Elisabeth Borne, première cheffe de gouvernement sous Emmanuel Macron à être issue de la gauche
Lorsqu’elle arrive à Matignon, en mai 2022, Elisabeth Borne a deux particularités : être issue de la gauche après les passages d’Edouard Philippe et Jean Castex, appartenant à la droite avant de rallier le camp présidentiel, et être une femme – succédant à Edith Cresson trente et un ans après. Cette polytechnicienne, diplômée des Ponts et chaussées, est passée par des cabinets de gauche – Lionel Jospin, Jack Lang et Ségolène Royal – avant d’être nommée préfète de Poitou-Charente, entre 2013 et 2014 puis de devenir présidente de la RATP, de 2015 à 2017.
Si son CV porte à gauche, dès sa nomination comme première ministre, Elisabeth Borne essuie des critiques des deux extrêmes de l’échiquier politique d’alors. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen la voient comme l’incarnation de la « maltraitance sociale » et du « saccage social », allusion à la réforme de l’assurance-chômage qu’elle a menée contre l’avis des syndicats. Emmanuel Macron, lui, retient que sa ministre est parvenue à réduire substantiellement le chômage.
Un départ qui intervient après la loi « immigration », qui a fracturé le camp présidentiel
Les chances d’Elisabeth Borne de se maintenir à Matignon semblaient fragiles à en croire les rumeurs qui couraient depuis plusieurs semaines, plus encore après l’adoption de la loi « immigration », qui a fracturé le camp présidentiel, provoquant la démission du ministre de la santé, Aurélien Rousseau.
Pourtant, la première ministre avait jusqu’ici résisté aux vents contraires, se maintenant en fonction après l’échec aux législatives de juillet 2022 et à la suite de la crise ouverte par la réforme des retraites, au printemps 2023. Mais l’entourage de la première ministre a noté que les remerciements pour le travail accompli qui lui ont été adressés par le chef de l’Etat lors de ses vœux aux Français semblaient clore un chapitre.
La gauche donne son soutien à la demande d’un vote de confiance mais ne le promet pas pour une motion de censure
Si la gauche soutient la demande d’un vote de confiance formulée par La France insoumise, elle n’est cependant pas sûre de voter la motion de censure qui pourrait ensuite être déposée. Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados, précise : « Chaque chose en son temps. Tout d’abord, nous demandons premièrement un vote de confiance, puis une ligne de la part du futur premier ministre pour savoir avec qui il voudra gouverner. Enfin, si aucune de ces conditions n’est remplie, alors nous devrons envisager cela. Nous en parlerons d’ailleurs demain en groupe. » Boris Vallaud corrobore : « Pas de déduction », dit-il, après avoir demandé le vote de confiance.
Le chef de file des communistes, Fabien Roussel, nuance : « La question première est : est-ce que le nouveau premier ministre va soumettre son discours de politique générale au vote de l’Assemblée nationale ? C’est quand même important de savoir ce qu’il va dire, s’il a une majorité pour ses propositions. Sinon, pourquoi changer de premier ministre ? », se questionne-t-il.
La présidente du groupe des écologistes à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain, fait entendre une voix différente : « Je dois en discuter avec le groupe. Mais nous l’avions fait après le discours d’Elisabeth Borne, lors duquel elle n’avait pas demandé la confiance. Il est indispensable que le nouveau premier ministre demande la confiance au Parlement. Emmanuel Macron doit arrêter de contourner le Parlement et commencer à le respecter. »
Avec Lemonde,fr
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