Analyse des élections locales: “Il faut repenser l’organisation des élections et reformer la CEI” (Magloire N’Déhi, analyste politique)

Magloire N’Déhi, le chef de bureau de la Fondation Friedrich Naumann (droite libérale/conservatrice), donne ses impressions [opinions] suite aux dernières élections locales couplées organisées début septembre en Côte-d’Ivoire, en pleine période de vacances scolaires. Du nouveau dans le pays habitué à tenir les élections en octobre. Au passage rappelons aussi que le vote initialement prévu en octobre/novembre, a de façon unilatérale ramené au 2 septembre. Du coup, ces élections à un tour ou des maires sont élus avec 10, 20, 30% de l’électorat, présentent une réalité erronée des rapports de forces politique dans le pays. La présidentielle se déroule en deux tours, rappelons-le. Le découpage des circonscriptions électorales sur mesure au profit du Rhdp et les financements des partis, sont aussi de sérieux problèmes pour la jeune démocratie ivoirienne. A tout cela s’ajoute une Haute justice et une Commission électorale aux ordres du président de la république [celui qui de fait détient encore tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire]. [Sylvie Kouamé]

Analyse des élections locales: “Il faut repenser l’organisation des élections et reformer la CEI” (Magloire N’Déhi, analyste politique)

“L’Alliance comme “voie de salut” pour l’opposition” “Le RHDP confirme son ancrage territorial et sa progression” “Le « nom » seul de Gbagbo ne suffit plus à mobiliser les électeurs” Magloire N’Déhi est chef de bureau de la Fondation Friedrich Naumann, institution politique allemande d’obédience libérale basée à Abidjan. Il intervient souvent sur les processus politiques en Côte d’Ivoire et en Afrique. A titre personnel (et pas au nom de la Fondation), il analyse ici les résultats des récentes élections locales tels qu’ils sont sortis des urnes. Il y décèle la suprématie du parti au pouvoir et la résilience d’une opposition qui peut mieux faire si elle sort de ses blocages actuels. Analyse… INTRODUCTION Les élections municipales et régionales qui ont eu lieu le 2 septembre 2023 en Côte d’Ivoire ont été un moment crucial dans le paysage politique ivoirien, notamment en raison du contexte particulier qui a précédé ces élections. En effet, ces élections locales se sont déroulées dans un contexte post-conflit lié à la crise du «troisième mandat » de 2020, et à la suite du décès de Henri Konan Bédié, Ex-Président du PDCI-RDA en Août 2023. De plus, le retour de Laurent Gbagbo sur la scène politique ivoirienne après 10 ans d’absence et l’alliance entre le PDCI-RDA et le nouveau parti de Laurent Gbagbo, le PPA-CI, ont également modifié le paysage politique ivoirien et ajouté une dimension supplémentaire à ces élections. Aussi, ces élections revêtaient plusieurs enjeux majeurs : 1- D’abord, pour les premières élections locales, depuis la crise électorale de 2020, les quatre (04) grands partis politiques, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Paix et la Démocratie (RHDP, au pouvoir), le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le Front Populaire Ivoirien (FPI) et le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) étaient dans la course pour les 201 communes et 31 régions de la Côte d’Ivoire. 93 listes de candidature pour un total de 5 247 candidats étaient en compétition pour les régionales contre 750 listes de candidature représentant 30 419 candidats pour les municipales. A deux (02) ans de la prochaine échéance présidentielle de 2025, ces scrutins locaux avaient valeur de test pour jauger l’ancrage territorial et mesurer les forces locales pour chaque parti. Pour la majorité présidentielle (parti au pouvoir), le RHDP, il s’agissait tout d’abord de conserver sa majorité. Pour l’opposition, de progresser après des années d’absence. Ces élections locales donnaient donc l’occasion aux « grands » partis de prouver leur capacité de mobilisation des électeurs et tester la légitimité de leurs cadres qui pourraient servir comme des “Directeurs de campagne” en 2025 dans les différentes localités. 