«Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants. Monsieur le Président BÉDIÉ, vous vivrez toujours dans nos cœurs (Tidjane Thiam)

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Tidjane Thiam (PDCI) depuis le Palais d’Abidjan: «Le Président BEDIE était doté d’une intelligence exceptionnelle, c’est connu de tous… merci, merci, merci Président.»

Les obsèques du président Aimé Henri Konan Bédié débutées le dimanche 19 mai dernier se poursuivent. Ce vendredi 24 mai 2024, l’ex-président de la République de Côte d’Ivoire a reçu l’Hommage de la Nation et honneurs militaires au Palais de la Présidence de la République au Plateau. A cette occasion, le président Cheick Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a eu droit à la parole pour rendre un hommage mérité à son prédécesseur à la tête du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, en présence du Président de la République Alassane Ouattara. Discours intégral.
Tidjane Thiam obseques Bedie au Palais presidentiel dAbidjan
Tidjane Thiam (PDCI) depuis le Palais d’Abidjan: «Le Président BEDIE était doté d’une intelligence exceptionnelle, c’est connu de tous… merci, merci, merci Président.»

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Excellence Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire,

Madame la Première Dame ;

Excellence Nana Akufo-Addo, Président de la République du Ghana,

Madame Victoire Tomegah Dogbé, Première Ministre de la République du Togo, représentant Son Excellence Faure Gnassingbé

Excellence Monsieur Laurent Gbagbo,

Monsieur le Vice-Président de la République,

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et Messieurs les Présidents des institutions de la République,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de missions diplomatiques

Mesdames et Messieurs le Présidents, Secrétaires Exécutifs et Secrétaires généraux des Partis et mouvements politiques,

Mesdames et Messieurs les membres des différents corps constitués ;

Mesdames et Messieurs les membres des Instances et Structures du PDCI-RDA ;

Distingués Chefs traditionnels

Vénérés guides religieux

Chers membres des familles BEDIE, KOIZAN et familles alliées

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs,

La cérémonie d’hommage républicain de ce jour, que vous avez bien voulu organiser pour honorer la mémoire de votre ainé HENRI KONAN BÉDIÉ, me donne l’occasion de rendre hommage à l’homme d’État qu’il a été.

Je voudrais vous remercier de cette initiative qui me donne l’opportunité d’exprimer à la fois la gratitude de sa famille biologique ici réunie et celle du PDCI-RDA aux destinées duquel il a présidé pendant trois décennies.

Nous sommes en effet ici pour rendre un hommage public au Président BEDIE, deuxième Président de la République de Côte d’Ivoire, suite à sa soudaine disparition le 1er aout 2023.

C’est à cet important mais douloureux exercice que je dois me livrer ce matin devant vous.

Nous devons lui rendre cet hommage en un lieu hautement symbolique, l’esplanade de la Présidence de la République, lieu que le Président BEDIE a visité de si nombreuses fois, comme ministre de l’Economie et des Finances, comme Président de l’Assemblée Nationale puis comme Président de la République.

Des voix plus autorisées que la mienne diront ce matin et dans les jours qui viennent, tout ce que le Président Henri Konan BEDIE a apporté à notre pays.

Décrire une carrière aussi riche et aussi variée est une véritable gageure. Je m’en tiendrai donc pour ma part à rendre hommage à l’homme qu’il a été. Je vais essayer de brosser un portrait dans lequel ceux qui l’ont connu le re-connaitront et ceux qui n’ont pas eu cette chance le découvriront dans toute son humanité.

Je peux dire sans risque d’être démenti que tous ceux qui ont eu la chance d’approcher le Président ne pouvaient être que frappés par son affabilité, sa gentillesse, sa politesse. Alors qu’on aurait pu attendre d’un homme qui dès le plus jeune âge fréquenta les grands de ce monde, du Président John Fitzgerald Kennedy au Général de Gaulle, une certaine hauteur, il était au contraire d’un abord aisé.

