Pourquoi cet homme fait toujours l’objet d’attaques, souvent virulentes de la part d’observateurs de le vie politique ivoirienne ? Il est vrai qu’il est l’objet de moquerie et de raillerie par ses adversaires officiels (ce qui est peut-être normal), mais il reçoit les coups les plus virulents de la part de ses anciens alliés, militants, sympathisants et désormais adversaires.
Les jours qui ont suivi le 11 avril 2011, il a été déporté à la cour pénale internationale. Depuis lors deux visions, se sont dégagées dans la grande famille de la gauche ivoirienne : D’un côté, il y a ceux qui pensent ceci, c’est vrai que le chef est arrêté, mais il faut continuer la lutte sans lui, tout en utilisant les méthodes qu’il faut, pourvu que nous accédions au pouvoir d’Etat, afin de lutter pour préparer le retour du chef. De l’autre, il y a d’autres qui estiment qu’il faut arrêter tout contact avec le régime et lutter de façon frontale jusqu’au retour du chef. Chaque vision, ayant ses avantages et inconvénients, là n’est pas l’objet de ce présent développement.
Ainsi naquirent des partis politiques de ses différentes visions : le premier rend sa démission et crée son parti politique ; Leader (Liberté et Démocratie pour la République) et deux tendances dans son parti qu’il a fondé : D’un côté celui que ses camarades appellent affectueusement le gardien du temple et de l’autre côté, celui qui était le président du parti. Depuis lors, chacun suit son chemin, des congrès s’organisent de part et d’autre. Les deux groupes s’attaquant à cœur joie, chaque fois que les occasions se présentent jusqu’au retour du chef lui-même.
À son arrivée, une image choque le monde, il demande clairement à son épouse de quitter les lieux. Ainsi tout le déroulement des festivités, de son retour fut résumé, en cet acte. Tout le monde se demande ce qui se passe dans la tête du chef. Chacun y allant de son commentaire. Dans les jours qui ont suivi, une procédure de divorce est engagée pour une séparation définitive, tant amoureuse que politique, puisque dans la foulée de cette affaire, deux groupements politiques voient le jour : le parti du chef qui décide de laisser son parti avec lequel il a conquis le pouvoir, pour en créer un autre. Madame, de son côté, a créé son instrument politique. Un autre, celui qui n’a jamais eu de carte de parti de son mentor depuis toujours et qui est chef de son propre parti politique continue sa marche. Il a ajouté une autre corde à son arc, il est désormais le détenteur de la sagesse africaine.
Nous avons alors, sur l’échiquier politique, en ce qui concerne la gauche, à ma connaissance, cinq partis politiques, qui œuvrent ou qui devraient œuvrer pour la conquête du pouvoir avec pour adversaire principal ceux qui y sont depuis avril 2011.
La raison de cette publication est que le chef est attaqué à chaque sortie et la dernière en date fut celle de la fête de la renaissance de son parti. Toutes les attaques tournent autour d’une précision qu’il fit sur ses cuisiniers et la provenance de l’argent de la cuisine, lorsqu’il était à la prison de la Haye. Mais son discours était plus profond, plus incisif, plus corsé et d’actualité pour quelqu’un qui cherche le pouvoir d’Etat. Les partisans du sage aux proverbes répondent à juste titre sur la pique qu’à reçu leur camarade, ce qui est normal, mais je voudrais nous inviter à faire cette réflexion, qui pour moi devrait être la plus importante. Car dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, les questions essentielles n’intéressent plus les intellectuels.
Figurez-vous qu’il a rencontré son ex-épouse sur le terrain de la lutte et ils se sont mariés et ont eu des enfants, en plus de cela ils ont accédé au pouvoir d’Etat, quel exploit ! Cela veut dire, ils ont, en tant qu’époux une vie et une autre en tant que camarades de lutte. D’ailleurs, pendant qu’ils étaient au pouvoir, elle était députée de la nation, une grande première dans l’histoire de nos couples présidentiels. Donc en tant que camarades de lutte, ils peuvent avoir des points de vue divergents qui peuvent les emmener à la rupture politique. Une particularité des hommes de la gauche est que, lorsque des camarades de la même famille ne s’entendent plus sur les méthodes, les stratégies et tactiques qu’ils utilisent, pour accéder au pouvoir d’Etat, la rupture politique, est la règle ou l’unique recours. L’objectif est que chacun utilise sa voie afin que l’on juge au bilan final, de la pertinence et de l’objectivité de telle ou telle position. C’est ce que l’on désigne par : C’est le terrain qui déterminera la suite.
Ainsi en Côte d’Ivoire, la gauche s’étant émiettée, il aurait été bon de voir chacun utiliser ses actions, sans forcément s’invectiver, mais que chacun regarde le détenteur du pouvoir d’Etat afin de prendre sa place de façon démocratique. Il me semble que c’est ce que l’autre fait tout en posant des problèmes de l’heure : la question de la monnaie et donc de l’avenir du franc CFA, le prix du cacao ivoirien, la place de la femme dans la société, la place des jeunes dans la société …
Mon constat est que nous sommes de plus en plus exigeants envers lui, je pouvais comprendre cette attitude si nous étions ses militants ou sympathisants, mais rien de tout cela et nous voulons qu’il fasse ce que nous souhaitons. Nous critiquons ses méthodes, scrutons ses discours, pourtant nous sommes censés être de visions différentes.
Avant de continuer, attendons-nous bien. De qui parlons-nous au juste ?
Est-ce l’étudiant qui a connu la prison pour ses idées ?