2- Ensuite, ces élections constituaient un test pour la recomposition du paysage politique ivoirien. Elles interviennent dans un moment de recomposition des forces de l’opposition, dont les performances étaient scrutées comme un baromètre après le retour de Laurent Gbagbo, la scission « définitive » entre Laurent Gbagbo et ses anciens compagnons, Affi N’Guessan et Simone Gbagbo, la création du PPA-CI en 2021 et l’après Henri Konan Bédié pour le PDCI-RDA. 3- Enfin, cette élection devrait être aussi l’évaluation de la Commission Electorale Indépendante (CEI) à deux (02) ans des présidentielles sur sa capacité à créer les conditions d’un scrutin transparent, crédible et qui rassure et mobilise les électeurs. Cette note se penche sur les résultats des élections municipales et régionales, en analysant les données disponibles et en fournissant des perspectives sur l’impact de ces résultats. I- ANALYSE DES DONNEES DES ELECTIONS MUNICIPALES ET REGIONALES Sur les résultats de trente (30) régions disponibles sur les 31 du pays, le RHDP a remporté une victoire écrasante en gagnant vingt-cinq (25) régions, tandis que le PDCI-RDA a réussi à remporter trois (03) régions. Un candidat sans étiquette (indépendant) a remporté une (01) région et l’alliance PDCI-RDA/PPA-CI a remporté une (01) région. En ce qui concerne les élections municipales, sur les 199 communes dont les résultats sont également disponibles sur les 201 communes que compte la Côte d’Ivoire, le RHDP est sorti en tête en remportant 123 communes, tandis que le PDCI-RDA a remporté 22 communes. Les candidats sans étiquette ont remporté 41 communes, tandis que l’alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI a permis de remporter 10 communes. Par ailleurs, le PPA-CI a remporté 2 communes.  RHDP : la domination Ces résultats traduisent la domination du RHDP dans les régions et démontrent sa suprématie au niveau municipal malgré le divorce avec le PDCI-RDA, consolidant ainsi son pouvoir à travers le pays. Le RHDP confirme son ancrage territorial et sa progression dans les bastions traditionnels du PDCI-RDA (Centre) et du PPA-CI (Ouest). Cela pourrait s’expliquer par le « débauchage » de nombreux cadres des autres partis notamment du PDCI-RDA et la capitalisation des résultats de la gouvernance du Président de la République, Alassane Ouattara, par ailleurs Président du RHDP. Le RHDP cumule au total 1.473.652 voix sur les 2.356.507 suffrages exprimés pour les régions et 961.383 voix sur 1.875.538 suffrages exprimés pour les municipales. PDCI-RDA : la résilience Ces résultats montrent que le PDCI-RDA est malgré tout la première force d’opposition même si sa progression est limitée. Ses résultats démontrent une certaine résilience après sa rupture d’avec le RHDP, le recrutement massif de nombreux de ses cadres par la majorité présidentielle et le décès en Août 2023 de son président.  PPA-CI : la déception Ce score décevant pour le PPA-CI pourrait s’expliquer en partie par la division interne de la «galaxie Gbagbo » suivie de la naissance de plusieurs branches issues de la mouvance de gauche (AIRD, COJEP, MGC, FPI, PPA-CI) et l’incapacité (pour le moment) du Président Gbagbo à rassembler ses anciens compagnons. Aussi, ces résultats catastrophiques du PPA-CI montrent que le retour de Gbagbo ne s’est pas encore totalement traduit dans les urnes.  PDCI-RDA/PPA-CI : le coup d’essai Le succès relatif de l’alliance PDCI-RDA/PPA-CI qui remporte une (01) région et dix (10) communes ouvre des perspectives pour l’opposition et montre une piste pour une opposition unie et compétitive. Aussi, de cette alliance PDCI-RDA/PPA-CI, on note que les têtes de liste PDCI-RDA/PPA-CI (08) ont eu plus de succès que les têtes de liste PPA-CI/PDCI-RDA (02) pour les municipales et les régionales avec une (01) région conduite par un vice-président du PDCI-RDA. Les deux (02) principaux partis de l’opposition cumulent ainsi trente-quatre (34) communes avec 465.397 voix sur 1.875.538 suffrages exprimés et quatre (04) régions avec 574.879 voix sur 2.356.507 suffrages exprimés. Elus « Sans Etiquette » (Indépendants) : la confirmation Les candidats sans étiquette (indépendants) confirment leur ancrage local montrant ainsi la possibilité pour les acteurs politiques en dehors des partis traditionnels de se faire une place dans le paysage politique ivoirien. Les résultats de ces indépendants démontrent aussi que les élections locales sont avant tout un rendez-vous entre des populations et des acteurs politiques qui partagent des liens privilégiés. Parfois les rapports personnels prévalent sur les choix des partis politiques.  