Jean-Louis Gasset…il aime encore « ses » Éléphants

« On était au bord d’une catastrophe » : Jean-Louis Gasset

Jean-Louis Gasset parle après sa démission du poste de sélectionneur de la Côte-d’Ivoire

Par Hervé Penot, à Abidjan
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« La liste a été bien construite même si je n’ai pas réussi à la mettre en place comme je l’aurais souhaité. Nous sommes arrivés à l’objectif de manière différente, mais cela prouve que le commando choisi est le bon, même si j’aurais préféré ne pas aboutir à cette issue. Certains ne comprenaient pas pourquoi j’avais gardé Haller et (Simon) Adingra. Et voilà… Les deux marquent, j’étais tellement heureux. Je rêve de voir Haller marquer le but de la finale. Il le mérite tellement.

Bien sûr, je ne rate pas une miette ! Dès que l’arbitre siffle la fin, le président reçoit un texto. J’en envoie au staff, aux joueurs, au capitaine ! Je suis fier des Éléphants, heureux. Mon départ a ramené de l’apaisement. On se dit que c’était moi le coupable et cela protège les autres. Il fallait peut-être frôler la catastrophe pour rebondir.

J’étais un peu barbouillé comme un lendemain de cuite. Nous étions dans un vestiaire dévasté avec des affrontements à l’extérieur, a expliqué l’entraîneur de 70 ans. Je voyais les joueurs sur leurs portables pour prendre des nouvelles de leur famille. Ils avaient peur. Il ne faut plus jamais revivre ça ! Nous étions au bord d’une catastrophe, franchement. J’entraîne depuis trente-cinq ans, et c’est la première démission, mais vu ce qu’il se passait… Qu’on me dise que je suis nul, vieux, que je n’ai jamais entraîné en Afrique, d’accord, mais là, ça prenait une tournure dramatique. Des gens allaient à notre hôtel, à la Fédération, il y avait des pneus sur la route, plus des policiers partout. Le président recevait des appels du commissaire dans mon bureau au stade pour lui expliquer ce qu’il se passait dehors.

« Il fallait peut-être frôler la catastrophe pour rebondir. »

(…)

Son émotion reste palpable. Il aime encore ses joueurs qu’il a
laissés. Seko Fofana lui a rendu un hommage appuyé après le
succès en demi-finales contre la RD Congo (1-0)dans une zone
mixte étouffante. « On a énormément de reconnaissance pour ce
qu’il a fait avec le groupe. C’est la continuité de son travail, c’est lui
qui nous a sélectionnés. » Et qui a notamment insisté pour que
Fofana soit là, comme Evan Ndicka, Yahia Fofana, le gardien, et
d’autres… « Il fallait peut-être passer par cette épreuve pour
donner un déclic à cette équipe, mais je pense honnêtement que si
Gasset avait été là, ça aurait été la même chose, poursuivait
Fofana. On a une grande pensée pour lui. Les au revoir ont été très
difficiles. On savait qu’on devait le faire pour lui. »
Gasset, touché, a entendu ces compliments. Ne veut pas en
rajouter. Et se plonge déjà dans la finale (dimanche commentée en
direct à 21h). « La Côte d’Ivoire n’est pas favorite car le Nigeria est
mieux classé en Afrique et possède (Victor) Osimhen, le meilleur
joueur africain de l’année. Mais avec Haller, Adingra et peut-être
(Nicolas) Pépé, ce n’est plus la même équipe. Je savais qu’elle
monterait en puissance, comme (Serge) Aurier, absent un mois
avant de venir. Pour Adingra, Brighton nous avait envoyé un fax
pour nous dire que la CAN était finie. J’ai envoyé les images
(médicales)à des amis qui m’ont dit : « Ce n’est pas tout à fait
déchiré et dans trois semaines, il sera là ». On l’a gardé. C’est pour
ça que quand je vois Haller et Adingra marquer en quarts et en
demies(sourire)… C’est écrit. Mais sans moi. Mais les ondes
positives sont revenues et ça, c’est la vie, c’est comme ça. C’est
mérité et on arrive en forme au bon moment. »

Il dit « on » comme on parle de sa famille. Gasset, même loin d’Abidjan, n’est pas
vraiment parti. Son ombre plane sur les Éléphants.

La totalité de l’interview a lire dans lEquipe.fr

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