Une nouvelle ère en Afrique  du sud avec la fin de la majorité absolue de l’ANC

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30 ans après la première élection post-apartheid, les Sud-Africains ont décidé de se libérer des libérateurs.

L’ANC a chuté, et pas qu’un peu. D’une confortable majorité absolue lors des dernières élections générales de 2019, elle dégringole sèchement, peinant à atteindre les 40%.

Si l’amplitude de la chute peut surprendre certains, elle était tout à fait prévisible pour les exégètes de la politique sud-africaine.

Les facteurs derrière cette dégringolade sont multiples. Il y a bien évidemment le bilan général de l’ANC qui est mauvais après trois décennies de gestion. Et ce ne sont pas seulement les incessantes coupures d’électricité, le management de la “pandémie Covid” et la chute du Rand qui sont à l’origine du ras-le-bol des populations.

Il est indiscutable que 34 ans après la fin de l’apartheid, l’African National Congress a failli à faire sortir un nombre conséquent de noirs de la pauvreté. Avec le BEE (black economic empowerment), ils ont juste réussi à créer une petite caste de bourgeois noirs, mais la masse est toujours en train de végéter dans les townships. Sur le plan international, l’ANC a su plutôt bien gérer (BRICS, Palestine). Mais sur le plan intérieur, c’est une faillite.

Une autre raison majeure pour laquelle il était évident qu’ils allaient se prendre un gros vent dans la figure, c’est Jacob Zuma. Poussé à la démission par le parti en 2018, trainé en justice dans l’affaire du State Capture qui a établi son niveau de compromission avec la famille indienne Gupta, condamné à de la prison ferme, il a fait une percée notable, en ramassant 15% des voix, à peine 5 mois après la création de son parti. Ainsi donc, malgré l’aura de corruption qui l’entoure, Jacob Zuma est le grand vainqueur de l’élection.

Ceci établit trois choses: 1. La vengeance est un plat qui se mange froid. 2. La corruption ne gêne pas les Africains. Quelqu’un qui va lancer sa campagne en disant qu’il va lutter contre la corruption ne va pas aller très loin en Afrique. Beaucoup d’Africains n’ont rien contre la corruption. Ils veulent juste en bénéficier. 3. Les esprits des massacrés de Marikana en 2012 ont finalement fait payer à Cyril Ramaphosa ce qui est une faute impardonnable et une tâche indélébile.

L’ANC va devoir entamer des négociations avec des partis politiques afin de construire une coalition stable pour pouvoir gouverner sereinement. Une première pour la formation politique qui a obtenu la libération du pays en 1990. Une alliance avec le parti nostalgique de l’apartheid qu’est la Democratic Alliance (DA), qui termine avec un score stable de 21%, ne passera pas auprès de sa base, et achèvera de disloquer le parti historique.

Une alliance avec le MK de Zuma et l’EFF de Julius Malema, l’autre perdant de ces élections, dont le discours d’ouverture des frontières et anti-xénophobie n’a pas résonné avec les populations, ne pourra avoir comme préalable que le départ de Ramaphosa de la tête du pays.

L’Afrique du Sud est à un tournant-clé de son histoire. Sortons les popcorns et observons!

Nathalie Yamb

#LaDameDeSochi

#LaChevalièreDeNiamey

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