FPI : la catastrophe L’échec d’Affi N’Guessan Pascal aux élections régionales dans la région du Moronou alors que soutenu par le RHDP qui a retiré son candidat au profit de son « partenaire » du Front Populaire Ivoirien (FPI) suscite une attention particulière. A l’observation des chiffres, en 2018 face à Aka Véronique du PDCI-RDA et sans le soutien officiel du RHDP, Affi N’Guessan a récolté 26 027 voix contre 21 652 voix en 2023, soit une baisse de 4.375 voix. Ce résultat pourrait s’expliquer par le retrait du FPI de la mouvance de l’opposition quand on sait que la région du Moronou est « réputée » être un fief opposé au RHDP depuis longtemps. Bongouanou, Chef-lieu de la région a été l’une des forces motrices et zones chaudes de la désobéissance civile lors de la crise du « troisième mandat » de 2020. Aka Véronique, challenger historique d’Affi N’Guessan avait récolté en 2018, 25 703 voix contre 35 659 en 2023, soit une progression de 38,69%. Il est donc clair qu’elle a bénéficié du rejet de l’alliance du FPI avec le RHDP et des récriminations de l’électorat du Moronou de l’opposition et probablement de celui du RHDP qui vraisemblablement n’a pas suivi le mot d’ordre du partenariat (RHDP/FPI). UN SCRUTIN APAISE MAIS…. Le scrutin du samedi 2 septembre 2023 s’est globalement déroulé dans le calme avec des incidents localisés et circonscrits à quelques localités. Sur les 201 communes, 199 résultats et 30 régions sur 31 ont pu être rendus publics en attendant la région du Guémon (Ouest) et les communes de Kouibly (Ouest) et Sarhala (Nord) où il y a eu des agressions et autres exactions sur le personnel de la CEI. <! Aussi, de nombreux déséquilibres territoriaux, dysfonctionnements organisationnels, irrégularités et fraudes ont été dénoncés lors de ces élections, mais selon plusieurs observateurs, cela n’est pas de nature à discréditer le scrutin dans son ensemble et remettre en cause les résultats.
1- Déséquilibre régional et municipal S’agissant des déséquilibres, on note sur le découpage des circonscriptions : Pour les régions :Grand Nord : 10 (Folon, Kabadougou, Bagoué, Béré, Tchologo, Poro, Bafing, Worodougou, Hambol, Bounkani)  Grand Ouest : 10 (Tonkpi, Cavally, Guémon, Haut-Sassandra, Marahoué, Nawa, Gôh, Loh-Djiboua, San Pedro, Gboklé)  Grand Sud : 03 (Agneby-Tiassa, Grands Ponts, La Mé)  Grand Centre : 04 (Bélier, N’Zi, Gbêkê, Iffou)  Grand Est : 04 (Moronou, Sud-Comoé, Gontougo, Indenié-Djuablin) Pour les communes :  Grand Nord : 73 communes  Grand Ouest: 51 communes Grand Sud: 29 communes Grand Centre: 24 communes Grand Est: 24 communes Selon certains observateurs, ce découpage administratif et politique avantagerait de facto le RHDP dans son fief du Grand Nord et déséquilibrerait le principal parti d’opposition le PDCI-RDA dans le Grand Centre. Toutefois, il faut rappeler que ce déséquilibre dans le découpage communal est antérieur au régime RHDP. Le nombre de Communes en Côte d’Ivoire était de cent quatre-vingt-dix-sept (197) depuis 1998. C’est seulement en 2018 que quatre (04) nouvelles localités, à savoir, Attiégouakro (Centre), Gbéléban (Nord), Assinie Mafia et N’Douci (Sud), ont été érigées en communes portant désormais le nombre de communes en Côte d’Ivoire, à deux-cent un (201). Rappelons aussi que le régime Gbagbo avait entamé une politique de communalisation générale du pays qui devrait “rééquilibrer” les choses mais en mars 2012, 1.126 communes créées par la Refondation ont été supprimées. Selon le gouvernement, ces communes avaient été “créées sans qu’aient été prises en compte le niveau de leur population, ainsi que leur capacité à dégager les ressources nécessaires à leur équilibre budgétaire.” Par contre pour les régions, le régime RHDP en a créé plusieurs depuis son arrivée au pouvoir. En effet, dix (10) régions ont été créées en 1991, neuf (09) entre 1996 et 2000 ramenant le pays à 19 régions. Entre septembre 2011 et Juillet 2012, douze (12) nouvelles régions ont été créées, élargissant ainsi le champ de l’action régionale à 31 régions avec une grande majorité (06) dans le Grand Nord passant de 04 à 10 régions (Bounkani, Folon, Béré, Bagoué, Tchologo, Hambol). 2- Dysfonctionnements et irrégularités Si le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme sur l’ensemble du territoire, on note toutefois quelques disfonctionnements et irrégularités dans l’organisation. Le Consortium des organisations de la société civile pour les élections en Côte d’Ivoire (COSCEL-CI) qui a déployé 419 observateurs fixes et 122 observateurs mobiles à travers tout le pays a relevé 243 incidents critiques constatés durant la période de vote, entre autres : interdiction aux observateurs de rester en permanence dans les Bureaux de vote, manque de matériel électoral, principalement isoloir, kit d’authentification biométrique et encre indélébile, suspension des opérations de vote, endommagement du matériel électoral, harcèlement et violence, insuffisance de personnel, corruption d’agents électoraux, retard dans l’ouverture des centres et bureaux de vote, etc. Aussi, plusieurs candidats et équipes de campagne du pouvoir comme de l’opposition dénoncent de nombreux cas de fraudes, qui pour l’heure ne sont pas encore avérées en attendant le jugement du Conseil d’Etat, arbitre des élections locales. 