Côte d’Ivoire / Port autonome d’Abidjan : Le poumon de l’économie ivoirienne dans sa splendeur et ses failles (visite guidée, 20 ans de l’Intelligent d’Abidjan)

Note AA- sur le long terme avec perspective stable

De  gros investissements pour atteindre 220 milliards de chiffre d’affaires en 2035

Les 20 ans de l’Intelligent d’Abidjan n’ont pas été célébrés entre quatre murs. Alafé Wakili et son équipe ont innové en réalisant des coups jamais réalisés par des managers d’entreprises de presse. Toucher du doigt les réalités sociales, économiques et culturelles, le manager en chef de l’IA l’aura réussi, une semaine durant. Tantôt au ministère de la Construction pour évoquer les réformes de ce secteur d’activité, tantôt avec la Cnps pour faire corps avec la politique de prévoyance sociale, la visite guidée au Port autonome d’Abidjan suivie des échanges avec son Dg Hien Sié Coulibaly aura été audacieuse. Audacieuse parce que le port est à la fois un enjeu stratégique et une entreprise à capitaux publics qui ne s’invite pas toujours dans l’exposition extérieure de ses atouts.

En visitant les terminaux, les entrepôts, les différents quais de déchargement et d’embarquement, la voirie portuaire ainsi que l’environnement du port autonome, les journalistes ivoiriens ont pu s’apercevoir le temps d’une demi-journée ce 14 septembre 2023, des potentialités immenses ainsi que les défis auxquels reste confronté ce fleuron de l’économie nationale.

Depuis le siège de la direction générale, une tour haute de six étages qui renferme l’essentiel des services de l’activité portuaire, la visite a pu faire voir le terminal céréalier avec ses 9 ha d’espace et ses entrepôts pour le débarquement du riz, du maïs, du blé…, les différents entrepôts numérotés et reliés directement aux quais avec des tirants d’eau de 8 à 9 mètres de profondeur, le terminal minéralier pour l’exportation des minerais bruts tels que le manganèse, la bauxite, le nickel, le zinc, le clinker ou le lithium, le terminal à pêche qui rassemble les industries de conservation du thon, puis le terminal roulier qui accueille tout ce qui est engin roulant et enfin le nouveau terminal à conteneurs, le Tc2.  Inauguré le 2 décembre 2022, le Tc2 bâti sur 37,5 ha déborde déjà d’activités. Ses six portiques géants vont et viennent avec des conteneurs à bord de navires géants de différentes nationalités. Ce nouveau terminal étendu de 2,5 ha de plus que le premier est dimensionné pour traiter, selon les autorités portuaires, 2,5 millions de conteneurs par an. De quoi placer Abidjan comme le premier port à conteneur en Afrique de l’Ouest.

Autre infrastructure qui révolutionne le PAA, le canal de Vridi. Celui-ci, après des travaux d’agrandissement est aujourd’hui opérationnel pour accueillir simultanément deux navires alors qu’il n’accueillait qu’un seul. Une opportunité pour densifier le trafic de marchandises et réduire le temps d’attente dans notre port.

Environ 200 milliards de Fcfa sous forme d’emprunt à rembourser par le PAA ont été nécessaires pour réaliser ces investissements qui donnent un visage reluisant à l’entreprise dirigée par Hien Sié et qui se donne l’ambition d’engranger 220 milliards de FCFA de chiffre d’affaires en 2035, loin des 154 milliards de FCFA en 2025, selon les prévisions de la Direction générale.

Une vraie embellie mais qui n’est pas totale. Le port est loin d’avoir exploité toutes ses potentialités. Il peut encore s’agrandir jusqu’à Jacqueville à condition que les investissements suivent la cadence à la hauteur des ambitions. Cette visite a permis de découvrir aussi le côté sombre du port avec des bâtiments vétustes, un environnement insalubre et une voirie pas tout à fait au point. Le directeur général dans ses échanges avec la presse a reconnu ces failles et a promis d’agir. Il reconnaît que certains endroits sont insalubres. Mais explique ce fait par le drainage des eaux de pluie qui emmènent avec elles tous les détritus des quartiers environnants. L’autre cause, ce sont, dit-il, les opérateurs économiques qui opèrent sur la plateforme portuaire et qui restent préoccupés par les gains en négligeant l’environnement. Des réponses satisfaisantes vont être apportées aux dires de Hien Sié qui a reconnu le mérite du Dg de l’Intelligent qui a conduit cette mission de communication. Hien Sié n’a pas occulté la politique Rse (Responsabilité sociétale de l’entreprise) du port autonome qui tend à soutenir les bonnes initiatives ainsi que la promotion des modèles de notre société. Il en est ainsi de l’attention accordée aux activités d’éducation et de promotion de l’excellence. En démontre une convention de 25 millions de Fcfa passée avec la société mathématique de Côte d’Ivoire pour récompenser des lauréats.

Hien Sié a pointé des perspectives prometteuses en mettant en exergue les conditions de réussite dans le moyen et long termes. Notamment la construction de nouvelles voies de contournement qui permettront de décongestionner la grande circulation dans la ville d’Abidjan et d’accéder à des réserves foncières dans la zone de Jacqueville. « On n’a pas de zones franches. Le port en a besoin mais ce ne sont pas nos projets », fait savoir le Dg Hien. Toutefois, il exalte les bonnes perspectives données par les agences de notation notamment l’ivoirienne Bloomfield qui attribue les notes A1- pour le court terme avec perspective stable et AA- pour le long terme avec perspective stable.

Il a surtout répondu aux allégations selon lesquelles nous avons un port cher. Selon Hien Sié, ce qui compte pour un port c’est l’installation des infrastructures qui permettent de réduire le temps d’attente pour les navires qui arrivent. En la matière, dit-il, Abidjan n’a rien à envier aux ports de la sous-région et ne peut être considéré comme un port cher. Selon lui, les nouveaux et  anciens acquis en équipements auront permis au port d’Abidjan d’enregistrer 13 % de taux de croissance malgré une baisse d’activité de 7 % causée par les crises maliennes et burkinabé.

SD à Abidjan

sdebailly@yahoo.fr

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