Le projet »Adoukro ville nouvelle » porté par l’opérateur économique Edouard Oda, Pdg de la Sgir ne verra pas le jour maintenant. Du moins tant que les positions actuelles des propriétaires terriens de Sassako n’auront pas changé. Adoukro, du nom du campement qui a donné son nom au projet immobilier pharaonique pour lequel M. Oda a mobilisé financiers, homme d’affaires, institutions étatiques et autres partenaires, est à l’origine une terre de Sassako où les villageois tenaient des plantations de cocotiers. Erigé en village depuis 2007, M. Oda a poussé dans le cadre de son projet pour y réaliser un lotissement de plus de 2400 ha qui a annexé des plantations. Le lotissement est contesté depuis lors à coups de rebondissements devant les juridictions du pays. La dernière décision en date est celle du Conseil d’Etat qui a suspendu toute opération sur le terrain querellé.
C’est dans cet imbroglio judiciaire que le promoteur de la Sgir, Edouard Oda a organisé en mars 2024, un séminaire sur la réalisation de ce projet. Il embarque pour cela le ministre-gouverneur du District des Lagunes lequel devient un farouche défenseur du projet. Avec son accord, une date de pose de la première pierre est arrêtée le 28 mars 2024. La cérémonie échoue sous la menace des villages hostiles mais Oda et ses soutiens ne démordent pas.
Convaincu par l’opérateur économique, depuis un temps, le ministre gouverneur Vincent Lohouès Essoh a entrepris des tournées dans des villages du département de Jacqueville à l’effet de convaincre et de sensibiliser sur la nécessité vitale d’Adoukro ville nouvelle. Les premiers villages des 3A qu’il parcourt sont ceux de la côte lagunaire, en pays Ahizi. Ils y sont réceptifs et jurent par ce projet immobilier qui aux dires du ministre gouverneur va résoudre les questions d’emploi des jeunes de toute la région.
Le samedi 27 avril 2024, le ministre gouverneur était attendu sur les bords de mer, en pays Alladian, chez ceux-là même qui n’entendent pas se faire spolier leurs terres et qu’il a nargués, selon le confrère Abidjan4all.net. Vincent Essoh aurait déclaré dans les villages Ahizi que ce projet Adoukro irait à son terme, minimisant par là, les droits des propriétaires terriens et la décision de justice. Le village de Sassako-Bégnini attendait donc le ministre gouverneur pour qu’il viennent face à eux, confirmer ses propos. L’atmosphère était vive dans le village à l’annonce de cette visite qui a été reportée sine die sous la pression des jeunes. Déterminés à défendre leur patrimoine foncier, ils ont mis le ministre gouverneur au défi de faire réaliser la ville nouvelle. Ils tiennent cette position d’autant plus que le maire de Jacqueville qui milite pour les intérêts de Sassako a eu une séance d’explication sur ce dossier avec M. Lohouès Vincent. Alors qu’ils attendent une réponse du ministre gouverneur, grande fut la surprise du maire de voir une campagne pour la réalisation du projet de M. Oda sous la poussée du ministre gouverneur.
Ce même samedi, le député de Jacqueville, Attoutou, Léon Lobo a tenu une réunion de concertation sur la place publique du village avec la chefferie, les jeunes et les femmes. Lui-même originaire de Sassako, il a fustigé ce comportement de l’autorité administrative à la limite de la provocation. Il a invité ses interlocuteurs à la sérénité et appelé le ministre gouverneur à revoir sa copie. Il y va de la paix sociale et de la cohésion dans le département, a-t-il clamé.
Dans le camp du ministre gouverneur on estime que la non tenue de la rencontre n’est pas un recul encore moins une victoire pour Sassako. Ce jour-là, les populations de la localité s’étaient rassemblées à Songon Dagbé pour un meeting de soutien au chef de l’Etat. Le ministre gouverneur y a pris une part active et n’a pu se rendre à Sassako et dans les villages environnants. Ce n’est que partie remise. Les prochains jours nous situeront.
SD de retour de Sassako
Syldebailly24@gmail.com
Encore et toujours les implications de problèmes fonciers dans notre pays. Je croyais que la réforme entreprise avait clairement distribué les cartes.