3- Relative participation électorale En termes de participation électorale, les résultats de ces élections locales pourraient être «nuancés » au regard de l’abstention particulièrement élevée (63,82% pour les municipales, 55,39% pour les régionales) et; même s’il y a une certaine constance par rapport à 2018 où le taux de participation était de 45,07 % aux régionales et 35,79 % pour les municipales. Notons que cette année sur les 5 433 298 inscrits dans les régions (Hors Districts d’Abidjan et de Yamoussoukro), seulement 2 423 741 personnes ont effectivement voté, ce qui représente une participation d’environ 44,61%. De même, sur les 5 335 302 inscrits dans les communes, seuls 1 930 509 ont voté, soit une participation d’environ 36,18%. Ces chiffres indiquent une participation relativement faible, ce qui peut être attribué à divers facteurs tels que le désintérêt politique, le désenchantement post-crise, la méfiance envers le processus électoral ou encore des obstacles logistiques.
II- PERSPECTIVES : QUE RETENIR DE CES ELECTIONS ? Les résultats des élections municipales et régionales du 2 septembre auront des implications importantes et conséquences majeures sur la scène politique ivoirienne : Leçon 1: Évolution du paysage politique Ces élections soulignent l’évolution du paysage politique en Côte d’Ivoire avec désormais trois (03) forces en présence (RHDP, PDCI-RDA et PPA-CI) ; et montrent la volonté des ivoiriens de tourner peu à peu la page de la crise politique de 2020. Toutefois, le pouvoir et l’opposition restent encore très divisés comme en témoignent les résultats et les critiques contre le processus. Le dialogue politique devra se poursuivre pour assurer des élections apaisées en 2025. Elles pourraient aussi favoriser le rapprochement des différentes forces politiques en vue des prochaines présidentielles (PDCI-RDA/PPA-CI et RHDP/FPI). Et 2025 s’annoncent désormais comme un duel entre le RHDP/FPI et une alliance PDCI-RDA/PPA-CI. De ces résultats, le RHDP a pris une large avance dans le choix de ses “directeurs de campagne”. L’opposition, si elle veut contrebalancer le jeu doit urgemment rattraper le retard après les élections sénatoriales du 16 septembre 2023. Leçon 2: Diversité du paysage politique Ces résultats montrent également la diversité du paysage politique, avec des candidats sans étiquette (indépendants, parfois proches des partis politiques traditionnels) obtenant des résultats significatifs. Cela souligne également l’importance de l’écoute des aspirations et des préoccupations des électeurs, et la nécessité pour les partis politiques d’adapter leurs stratégies de sélection des candidats en conséquence. L’alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI et celui du RHDP et le FPI démontre la capacité des partis à se « transcender » et à former des coalitions pour atteindre leurs objectifs. Le RHDP demeure la première force politique du pays. Sa victoire écrasante dans les régions et les communes renforce sa position en tant que parti politique prédominant du pays et consolide le pouvoir du président Alassane Ouattara avant 2025. Mais, il devra répondre à quelques mécontentements dans le Grand Centre, l’Est et le Centre-Ouest. Cependant, les résultats du PDCI-RDA et du PPA-CI montrent que l’opposition reste présente et qu’elle est capable de remporter des victoires électorales malgré les défis rencontrés. Les alliances sont une piste porteuse pour une opposition plus compétitive. Du côté du PDCI-RDA, bien que le parti ait réussi à remporter quelques régions et communes, il est confronté à un défi majeur en termes de concurrence politique avec le RHDP. Il devra dépasser son repli et trouver des moyens de renouveler son offre politique pour reconquérir l’électorat. Pour le PPA-CI, ces résultats sonnent comme l’écho de la dislocation de la gauche ivoirienne et du décalage entre la ferveur des organes centraux du parti et la réalité du terrain. Il faudra désormais une véritable « catharsis » pour tourner définitivement la page de 2010 et se rendre à l’évidence que le « nom » seul de Gbagbo ne suffit plus à mobiliser les électeurs dans les urnes. Il faudra de nouvelles stratégies pour reconquérir notamment les jeunes électeurs dont plusieurs n’ont pas connu le régime de la refondation, 13 ans après la perte du pouvoir. Leçon 3: L’Alliance comme “voie de salut” pour l’opposition