Il avait toujours une attention pour vous, un petit mot gentil qui vous montrait qu’il s’intéressait à vous et aux aspects les plus banals de votre vie.

Henri Konan BEDIE et Henriette Konan BEDIE se complétaient d’ailleurs parfaitement sur ce plan.

Humain, attentionné, gentil, c’était cela l’homme qui se cachait sous une apparence peut-être un peu austère, au premier abord. Non le Président n’était pas austère, je crois simplement que c’était quelqu’un de discret, d’intensément privé. La famille était une chose extrêmement importante pour lui. Il adorait son épouse, ses enfants, ses petits-enfants qui sont tous ici ce matin et que je salue avec déférence et affection.

Le Président BEDIE était un père et un grand-père modèles et je crois que rien ne le rendait plus heureux que de se retrouver au milieu des siens à Daoukro.

Je crois que cet ancrage affectif familial est l’un des facteurs qui expliquent qu’il ait eu une carrière aussi longue et qu’il ait remporté tant de succès.

Pour le jeune collaborateur que j’étais, avoir un patron qui attachait autant d’importance à la famille était à la fois inspirant et motivant.

Cela m’a fortement encouragé à donner la priorité à mes enfants et à ma famille pendant toute ma carrière et je suis infiniment reconnaissant au Président Bédié de l’exemple qu’il m’a ainsi fourni, ainsi qu’à beaucoup d’autres.

Mais il me faut aussi dire quelques mots, au-delà de ces aspects de sa personnalité, dire quelques mots donc de Bédié en tant que leader et en tant qu’homme d’état.

Je voudrais ici porter témoignage en ma qualité d’ancien collaborateur, d’abord en tant que Directeur Général des Grands Travaux, transformé ensuite en BNETD, puis en tant que Conseiller Spécial à la Présidence de la République, puis enfin en tant que ministre de la Planification et du Développement.

Le Président BEDIE était doté d’une intelligence exceptionnelle, c’est connu de tous.

Il savait allier de manière totalement unique, ensuite ces facultés intellectuelles peu communes, à une expérience elle aussi peu commune.

Il avait eu accès à de hautes responsabilités si jeune, que quand je travaillais sous ses ordres dans les années 90, il avait une connaissance quasi parfaite, absolument encyclopédique de l’histoire économique de la Cote d’Ivoire depuis notre indépendance.

Quel que soit le dossier dont vous parliez avec lui, du cacao au café ou à l’huile de palme en passant par la commercialisation des produits agricoles, les routes, les barrages, l’hydraulique rurale, l’exploration pétrolière et gazière offshore, la construction d’écoles ou de centre de santé. Il savait absolument tout sur la question : ce qui avait été tenté, ce qui avait marché, ce qui avait échoué et le cas échéant pourquoi.

Promoteur des programmes économiques, Chaine avion, Chaine PAC, Agripac, ancêtres des actuels supermarchés, qui ont permis aux Ivoiriens de s’impliquer plus grandement dans le commerce ; créateur de nombreuses sociétés d’état pour la production industrielle et la transformation locale de nos produits agricoles ; initiateur du programme des fonds sociaux pour que les jeunes Ivoiriens soient aidés et financés dans la réalisation de leurs projets ; initiateur du programme ambitieux de développement d’infrastructures de la Côte d’Ivoire moderne, communément connu sous le nom des 12 travaux de l’Eléphants d’Afrique dont les grands projets structurants sont encore d’actualité ;

Henri Konan BEDIE avait une vision du futur affinée et il nous étonnait déjà, à l’époque, par son sens de la prospective en vue de préparer le futur d’une Côte d’Ivoire qu’il aimait profondément.

Il voulait projeter la Côte d’Ivoire vers l’avenir à partir de données objectives de terrain.

Il y avait une constante dans toute son action : assurer le progrès de la Côte d’ivoire et le bien-être des Ivoiriens dans un environnement apaisé et prospère dans le droit fil de l’action et de la pensée de son prédécesseur Félix Houphouët-Boigny, de vénérée mémoire.

