Colloque / L’Uao de Bouaké immortalise le germaniste Adja Kouassi – Le modèle allemand en question (Interview Dr Toppé)

“L’Allemagne a démontré qu’on peut avoir des solutions endogènes et réussir parfaitement son développement” (Dr Toppé) Le département d’études germaniques (Allemand) de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké organise les 26 et 27 avril 2024 un colloque international en hommage au professeur Adja Kouassi. Seul inspirateur et spécialiste de la germanistique, Pr. Adja Kouassi est appelé à faire valoir ses droits à la retraite après des années de durs et loyaux services. Dans cette interview réalisée par la cellule de communication dudit colloque, Dr Toppé Eckra Lath, maître de conférence et Pco de l’événement scientifique de haut niveau explique les contours de ce colloque qui se veut une foire à l’apport de la germanistique, mieux du modèle allemand de l’édification de notre société. L’événement est un colloque. C’est à dire, selon la définition de Dr Toppé, une réunion de spécialistes aux fins de discuter, de débattre et de confronter leurs points de vue, leurs opinions sur un thème, un domaine ou sur une personnalité. C’est une rencontre de haut niveau avec des chercheurs et spécialistes d’un domaine qui peut être économique, scientifique politique. A cet effet, les participants viendront de divers horizons et confronteront pendant deux jours leurs opinions et résultats de recherche sur le grand spécialiste qu’est Pr. Adja Kouassi

Vous organisez un colloque en hommage à Professeur ADJA Kouassi, pourquoi lui ?

Professeur ADJA Kouassi est l’un des pionniers de la germanistique en Côte d’Ivoire et à ce jour, le seul Professeur Titulaire en germanistique de l’Université Alassane Ouattara. En tant que tel, il a participé à la formation de plusieurs Enseignants-Chercheurs de cette université en germanistique. Il est l’un des piliers du Département d’Etudes Germaniques de cette université. Aujourd’hui à la retraite, il est important de lui rendre hommage pour son œuvre et cela passe, à notre sens, par ce colloque.

Quel est donc le contexte et les objectifs de cette rencontre ?

Il s’agit d’un colloque en hommage à Professeur ADJA Kouassi sur le sujet suivant : « La leçon allemande : contribution à une Afrique émergente (?) ». A cette occasion, nous voudrions interroger sur ce que nous pouvons tirer, en tant qu’Africains en général et Ivoiriens en particulier, de l’histoire et du présent d’un pays comme l’Allemagne pour aboutir à des sociétés émergentes.

Pourquoi avoir choisi « La leçon allemande : contribution à une Afrique émergente (?) » comme thème. Et pourquoi le point d’interrogation entre parenthèses ?

L’Allemagne a été choisie pour plusieurs raisons dont je vais citer quelques exemples, en me référant à son histoire qui continue d’avoir des répercussions positives sur son présent. Après avoir connu «la Guerre de Trente Ans » (1618-1648), l’un des plus grands cataclysmes politiques de l’histoire des peuples germaniques et perdu, dans les « temps modernes », les deux guerres mondiales dont la 2e fut particulièrement dévastatrice avec pour conséquences la création de deux États (la RFA et la RDA), l’Allemagne a su rétablir son unité. Les frères ennemis se sont retrouvés sans guerre. La leçon que le monde pourrait en tirer, c’est qu’aujourd’hui, ce pays est devenu une référence sur le plan politique, démocratique, environnemental, économique et la locomotive de l’Union Européenne. C’est une sacrée performance et ces quelques exemples, nous font penser au phénix dans la mythologie grecque, à savoir que l’Allemagne renait toujours de ses cendres. Avec le point d’interrogation entre parenthèses, nous voudrions nous interroger de savoir si l’Allemagne peut être ou non, un modèle pour l’Afrique.

De toutes les leçons susceptibles d’être inspirées de l’Allemagne, laquelle vous parait la plus importante ?

Pour nous, la leçon la plus importante, c’est la résilience. Car malgré tous ces évènements que nous avons énumérés, l’Allemagne à pu revenir au niveau que nous connaissons sans se laisser submerger par le fatalisme.

Ne pensez-vous pas qu’il y a des domaines dans lesquels l’Allemagne peut servir de modèle à l’Afrique ?

Bien entendu…. Dans le domaine de l’économie, de la technologie, de la médecine, de la démocratie, du don de soi…. Nous pensons qu’il faudrait aller à l’«école allemande» et à celle d’autres pays du même modèle.

En termes de démocratie, existe-t-il des exemples palpables d’échanges fructueux entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire ?

Bien sûr… Il y a des échanges fructueux entre ces deux pays portés pas des fondations telles que la Friedrich-Naumann-Stiftung, la Friedrich-Ebert-Stiftung et la Konrad-Adenauer-Stiftung. Toutes ces structures participent à divers niveaux à faire bénéficier de l’expérience allemande en termes de démocratie à l’Afrique, en général et à la Côte d’Ivoire, en particulier, surtout pendant et après la crise poste électorale.

Qui est attendu à ce colloque ?

