« Il faut une alliance avec le RN », annonce Eric Ciotti
Coup de tonnerre à droite. Au journal de TF1, le président des Républicains (LR), Eric Ciotti, annonce que son parti doit conclure « une alliance avec le RN, ses candidats, avec tous ceux qui se retrouvent dans les idées de droite, dans des valeurs de droite ».
« Je souhaite que ma famille politique aille dans ce sens, a-t-il annoncé. Une force doit se lever pour s’opposer à l’impuissance du macronisme et au danger des “insoumis” ». Il affirme avoir parlé à Marine Le Pen et à Jordan Bardella ; « c’est normal », a-t-il fait savoir.
« C’est un accord qui concernera tout le territoire national », a-t-il expliqué, précisant que tous les députés LR qui « le souhaitent » n’auront pas de « concurrents RN » face à eux.
Pour expliquer sa décision prise sur une « ligne personnelle », Eric Ciotti explique que LR est aujourd’hui « trop faible » pour s’opposer « à l’alliance contre nature » conclue à gauche et « au bloc macroniste ». « Nous avons besoin d’une alliance » avec le Rassemblement national pour construire « un bloc des droites, un bloc national », a-t-il ajouté, malgré tous les appels à droite à ne pas conclure un tel accord.
Pour M. Ciotti, « beaucoup me suivent » chez LR, évoquant « le président des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon, des dizaines de parlementaires, notamment ceux qui ont été élus dimanche ». « Je crois que le pays n’a jamais été autant à droite. Il attend la droite, il attend des actes de droite. On ne peut plus être dans l’impuissance, dans la communication, dans une forme d’immobilisme qui nous a conduits là où nous sommes maintenant », a-t-il également poursuivi.
Les sénateurs LR refusent à l’unanimité tout accord avec le RN
La pression monte sur Eric Ciotti. Alors qu’il doit s’exprimer au « 13 heures » de TF1 pour donner sa position sur une éventuellement alliance avec le RN, les sénateurs LR ont publié un communiqué pour afficher leur opposition à tout accord avec le parti d’extrême droite.
« Les sénateurs Les Républicains ont réaffirmé à l’unanimité ce qui doit être la ligne claire et responsable de la droite française : rester elle-même en gardant [son] indépendance et [son] autonomie, vis-à-vis du camp macroniste comme du camp lepéniste », est-il écrit dans ce texte, diffusé par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.
Pour le sénateur vendéen, le projet porté par le RN « n’est pas de nature à redresser la France, loin s’en faut. La démagogie n’a jamais permis de conduire un pays ».
Eric Ciotti ne compte pas démissionner et « récuse » la notion de « cordon sanitaire » contre le RN
« J’ai pris mes responsabilités, nous avons pris nos responsabilités », a justifié devant le siège des Républicains Eric Ciotti, après avoir annoncé sur TF1 son souhait d’une alliance avec le Rassemblement national (RN) aux législatives. Il s’est dit « convaincu » d’avoir « l’immense soutien des militants ». « J’ai la confiance de militants, de beaucoup de parlementaires, de candidats », a-t-il insisté.
« J’ai porté une voix de clarté qui refuse la synthèse, le compromis », a-t-il ajouté, évoquant un « pays menacé par l’alliance honteuse de la Nupes, des “insoumis” avec le Parti socialiste », ainsi que par « l’impuissance d’Emmanuel Macron ».
« Il fallait construire des alliances. Je ne me déjuge pas, je suis de droite, je reste républicain », a-t-il poursuivi.
« Je ne stigmatiserai pas [les électeurs] qui ont porté leur voix sur ces mouvements que vous stigmatisez », a-t-il lancé aux journalistes, ajoutant que « les Français sont exaspérés par ces leçons de morale permanente ». « Je récuse ce mot de “cordon sanitaire” [contre l’extrême droite] totalement décalé » avec les attentes des Français, a-t-il ajouté.
Alors que plusieurs figures de son parti ont appelé à sa démission, M. Ciotti leur a répondu : « Je suis président des Républicains et je reste président des Républicains : je tiens mon mandat des militants et seuls les militants pourront me l’enlever. »
Marine Le Pen salue « le choix courageux » d’Eric Ciotti et son « sens des responsabilités »
Alors que le président des Républicains, Eric Ciotti, a affirmé avoir échangé avec Marine Le Pen et Jordan Bardella avant de faire son annonce, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée a salué auprès de l’Agence France-Presse un « choix courageux ».
De son côté, le président du RN, Jordan Bardella, a estimé qu’Eric Ciotti « choisit l’intérêt des Français avant celui de nos partis ». « Unissons nos forces pour lutter contre le chaos migratoire, rétablir l’autorité et l’ordre, et soutenir le pouvoir d’achat des Français », a-t-il déclaré.
Avec LeMonde.fr
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