Notre pays a eu une chance inouïe d’avoir un tel homme dans des fonctions aussi importantes et pendant une si longue durée.

Il n’y a aucun aspect de nos vies d’ivoiriens où il n’ait eu un impact, où il n’ait imprimé sa marque.

Nous devons tous tout simplement lui dire merci, merci, merci Président.

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs, la douleur de la disparition du Président Henri Konan BEDIE, nous plonge dans une immense tristesse au moment où j’ai l’honneur de présiderle Parti qu’il nous laisse en héritage après le Président Félix Houphouët-Boigny.

Tous au PDCI-RDA et au-delà, nous devons nous efforcer de poursuivre leur œuvre et persévérer dans la quête de la paix pour une Côte d’Ivoire toujours plus unie, apaisée et fraternelle.

J’aimerais ici, avec votre permission, évoquer une anecdote historique :

en effet, il m’est rapporté qu’au cours de votre séjour contraint à l’hôtel du Golf, vous aviez manifesté tant d’affection au couple Bédié que vous aviez le souci de les voir plus confortablement installés au point d’avoir souhaité qu’ils déménagent dans une villa proche de l’hôtel avec un meilleur confort, chose qu’il refusa de faire.

Ce geste affectueux dont témoignent aujourd’hui ceux qui étaient au Golf avec vous, est une preuve tangible, parmi tant d’autres de votre attachement à votre ainé.

Je ne voudrais donc pas manquer l’occasion que m’offre votre présence ici ce matin de vous dire encore une fois merci.

Je voudrais également remercier ici, les Chefs d’États et les personnalités étrangères qui nous honorent de leur présence et de leur amitié.

Je voudrais remercier l’ensemble des Ivoiriens, de toute appartenance politique, classe sociale, confession religieuse, pour leur mobilisation remarquable et les différentes marques d’affection et de reconnaissance manifestées aussi bien à l’endroit de la famille biologique que de la famille politique de notre regretté Président.

Je remercie également nos vaillantes troupes qui rendent ce matin au Président Bédié un hommage si mérité.

La famille du Président Henri Konan BEDIE se joint à moi pour réitérer nos sincères remerciements pour l’amitié et le soutien ainsi témoignés.

Permettez qu’à ce stade de mon propos, je me tourne de nouveau vers vous Monsieur le Président de la République, pour vous remercier très sincèrement pour votre implication personnelle et celle du gouvernement, dans l’organisation des funérailles de feu le Président BEDIE.

Excellence Monsieur le Président de la République, nous imaginons la peine et la douleur que vous causent cette séparation d’avec celui à qui vous avez toujours rendu les honneurs liés à sa stature et son rang.

Vous l’appeliez si affectueusement « cher aîné » ou « grand frère ».

Ainsi vous avez souhaité qu’une des premièresréalisations majeures de votre premier mandatporte son nom. Oui, chaque ivoirien est fier de notre pont Henri Konan BEDIE

Merci Monsieur le Président. Merci au gouvernement de Côte d’Ivoire.

Je voudrais exprimer, l’infinie gratitude et la reconnaissance éternelle du PDCI à la famille de notre cher Président : merci d’avoir accepté de le mettre à notre disposition, de l’avoir partagé avec nous au détriment d’instants familiaux précieux ; merci à Madame Henriette Konan BEDIE!

En ces instants solennels, je pense à Jean Cocteau qui a écrit :

« Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants »

Mr le Président, vous vivrez toujours dans nos cœurs.

Reposez en paix cher Président !

Merci pour TOUT !

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1 réflexion au sujet de « «Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants. Monsieur le Président BÉDIÉ, vous vivrez toujours dans nos cœurs (Tidjane Thiam) »

  1. Paroles vraiment à connotation proverbiale très très très puissante de la part de Thiam. Bien dit !

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