497 coup-d’États recensés depuis 1950 pour diverses raisons « pauvreté, élections truquées, augmentation des pouvoirs présidentiels etc »

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français opposés à l’indépendance de l’Algérie font sédition et s’emparent d’Alger avec des légionnaires et parachutistes, défiant le général de Gaulle au pouvoir…Le putsch des généraux Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller, en liaison avec le général Raoul Salan qui les rejoint le 23 depuis l’Espagne, sera bref, à peine cinq jours, et il échouera.

Depuis 1950, près de cinq cents coups d’Etat tentés ou réussis, surtout en Amérique du Sud et en Afrique

Par Romain Geoffroy  et Pierre Breteau

Des chercheurs américains ont recensé des tentatives de putsch, réussies ou non, dans 97 pays La Bolivie, l’Argentine et le Soudan sont les pays les plus concernés.

Il y a cinquante ans, le 11 septembre 1973, un coup d’Etat militaire plongeait le Chili dans la dictature du général Augusto Pinochet. Si les coups d’Etat étaient assez fréquents en Amérique latine jusque dans les années 1980, ces trente dernières années ils se sont davantage déroulés sur le continent africain, avec une résurgence, ces dernières années, dans la ceinture sahélienne – Tchad, Niger, Gabon, Burkina Faso, Guinée, Soudan, Egypte…

Deux politologues américains, Jonathan Powell et Clayton Thyne, ont publié en 2011 une étude statistique de référence recensant les coups d’Etat – réussis ou manqués – dans le monde depuis 1950. Des données qu’ils mettent à jour constamment depuis. Au total, ils comptabilisent 491 coups d’Etat dans 97 pays durant ces soixante-treize dernières années.

L’Afrique concentre l’essentiel des coups d’Etat à partir des années 1990

Les coups d’Etat de 1950 à 2023, réussis ou non. Ils sont classés par continent et par date.

Prédominants en Amérique latine dans les années 1950, les putschs y ont considérablement diminué dès la fin des années 1970, pour pratiquement disparaître dans les années 1980, d’après le décompte des universitaires américains. Une évolution qui coïncide « avec une nette amélioration de la situation économique de la région, qui l’a rendue plus étroitement liée à l’économie mondiale », explique au Monde Jonathan Powell. « Avec la fin de la guerre froide, les acteurs internationaux (Etats-Unis, URSS) ont perdu tout intérêt à promouvoir spécifiquement les coups d’Etat, et avec la disparition des intérêts soviétiques dans la région, les Etats-Unis sont devenus moins enclins à accepter les coups d’Etat », analyse le chercheur de l’université de Floride centrale (UCF).

Pour M. Powell, plusieurs facteurs contribuent aux coups d’Etat, tels que la pauvreté, une faible croissance économique, l’instabilité intérieure (insurrection, terrorisme) ou des dirigeants considérés comme illégitimes (élections truquées, augmentation des pouvoirs présidentiels, etc.). A cela, il faut ajouter « des questions constantes d’ingérence étrangère dans la politique nationale et un ensemble plus large de puissances internationales (Etats-Unis, France, Russie, Chine) aux intérêts différents ».

Aucun de ces problèmes n’est propre à l’Afrique, mais ce continent « présente certainement une plus grande concentration de ces facteurs que d’autres régions du monde », juge le chercheur, alors que cette région du monde concentre la grande majorité des coups d’Etat depuis les années 1990.

Davantage de coups d’Etat dans les pays du Sud
Cette carte représente les coups d’Etat dans le monde de 1950 à 2023. La taille des cercles sur les pays concernés est proportionnelle au nombre de coups d’Etat réussis ou manqués.

Depuis le début du décompte, en 1950, plusieurs pays se singularisent par la fréquence des coups d’Etat. La Bolivie occupe la première place de ce classement, avec un total de vingt-trois tentatives (douze « réussies », onze « manquées », la première se déroulant dès juillet 1950), devant l’Argentine, avec un total de vingt (sept « réussies » et treize « manquées »). Dans certains cas, le pouvoir tombe moins facilement que dans d’autres : ainsi, le Venezuela compte treize coups d’Etat (tous manqués), idem pour les cinq relevés dans les Philippines.

A l’inverse, au Pakistan ou en Egypte, les quatre coups d’Etat recensés en trois quarts de siècle ont tous abouti.

LeMonde Afrique

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