«C’est pour se mettre à l’abri des pressions extérieures » (Dr Sylvain N’Guessan expert en géopolitique)«Le solde commercial des pays de l’AES ne leur permettra pas de créer une monnaie.» (Pr. Lambert N’galadjo Bamba, expert économiste)
«Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO : quelles conséquences géopolitiques, économiques et sécuritaires pour les Etats de l’AES et de la CEDEAO ?» C’est le thème central qui a meublé les débats à l’occasion de la cinquième édition du club prospective du Centre d’Etude Prospectives (CEP) organisée en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann le vendredi 12 avril 2024 à Abidjan, Plateau. Cette rencontre visait pour les organisateurs à mener des réflexions sur ce sujet qui devront servir aux décideurs pour faire face à la crise dans les Etas membres de la CEDEAO relativement à l’annonce du retrait le 28 janvier 2024 des pays de l’AES de l’organisation sous régionale qui souffle ses 49 bougies.
La rencontre a été marquée par une série d’allocutions, l’organisation d’un panel avec deux sous-thèmes qui ont été traités par deux éminents experts. Il s’agit du Docteur Sylvain N’Guessan, expert en géopolitique et le Professeur Lambert N’galadjo Bamba, expert économiste. Se prononçant sur le premier sous thème qui est «Les enjeux géopolitiques, économiques et sécuritaires du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO», Dr Sylvain N’Guessan a fait savoir qu’il est difficile pour l’instant d’évaluer l’enjeu géopolitique tant que les Etats de l’AES n’ont pas encore rendu publics les textes qui régissent leur organisation. Cette menace de retrait relèverait selon lui, d’une stratégie pour ces pays pour tout simplement se mettre à l’abri d’une quelconque influence extérieure des organisations sous régionales et internationales dans la gestion de leurs Etats.
« Ils se mettent à l’abri. Une transition sans complexe qui devient une cuisine interne. La CEDEAO ne peut plus intervenir. Les pays de l’AES ne seront plus sous la pression de l’Union africaine, de la CEDEAO, de l’Elysée. Que feront-ils pendant ce temps ? Ils en profitent. C’est ça le grand enjeu, c’est ce que gagnent les Etats de l’AES», a expliqué pour sa part Docteur Sylvain N’Guessan pour qui il est difficile d’imaginer un repli pour les pays de l’AES tant au niveau sécuritaire, économique et géopolitique.
Si ce retrait profite politiquement aux régimes militaires du Mali, le Niger et le Burkina Faso qui devront conduire leur transition en toute quiétude sans injonction extérieure a contrario la CEDEAO, elle est en perte d’influence sur ces pays, fait-il remarquer.
Au terme de son exposé l’expert en géopolitique a recommandé que la Côte d’Ivoire ne doit pas rester les bras croisés face à cette menace, elle doit prendre ses dispositions pour conserver son influence économique dans la sous-région. Par exemple il faut terminer la construction du port sec de Ferkessédougou ce qui permettra de gagner ce que le pays a perdu du point de vue économique. Il préconise aussi la réduction de la dépendance en ressources animales, de poursuivre la construction du rail de Bouaké jusqu’à la frontière du Mali.
Quant au Professeur Lambert N’galadjo Bamba, qui a été invité à intervenir sur le second sous thème « Les défis et perspectives économiques pour la Côte d’Ivoire sans le Mali le Burkina Faso et le Niger dans l’espace CEDEAO», il a révélé la fragilité économique des Etats de l’AES qui sont selon lui fortement dépendants des autres pays de l’UEMOA, puisqu’ils ont pour principaux clients la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Sénégal. Il a alors invité les pays de la CEDEAO à ne pas paniquer face à la décision du retrait des Etats de l’AES. Ils devront plutôt se prémunir contre cette menace en poursuivant ce qu’ils ont à faire. Il s’agira dira-il pour la Côte d’Ivoire d’achever son port sec de Ferké . Poursuivant, Le Professeur N’galadjo a affirmé ne pas croire à l’idée de création d’une monnaie par les pays de l’AES. Cependant, il revient aux pays de la CEDEAO de prendre ses dispositions face à cette menace.
« Je ne suis pas convaincu qu’ils vont créer leur monnaie, n’empêche que la Côte d’Ivoire prenne ses dispositions. Leur solde commercial ne peut pas leur permettre de créer une monnaie. La monnaie ce n’est pas un instrument avec lequel on s’amuse », a averti le Professeur Lambert N’galadjo.
Nous l’avions tantôt mentionné cela en tant qu’observateur concernant ces deux points.
Primo, le retrait c’était juste une manigance pour ces populistes putschistes de se donner les coudées franches pour continuer leurs sales besognes infiniment sans chercher à rétrocéder le pouvoir aux civils.
Secundo, l’incongruité même du retrait de la CEDEAO et maintien dans l’UEMOA. Ces économies de l’AES de misère ont survécu à cause du FCFA en général et la Côte d’Ivoire en particulier qui fait 40 pourcent de cette union et subventionne leurs balances commerciales largement négatives. Ce sont les réserves essentiellement approvisionnées par notre pays qui leur permet de survivre. Voilà pourquoi quand on a entendu le clown Koudou étaler son ignorance (sans surprise avec quelqu’un qui dit que le kilo de cacao est à 3000 FCFA au Ghana) dire que la monnaie AES est prête à être déroulée, on en rigole. Qu’ils essaient et ils comprendront. Si créer une monnaie était si facile pourquoi ce clown n’a-t-il pas créé la sienne quand il était au pouvoir pendant 10 ans ?
À quelque chose malheur sera bon car le retrait de ces misérables aux balances commerciales toujours déficitaires nous permettra en fait de renflouer davantage nos réserves à la banque centrale. En outre, pas plus tard qu’il y a 3 semaines ces putschistes malhonnêtes et affabulateurs étaient en train d’emprunter des milliards sur le marché de l’UEMOA pour financer leurs économies.
La création d’une monnaie ne se fait pas sur les émotions ou populisme. C’est aussi hautement technique et scientifique qu’envoyer une fusée dans l’espace ou construire un satellite, entre autres.
Juste un observateur de passage…