Au-delà du blues de la mer Rouge : l’Afrique de l’Ouest confrontée à de nouvelles pannes de câbles
Comme si trois ruptures de câbles en mer Rouge n’étaient pas un casse-tête suffisant, une série de câbles ouest-africains ont été endommagés le 14 mars.
L’emplacement précis et la cause de toutes ces pannes ne sont pas connus pour le moment, mais regardons ce que nous savons.
Quels câbles sont endommagés ?
D’après les rapports de plusieurs opérateurs de réseau de la région, les câbles suivants sont endommagés :
Il n’est pas clair pour le moment si les quatre câbles ont été endommagés lors du même événement ou si certains présentaient des défauts préexistants. Ces câbles rejoignent les systèmes AAE-1, EIG et SEACOM/TGN-Eurasia précédemment endommagés en mer Rouge, qui restent hors service.
Quels pays sont les plus impactés ?
Il n’y a toujours pas d’information officielle sur les emplacements des pannes, pour des questions de sécurité bien évidemment.
La Commission nigériane des communications a initialement indiqué que les dégâts se situaient quelque part entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire. D’autres rapports ont identifié l’emplacement comme étant directement au large d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Le 15 mars en fin de journée, MainOne annonçait que leur rupture se situait bien au large de la Côte d’Ivoire. L’entreprise déclare que sa première évaluation de la cause de la panne est l’activité sismique, mais qu’elle en aura plus d’informations une fois le câble réparé.
CloudFlare a observé des interruptions de service dans plusieurs pays commençant au sud du Sénégal, ce qui peut indiquer des dommages à au moins un câble quelque part au large des côtes du Sénégal et de la Gambie.
En supposant que ce soit le point de démarcation possible des dégâts et dommages, voici une liste des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest au sud de cette ligne, le nombre de câbles intercontinentaux qui y sont reliés et leur statut :
Pour les pays d’Afrique de l’Ouest qui dépendent uniquement de l’un des câbles endommagés, cela ne signifie pas qu’ils ont perdu l’accès à la connectivité intercontinentale. Ils pourraient envoyer du trafic sous-marin ou terrestre vers d’autres pays qui conservent une connectivité par câble intercontinental.
Les systèmes toujours en ligne incluent le nouveau câble Equiano, ainsi que EASSy, Glo-1 et Maroc Telecom West Africa.
N’oublions pas non plus que les pays africains enclavés comme le Botswana, le Burkina Faso, la Zambie et le Zimbabwe dépendent également de ces câbles pour leur connectivité intercontinentale et pourraient également être touchés.
Combien de temps faudra-t-il pour réparer ces câbles ?
Le temps nécessaire pour réparer un câble dépend de nombreux facteurs, notamment :
Permis – les navires d’entretien doivent obtenir un permis du gouvernement lorsque des réparations sont nécessaires dans leurs eaux.
Chargement : le navire de réparation devra se rendre dans un dépôt pour charger un câble de rechange destiné à accueillir le câble endommagé.
Temps de transit : il faut du temps à un navire de réparation pour atteindre la zone où les dommages sont suspectés.
Localisation du défaut : localiser la partie endommagée du câble n’est pas toujours facile car l’emplacement d’un câble peut avoir changé pendant le défaut.
Réparation des défauts : le nombre de fibres et le type de dommage jouent un rôle dans la durée de la réparation.
Fenêtre météo – avant le début d’une réparation, les entreprises de maintenance doivent évaluer si les conditions météorologiques resteront propices pendant une période suffisamment longue pour effectuer la réparation.
Les réparations seront certainement plus rapides pour ces câbles d’Afrique de l’Ouest que pour ceux de la mer Rouge, où les problèmes d’autorisation et les attaques en cours des Houthis laissent présager de longs retards.
Bien que chaque situation de réparation soit unique, nous pouvons considérer les réparations d’août 2023 au large de la côte ouest-africaine, près de l’Angola et de la République démocratique du Congo, à titre indicatif. D’après la base de données sur les ruptures des câbles sous-marins de TeleGeography, le nombre de jours nécessaires pour réparer ces câbles était le suivant :
ACE – 37 jours
SAT-3/WASC – 43 jours
WACS-30 jours
Quel est l’impact sur les consommateurs et les entreprises ?
Les opérateurs de réseau acheminent régulièrement leur trafic sur plusieurs câbles en cas de pannes comme celle-ci. Un grand nombre de pannes de câble réduit la quantité de capacité disponible, ce qui peut dégrader la qualité du service. Cependant, il est important de prendre en compte les applications et services utilisés. Après tout, toutes les activités des utilisateurs ne génèrent pas de trafic intercontinental. De nombreux services continueront de fonctionner normalement, au local.
Au moment de la rédaction de cet article, la plate-forme cloud AWS d’Amazon ne signale aucun problème en Afrique du Sud, pas plus que Google Cloud. Microsoft a indiqué que certains utilisateurs de sa plate-forme cloud Azure pourraient subir une latence et une perte de paquets accrues. La société a déclaré qu’elle ajoutait de la capacité supplémentaire et s’attend à ce que le problème soit résolu aujourd’hui, le 15 mars.
Les satellites peuvent-ils résoudre ce problème ?
Pas vraiment.
Les câbles sous-marins fournissent bien plus de bande passante que les satellites. Les satellites sont certainement utiles pour garantir que les services commerciaux et gouvernementaux vitaux restent actifs si la connectivité par fibre optique est altérée ou complètement perdue. Cependant, les satellites ont une capacité limitée.
Si vous rassemblez toute la capacité de Starlink, Amazon Kuiper et d’autres nouvelles constellations de satellites, elles représenteraient toujours moins d’un dixième de la capacité d’un seul câble sous-marin à fibre optique moderne.
Ce billet de blog a été mis à jour le 15 mars à 14 h 30 HAE pour refléter les nouvelles de MainOne.
Traduit de l’Anglais par #AGD
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