Est-ce l’enseignant syndicaliste qui a connu la prison pour ses revendications ?
Est-ce l’enseignant récalcitrant que l’on envoyait dans des camps militaires, notamment à Séguéla pour sa
Est-ce l’enseignant dont la première épouse a été rapatriée alors qu’il était en détention ?
Est-ce celui qui a tout abandonné pour se rendre en exil ?
Est-ce l’homme politique qui a osé se dresser contre l’ogre politique qu’était le Président Félix Houphouët-Boigny en 1990
Est-ce l’homme de la gauche qui a connu la prison en 1992 à cause des étudiants ivoiriens ?
Est-ce celui qui a accédé au pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire en se dressant contre le général Robert Gueï en 2000
Est-ce celui qui a connu des coups d’état manqués quand il était au pouvoir ? Ou est-ce celui qui a fait la prison à La Haye et qui a réussi à s’en sortir ?
Si c’est ce Laurent, qui a eu ce parcours monstrueux, effrayant, respectable ou si c’est un autre. Si c’est un autre, je n’aurai pas de débat possible, avec vous. Mais si c’est celui dont le parcours est décrit en quelques points, plus haut, dites-moi quel regard portez-vous sur lui ? Est-ce un regard émotionnel, sentimental ou politique ? si c’est un regard sentimental et émotionnel, il ne m’intéresse pas. Mais si ce regard est politique, alors, ce Laurent, mérite du respect et considération car il a du répondant. Il a un parcours unique cet homme politique.
Ainsi, soit, nous sommes avec lui et nous approuvons ses méthodes soit nous ne sommes pas avec lui et nous passons notre chemin. Dans ce cas, nous arrêtons de pleurnicher chaque jour, pour enfin, nous occuper de nos partis politiques. Si nous accédons au pouvoir d’Etat, avant lui dans ce second round, alors, l’histoire retiendra que nous avons eu raison de le quitter pour former nos propres partis politiques.
Il faut que nous arrêtions de l’ériger en notre sofa en voulant lui confier tous nos problèmes. Moi je ne suis plus avec lui, je l’ai critiqué un moment donné, mais j’ai fini par comprendre qu’il est aussi humain, qu’il a traversé des épreuves et non des moindres, notamment la prison qui n’est pas un jeu d’enfant, j’en sais quelque chose. J’ai appris par la plume du journaliste Ibrahim Sy Savané, de ses articles intitulés « les larmes des autres, urbi et orbi » (consultez les Fraternités Matin d’octobre 1988 et avril 1989) ceci : « À un exilé qui revient exténué de longues pérégrinations, on reproche son retour. On aurait voulu qu’il s’entêtât jusqu’au bout. Et, pendant ce temps, chacun, dans son petit coin protège son petit gagne-pain, tente inlassablement de gravir quelques échelons ; oubliant ses propres reniements, passant vite sur ses propres renoncements. (…), Tout se passe comme si chacun voulait avoir son sofa pour batailler à sa place : on lui montre la justesse du combat, mais on se garde bien de rentrer dans la mêlée (…), et si le sofa venait à douter puis à flancher, il devient un traitre parce qu’on a reporté sur lui, parfois à son insu, des parcelles d’espérances, Injustice ! Ainsi nos pays regorgent des gens si valeureux qu’ils se contentent de pousser les autres. (…) jusqu’à la dernière larme des autres ».
Ce texte est encore d’actualité, le chef a vécu ses périodes de critiques et de ‘’sofalisation’’ et il a fini par arriver au pouvoir. Maintenant, tous ceux qui passent leur temps à longueur de journée à attaquer cet homme politique, ne savez-vous pas que lorsqu’il avait notre âge, dans un environnement politique difficile et hostile, il a pris ses responsabilités pour être ce qu’il est aujourd’hui ? il a dit d’ailleurs à juste titre dans son discours d’Agboville ceci : « il y’a des moments où il faut cesser de s’amuser, il faut être sérieux et moi je ne considère pas la politique comme un jeu. Je la considère comme quelque chose de sérieux ». Lui il sait où il va certainement donc mettons-nous au travail.
Frantz Fanon nous enseigne dans son ouvrage les damnés de la terre, titre IV intitulé : la culture nationale, ceci : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Il nous appartient de demeurer jeunes et irresponsables pour continuer de pleurnicher en demandant la retraite de nos ainés ou, nous mesurons l’ampleur de la tâche, et nous faisons le choix de faire face, aux problèmes de notre peuple. De toute façon, l’environnement politique mondial change sous nos yeux, et il est d’ailleurs favorable. ‘’Nos maitres, les Gaulois mêmes se cherchent en ce moment’’ alors, prenons en conscience, il n’est pas encore trop tard.
Ce qui est certain est que Laurent, continue sa marche, ses anciens camarades de lutte continuent la leur. C’est le terrain qui déterminera la suite. Il a déjà lutté et conquis le pouvoir d’Etat avec son ex épouse. Aujourd’hui il tente une autre aventure avec une autre dans un contexte différent. Et s’il avait raison ce Laurent Gbagbo ? que dirions-nous : Affi N’guessan, Mamadou Koulibaly, Blé Goudé Charles, Simone Ehivet ? Et s’il avait raison ?
J’ai dit point.
J’ai des gilets par balle, je suis Abdon TAWA écrivain auteur des livres
Côte d’Ivoire : Pourquoi la génération Fesci doit prendre le pouvoir d’état Côte d’Ivoire à la recherche d’un nouveau leadership politique.
Alassane Ouattara, cette pierre pourtant précieuse ! regards croisés.
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