Glucksmann, qui conduisait la liste PS-Place publique pendant la campagne des européennes avec l’intention d’émanciper la gauche de l’imprimatur de Jean-Luc Mélenchon l’ont validé aussi, faisant fi des légitimes réserves qu’ils pouvaient avoir. Ces doutes ont été ravivés dès vendredi soir par la manœuvre d’éviction des investitures des principaux opposants au chef de LFI.
Le projet qui accompagne cet accord se veut radical. Il acte une « rupture totale » avec la politique d’Emmanuel Macron, promet l’abrogation de trois réformes combattues par la gauche : retraites, assurance-chômage, loi sur l’immigration. Cela rend inopérant tout scénario d’alliance avec l’actuelle majorité, au cas où la Chambre se retrouverait en situation de majorité introuvable.
Une emprise contestée
En actant le décès du macronisme, la gauche unie engage une confrontation directe avec le RN sur le double terrain des valeurs et du social. Les mesures de son programme reflètent une nette prise de distance avec le pacte de stabilité européen. Le projet tente aussi de lisser les divergences existentielles qui opposaient il y a encore quelques semaines LFI et la coalition PS-Place publique à propos de la guerre en Ukraine, du conflit israélo-palestinien et de l’avenir de la construction européenne.
En renouant avec l’unité, la gauche reste fidèle à son histoire. La référence explicite au Front populaire comme à la rupture de 1981 vise à une mobilisation maximum, relayée par les syndicats et les associations. Le contexte dans lequel le combat s’engage interdit cependant tout lyrisme. La figure de Jean-Luc Mélenchon continue d’inquiéter, non seulement l’électorat modéré mais aussi ses alliés.
Fortement contestée ces derniers mois, son emprise sur LFI et, par ricochet, sur le reste de la coalition reste pesante. Ses proches viennent ainsi de profiter des investitures pour conforter le clan qui tient le parti, et punir Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et d’autres opposants qui contestaient sa ligne et ses excès, créant d’emblée des dissidences. Cette manœuvre, condamnée par ses partenaires, signe une nouvelle fois la pratique autoritaire et sectaire qui prévaut au sein de l’appareil LFI. Ce règlement de comptes était le pire des signaux à envoyer à l’aube de cette nouvelle union.
Le Monde
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