La Reine Nanan Akwa Boni II n’est plus. La mère qui disputait le trône avec son fils Nanan Ôtimi Kassi Anvo Michel a tiré sa révérence après des soins en Turquie. La nouvelle a été répandue sur les réseaux sociaux le lundi 13 mai 2024 après une sortie de la cour royale de Sakassou. Et alors qu’elle n’est pas enterrée, alors que l’Atchoin (période de transition dans le processus de succession) n’est pas observé, alors que la nouvelle n’est pas annoncée à tout le royaume selon ses us et coutumes, que dans la précipitation (selon des sachants), un successeur lui est trouvé.
Avec le décès de la régente, l’on croyait le litige entre la mère et son fils enterré pour que le royaume baoulé rentre dans une ère d’apaisement et de cohésion. Que non ! Les manigances politiques ont eu raison du retour à la sérénité après plusieurs années de brouilles et de division. Des cadres baoulé qui tirent les ficèles et qui militent au Rhdp ont poussé pour trouver un nouveau roi aux Baoulé en la personne de Nanan Kouadio Maxime, un nom jusque-là inconnu dans cette saga royale. La goutte de trop pour Nanan Ôtimi Anvo longtemps ostracisé et vivant presqu’un exil de l’intérieur. Il était considéré par ses détracteurs baoulé comme le roi des militants Pdci et Nanan Akwa Boni, la souveraine des Rhdp baoulé.
Par la voix de son porte-parole principal, Kouadio Dan 2, chef de la tribu Lomo, Nanan Ôtimi a décidé de donner de la voix ce mardi 14 mai dans une coutume qui consacre au moins deux principes : le roi ne parle pas en public et on ne traite pas les affaires du royaume sur l’espace public comme les journaux et les réseaux sociaux. Mais pour Nanan Kouadio Dan 2 qui rencontrait la presse nationale, une fois n’est pas coutume, cette occasion-ci en donne l’opportunité. Il tenait à apporter des éclairages et lancer un message à l’unité du peuple baoulé.
A la résidence Marie Thérèse Houphouët-Boigny où il était accompagné de plusieurs soutiens de Nanan Ôtimi, le porte-parole n’a pas usé de la langue de bois pour apporter la réplique au camp qui a déjà désigné un roi en violation de la constitution coutumière baoulé. « Nous sommes trop calmes mais cette fois nous avons été autorisés à lever un coin du voile sur la situation actuelle. Le baoulé a un roi depuis le 28 mars 2019. (…) Le choix d’un roi est un processus. Il se fait au moment même où celui qu’il va remplacer règne. Il doit être capable de répondre aux attentes de son peuple. Ceci induit qu’il doit être formé », a contre-attaqué Nanan Kouadio. Puis le conférencier de poursuivre sur ce ton conciliateur : « Je lance un appel à tous les baoulé de revenir à la maison. Nous ne devons pas nous offrir en spectacle… Ce qui se passe dérange toute la Côte d’Ivoire. S’il y a des problèmes à la maison, allons-y les régler à la maison ».
Ce nouvel épisode de succession survient au moment où la Côte d’Ivoire entière et le peuple baoulé en particulier, s’apprêtent à vivre à partir du 20 mai prochain, les moments des obsèques de l’ancien chef d’état Henri Konan Bédié à Daoukro. L’un des enjeux est là. Qui sera présenté comme le roi des baoulé lors de ces funérailles qui mobiliseront du monde ? Pour Nanan Kouadio Dan 2, il n’ y a pas de doute, c’est bien Nanan Ôtimi qui est déjà allé saluer la famille du défunt à Daoukro et promis aux alliés, les Agni, protection et soins à leur fille Bomo Henriette, l’épouse du président Bédié.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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