L’alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI qui a permis d’obtenir des victoires significatives, pourrait être un signe de l’évolution de cette alliance, en particulier, pour les prochaines élections présidentielles en 2025. Ainsi, pour l’opposition, le défi est désormais de former une coalition crédible capable de contester le RHDP dans deux (02) ans. Du côté du pouvoir, l’enjeu sera de conserver cet ancrage territorial pour aborder sereinement la prochaine présidentielle de 2025. Leçon 4: Repenser l’organisation des élections et reformer la CEI Au-delà de tout, il est aussi essentiel de noter que la faible participation électorale soulève des questions sur la représentativité de ces résultats et la légitimité de la Commission Electorale Indépendante (CEI) en charge de l’organisation des élections. Il faudra repenser la CEI notamment la composition des 583 Commissions électorales locales ou CEL (Commune, Sous-Préfecture, Département, Région) et le management de l’institution (le mode de recrutement du personnel, le mode opératoire des élections, la formation des agents, les modalités de publication des résultats, etc.) et créer les conditions d’une éducation électorale pour inciter les populations à se mobiliser pour les élections avant les présidentielles de 2025 (J’aborderai plus en détail la réforme de la CEI dans une prochaine chronique) Enfin, les perspectives futures de ces élections municipales et régionales dépendront de la capacité des acteurs politiques à travailler ensemble malgré les divergences idéologiques, stratégiques et les rivalités passées. La consolidation de la démocratie en Côte d’Ivoire nécessitera des efforts concertés pour promouvoir la transparence électorale, l’inclusion politique et le respect des droits de l’homme. Ces élections municipales et régionales ont ouvert la voie à de nouveaux défis et opportunités politiques, et il sera crucial de les aborder de manière constructive pour favoriser la stabilité et le développement du pays. CONCLUSION En conclusion, les résultats des élections municipales et régionales du 2 septembre ont été le révélateur des rapports de forces politiques en Côte d’Ivoire et ont ouvert la voie à de nouvelles dynamiques et alliances. Ils confirment la domination du RHDP dans le paysage politique ivoirien qui a obtenu une victoire électorale majeure en remportant la majorité des régions et communes, mais révèlent que l’opposition a également montré sa résilience en remportant des localités importantes. Cependant, la participation électorale relativement faible et les dysfonctionnements organisationnels soulèvent des questions à traiter en urgence avant 2025.  Il est donc essentiel de prendre en compte ces facteurs dans l’interprétation des résultats électoraux et de considérer les perspectives d’évolution politique à la suite de ces élections. L’avenir politique de la Côte d’Ivoire dépendra de la manière dont ces résultats seront gérés et des mesures prises pour résoudre les problèmes persistants; et de la capacité des acteurs politiques à collaborer et à travailler ensemble pour promouvoir la démocratie et le développement. Par Magloire N’déhi Analyste politique

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1 réflexion au sujet de « Analyse des élections locales: “Il faut repenser l’organisation des élections et reformer la CEI” (Magloire N’Déhi, analyste politique) »

  1. 1- Belle contribution dans son ensemble. Bon, je constate que l’on parle de la “résilience” du PDCI. Quelle résilience quand on perd des communes et des régions (de 2018 à 2023) ? C’est étrange ce raisonnement de course vers l’arrière. Au nom de quoi parle-t-on de résilience quand l’écart entre vous et votre adversaire direct s’accroît d’échéance à échéance ? Le PDCI est plutôt en perte de vitesse ou en reculade. Il faudra arrêter de leur faire croire qu’ils doivent se lancer des satisfecits alors qu’ils perdent du terrain. Ils doivent revoir leur offre politique. Que nous dira-t-on quand aux prochaines échéances ils perdront bien de députés ?
    2- Effectivement, le découpage doit être revu mais sachons que ce découpage est en grande partie l’œuvre du PDCI. Il faut à mon sens que les groupes parlementaires PDCI et PPA-CI introduisent une loi au parlement. Qu’est-ce qui les en empêche ? C’est aussi ça jouer son rôle d’opposants. Ça forcera un débat et mettra ce volet au-devant de la scène politique. Faut pas tout attendre du pouvoir et retourner dans son salon. Les opposants de notre pays doivent pleinement prendre la place qui est la leur. On observe….

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