La coupe d’Afrique des nations (CAN) débute dans notre pays, ce 13 janvier 2024. Les Éléphants affronteront tour à tour la Guinée Bissau, le Nigeria et la Guinée équatoriale. De quelles armes auront-ils besoin s’ils veulent gagner?
Le minimaliste est celui qui se satisfait du minimum, c’est un partisan du moindre effort comme un écolier qui a un seul rêve: obtenir 10/20 de moyenne. Je souhaite que notre équipe ait la bonne ambition qui fait voir grand et loin et qui nous oblige à nous dépasser. C’est cette ambition qui est recommandée par Jésus dans la parabole des talents (Mt 25, 14-30) et qu’on aimerait voir chez les hommes politiques africains car “le refus ou l’impossibilité d’envisager de grands desseins aptes à mobiliser les peuples pour un avenir neuf” (cf. Paul Valadier, ‘Réhabiliter l’ambition’, “Études”, 2008/1) est autant dangereux qu’avoir une ambition démesurée.
Pour être heureux, on a souvent besoin de se satisfaire du nécessaire mais se satisfaire du nécessaire et se contenter de peu sont deux choses différentes. Longtemps, notre équipe nationale s’est contentée du minimum alors qu’elle avait les moyens de faire plus. Par exemple, la génération des Drogba Didier, Yaya Touré, Zokora Didier, Kolo Touré, Salomon Kalou, Arthur Boka et autres pouvait remporter la Can deux fois. Mais cette équipe, que tout pays aurait aimé avoir et que tout sélectionneur aurait aimé entraîner, était sans ambition. On avait l’impression que l’essentiel, pour elle, était d’être présente à la CAN ou au Mondial.
Il manquait à ces joueurs fort talentueux ce fighting spirit qui fait la force des Lions indomptables du Cameroun et qui leur a permis d’aller en quarts de finale à la coupe du monde 1990. Sans cette hargne, les Joseph Gadji Céli, Abdoulaye Traoré, Serge-Alain Maguy, Sié Donald-Olivier, Sam Abouo Dominique, Oumar Ben Salah, Youssouf Fofana, Aka Kouamé Basile et Alain Gouamené n’auraient pas défait les Black Stars du Ghana en finale au Sénégal, le 26 janvier 1992.
Drogba et ses camarades semblaient se décourager vite après avoir encaissé un but alors qu’il aurait fallu se battre jusqu’à la dernière minute comme les Roger Milla, Samuel Eto’o, Patrick Mboma, Théophile Abega, Rigobert Song, Thomas Nkono, François Omam-Biyik, Stephen Tataw et autres savaient le faire. J’ai vu un peu de cette hargne avec les Éléphants de 2022 lors de leur match contre l’Algérie.
Incontestablement, les Didier Drogba et Yaya Touré étaient bons individuellement mais ils avaient du mal à jouer ensemble, à privilégier l’intérêt général. Lorsqu’un défenseur veut coûte que coûte marquer des buts alors que les attaquants attendent de recevoir des passes de lui, ce n’est pas bon. Faire équipe, c’est donner le ballon à celui est mieux placé pour mettre la balle au fond des filets et non faire son petit numéro. Chaque joueur doit comprendre que ce qui compte, c’est d’honorer la patrie et de faire vibrer tout un peuple. Cela suppose que chacun ait à cœur de faire passer l’intérêt général avant l’intérêt personnel.
Supporteurs et joueurs devront se concentrer sur chaque match, ne pas faire la fête avant d’avoir remporté la finale. Le 16 décembre 1995, l’Asec d’Abidjan devait disputer la finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions contre Orlando Pirates (Afrique du Sud) au stade Houphouët Boigny. Au lieu de se concentrer, joueurs et supporteurs du club jaune et noir festoyèrent la veille. Ils avaient oublié qu’il faut tuer l’ours avant de vendre sa peau. Joueurs et supporteurs ivoiriens gagneraient en 2024 à se garder de l’euphorie excessive et de la fanfaronnade après une victoire, bref à faire preuve d’humilité, de retenue et de patience.
Jean-Claude DJEREKE
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