Dans quelques heures, la 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football s’ouvre en Côte d’Ivoire, au stade olympique d’Ebimpé de 60.000 places. La fièvre monte. 40 ans après avoir organisé une édition sur son sol, mon pays accueille la messe continentale du foot qui a pris entre-temps de l’étoffe. 24 pays en compétition, 600 millions de téléspectateurs dans 180 pays. Au moins 1,5 millions de visiteurs attendus.
Une véritable lucarne touristique. Mieux, un moment historique qui va cristalliser le sentiment d’appartenance à une cause nationale commune chez tous les Ivoiriens. Mais il ne faut pas se leurrer. Le foot ne réglera pas les vrais problèmes du pays. Sinon les deux éditions remportées par les Eléphants ( la sélection nationale) auraient opéré le miracle.
Le football, c’est vraiment l’opium moderne des peuples. Pendant trente jours, tous les Ivoiriens que vous croiserez dans votre entourage vous diront ( avec une arrogance naturelle ) qu’ils sont une oasis de beauté dans un désert sous-régional de misère.
Soyons clair. L’idée n’est pas de s’investir dans une vaine et stérile entreprise de dénigrement. La 34è édition de la CAN sera très belle. La Côte d’Ivoire de l’hospitalité sera à la hauteur de sa réputation. Mais l’organisation de la CAN ne fera pas oublier les vrais problèmes du pays notamment l’obligation de reddition des comptes incombant à toute gestion publique. Le pays s’appauvrit par son modèle d’endettement exponentiel, un service de la dette étranglé par un pillage systémique des caisses et une redistribution inéquitable des richesses au profit d’un cercle concentrique de nouveaux riches qui détiennent tous les leviers du pouvoir d’Etat.
Tenez ! ll y a à boire et à manger pour tout le monde à cette CAN qui s’ouvre demain. Sauf pour les plus faibles du maillon social. Les cérémonies d’ouverture et de clôture seront l’affaire de l’hommes d’affaires marocain Richard Attias. Normal. C’est la CAF, organisation supranationale sui generis, qui décide. Le marabout de la com sait flairer les nouveaux horizons de son métier dans le golfe persique et en Afrique subsaharienne. L’entregent de l’hommes d’affaires marocain a fait le reste.
La facture est salée pour les plus pauvres. L’embellissement au forceps des cinq villes qui accueillent la CAN, les restrictions liées aux petits commerces ont laissé en rade des milliers de petites mains ( éleveurs de volaille, producteurs locaux, street food ) qui font l’authenticité de la culture populaire ivoirienne.
La Côte d’Ivoire n’est pas riche de ses infrastructures, de la location de drones lumineux. Elle est d’abord riche de son capital humain. Et ça, tous les visiteurs pourront faire leur propre expérience de la chaleur du peuple ivoirien, loin de l’activisme cosmétique ambiant.
Excellente compétition à toutes les sélections africaines engagées.
Et que le meilleur gagne. Et les meilleurs dans ma tête d’I-voi-rien, ce sont les Éléphants !
Zran Fidèle GOULYZIA
Ancien journaliste reporter – Ecrivain – Juriste internationaliste
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