Les Enseignants-Chercheurs et Chercheurs des pays africains et du monde entier et en particulier ceux du Sénégal, du Gabon, qui se sont signalés, mais aussi de l’Allemagne et surtout, ceux de la Côte d’Ivoire, à savoir ceux venant de l’Université Félix Houphouët-Boigny, de notre université, c’est-à-dire l’Université Alassane Ouattara. Il faudrait noter également la manifestation d’intérêt d’institutions allemandes telles que la Société de germanistique interculturelle (GiG: Gesellschaft für interkulturelle Germanistik), une grande école allemande située à Reutlingen du nom de Volkshochschule Reutlingen), l’Université de Bayreuth, qui rehausseront l‘évènement soit par leurs présences soit par l’association de leur nom à l’évènement.

Qu’attendez-vous de ce colloque en tant qu’organisateur ?

Nous nous attendons à des travaux de qualité et surtout à des propositions de solutions en rapport avec la problématique du colloque qui est «l’exemple allemand peut-il servir de référence à certains pays africains en contribuant à l’amélioration de leur niveau de développement ?» et qui sont surtout inscrites dans les axes qui ont été dégagés. 

A quels résultats espérez-vous aboutir à la fin de ces échanges de haut niveau ?

Nous voudrions qu’à l’issue de ces deux jours de réflexion, des solutions soient trouvées ou au moins proposées aux maux qui empêchent l’Afrique d’être véritablement émergente.

Parlant de l’objet du colloque, Professeur ADJA Kouassi, en quoi est-ce que son travail a marqué la Germanistique en Afrique ?

Je vous disais plus haut qu’il était l’unique Professeur Titulaire en germanistique de l’Université de Bouaké. Cela démontre son importance dans l’enseignement supérieur non seulement en Côte d’Ivoire, mais également en Afrique. Etant civilisationniste, il a effectué des recherches sur la colonisation allemande au Togo. Ses contributions font autorité dans le monde de la germanistique.

Que pouvons-nous retenir de l’action académique et intellectuelle de Professeur ADJA Kouassi ?

Il faut noter que Professeur ADJA Kouassi a formé de nombreux universitaires dont la grande majorité est casée professionnellement. Il a été également le Directeur de Thèse de nombreux étudiants qui font sa fierté aujourd’hui. Par ailleurs, il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques aussi bien dans sa discipline que dans d’autres domaines et qui sont parues ici et ailleurs. Il est aussi l’auteur d’ouvrages de référence dans son domaine de recherche.

Avant son départ à la retraite le Professeur ADJA Kouassi nous a fait créer – moi-même et un autre collègue, une revue scientifique pour diffuser les fruits des réflexions académiques des Enseignants-Chercheurs et Chercheurs. Cette revue s’appelle NZASSA et est aujourd’hui une référence en matière de publications de recherches scientifiques.

Monsieur le PCO, dites-nous le rapport entre ce colloque et le parcours et les contributions de Professeur Adja Kouassi.

Déjà, tout comme l’Allemagne est un modèle, Professeur ADJA Kouassi l’est aussi pour nous germanistes. Il a un parcours exemplaire qui inspire plus d’un. Il est civilisationniste, un germaniste historien qui a énormément travaillé sur l’Allemagne et il est de notoriété que ce pays est un exemple dans divers domaines qui peuvent nous servir dans la recherche de solutions durables à nos difficultés. Ses recherches sur l’histoire de ce pays ont démontré qu’on peut avoir des solutions endogènes et réussir parfaitement son développement. 

Ce colloque est placé sous le Haut Patronage de Monsieur Amédé Koffi KOUAKOU, Ministre de l’Equipement et de l’Entretien Routier, n’est-ce pas? Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix ?

Excellente question ! Vous savez, un hommage est un moment solennel dédié à une personnalité très importante qui a beaucoup œuvré dans son domaine. Nous avons donc pensé qu’il fallait une autre personnalité tout aussi exceptionnelle pour rehausser la cérémonie par sa présence et par son aura. Monsieur le Ministre Amédé Koffi KOUAKOU n’est plus à présenter pour son altruisme, ses compétences dans son département ministériel, mais surtout pour sa reconnaissance du travail bien fait. A titre d’exemple, il a récompensé de nombreuses personnes qui ont excellé dans leur domaine. Le fait de placer cette importante rencontre scientifique sous son haut patronage est aussi une marque de reconnaissance et surtout l’occasion de lui dire merci pour ses actions passées et à venir.

Avez-vous un mot pour les participants au colloque ?

Mon mot à leur endroit est qu’ils identifient clairement dans leurs communications, les maux qui minent l’Afrique et qu’ils en proposent surtout des solutions viables, durables réalistes et réalisables. 

Quelles sont les perspectives pour les jeunes chercheurs africains dans le contexte de la coopération germano-africaine ?

Je dirai que les perspectives sont bonnes d’autant plus que nombreux projets de recherche et de développement sont constamment initiés et certains sont en cours d’exécution. L’avenir des collaborations entre l’Allemagne et l’Afrique dans le domaine de la recherche et du développement est prometteur au vu des échanges actuels.

Comment comptez-vous vous y prendre pour que les décideurs aient les résultats de vos réflexions ? 

Nous avons décidé de publier les contributions à l’issue de ce colloque. Très souvent, il y a de très bonnes recherches, mais elles ne sont pas connues du grand public. C’est pour cette raison que la Laboratoire MELODYS, qui organise ce colloque et dont j’ai l’honneur d’être le Directeur, a créé une revue scientifique appelée Akkunda Scientific qui va publier les actes de ce colloque. Mais avant cela, il est prévu de faire la promotion de ce colloque et de ses résultats dans la presse écrite, audiovisuelle, en ligne et partout où cela sera possible.

Avec la cellule de communication du Colloque

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