Notre victoire à la CAN2023 « offre l’opportunité inouïe à Ouattara de régler des équations politiques complexes » (Fernand Dédeh)

À Barthelemy Zouzoua Inabo: Quand Simon Adingra prend de vitesse le latéral droit nigérian, lève la tête et place un centre millimétré pour Sébastien Haller pour le 2-1 des Éléphants, synonyme de victoire en finale de la CAN2023, ces deux garçons et leurs partenaires ont rendu un service énorme à la Côte d’Ivoire sportive et à la Côte d’Ivoire politique.

Ton Camarade a bien percuté. La CAN2023 lui offre l’opportunité inouïe de régler des équations politiques complexes. Dans l’euphorie de la victoire, tout le monde pardonne. Le compteur n’est pas totalement à zéro, mais un grand pas est franchi. Il fallait juste voir la joie des parents des militaires libérés par la grâce présidentielle pour comprendre. « ADO nous a remis nos parents. Il peut faire 20 mandats, s’il veut ». Cette dame qui parle, je ne l’avais plus vue aussi heureuse depuis la crise postélectorale. Elle vient d’apprendre la libération de son frère. Elle danse et chante. Elle rend grâce à Dieu. Elle veut juste s’envoler pour serrer son aîné dans ses bras. Le téléphone a crépité ce jeudi 22 février, comme jamais.

Treize (13) ans que des militaires étaient en détention. Certains, formellement condamnés par le tribunal militaire. D’autres, en détention préventive.

Des proches du « Fils égaré » de ton Camarade, qui purgeaient 20 ans de prison, ont été graciés. Ils hument l’air frais de la liberté.

Après la crise, la vie. Le football, ce n’est pas seulement un ballon qui roule sur une pelouse. C’est un facteur de cohésion sociale, un vecteur de l’expression du patriotisme. Le sentiment d’appartenance à la même patrie est très fort quand l’équipe nationale est en scène. En témoigne cette déprime collective quand les Éléphants sont laminés (4-0) par la Guinée équatoriale le 22 janvier 2024. L’orgueil ivoirien est au bas. Quand, par contre, le pays se qualifie in extremis pour les huitièmes de finale, les Ivoiriennes et les Ivoiriens ont le sentiment net d’avoir été réhabilités. Face au Mali, en quart de finale, une nation est née à Bouaké. Au pire moment de la faiblesse des Éléphants, l’hymne national retentit dans les tribunes. Le choc psychologique attendu. Les joueurs se transcendent. Le peuple est heureux et fier. Cerise sur le gâteau, le trophée reste à Abidjan. Ces Ivoiriennes et ces Ivoiriens qui ont pris la rue n’ont brandi aucune carte de parti politique. Chacune et chacun ont apporté leurs souffles à la victoire des Éléphants.
Dans les palais douillets, comme dans les prisons et même les hôpitaux, en ville comme dans les villages, la joie est commune et partagée.

Cette force de l’unité est capitalisée par ton Camarade. Pour effacer les traces des meurtrissures de la nation. Un temps pour la crise, un temps pour le pardon .

Des cas demeurent en suspens. La politique est comme le dribble de Simon Adingra et le pied tendu de Sébastien Haller au milieu de cinq défenseurs nigérians. Ou comme la tête piquée de Franck Kessié en pleine surface de réparation : inattendu, imprévisible, au bon moment.

Le football rend si heureux ! Après la CAN, la ligue des champions CAF. L’Asec Mimosas en lice face au Simba de Tanzanie au Felicia, ce vendredi 23 février 2024, à 19 h. « C’est un match particulier. C’est un match qui doit nous permettre d’assurer la première place qui n’est pas encore jouée. « Nous devons être le plus performant possible », promet l’entraîneur de l’Asec Mimosas, Julien Chevalier

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