Ils sont mal placés pour donner des leçons

C’est depuis 2009 qu’Ali Bongo Ondimba (ABO) est au pouvoir. Il avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba. Celui-ci régna sur le Gabon pendant 42 ans, enrichissant sa famille, son clan et la France avec le pétrole gabonais pendant que 95% des Gabonais manquaient de routes, d’hôpitaux, d’écoles et d’emplois.

Malgré l’AVC dont il fut victime en Arabie Saoudite, le 24 octobre 2018, ABO veut se maintenir au pouvoir. Pour cela, il organisa un simulacre d’élections, le 26 août 2023. Tout se passa à huis-clos. Ni les observateurs ni les journalistes étrangers ne furent autorisés à venir dans le pays pour suivre le déroulement de cette élection à un seul tour. Pire encore, Internet fut coupé sur l’ensemble du territoire national. Pour ABO, cette façon de procéder, qui n’a rien de démocratique, n’a pas d’autre but que de frauder et de confisquer le pouvoir.

Si un tel homme est renversé dans un mois ou dans une année, croyez-vous que les Gabonais qui subissent les Bongo depuis 56 ans seraient mécontents et qu’ils ne soutiendraient pas les putschistes? Le peuple togolais ne se réjouirait-il pas si ses militaires faisaient un coup d’État à Faure Gnassingbé qui est à la tête du Togo depuis 2005, année où la mort emporta son père qui dirigea le Togo d’une main de fer pendant 4 décennies? Nul doute que la disparition de ces deux dynasties comblerait de joie Gabonais et Togolais et que ces derniers feraient la fête plusieurs jours durant comme au Ghana (1979 et 1981), en Haute-Volta (1983) ou en Côte d’Ivoire (1999) lorsque des régimes corrompus, autoritaires et tribalistes furent balayés par Jerry Rawlings, Thomas Sankara et Robert Gueï.

Cessons d’être hypocrites en disant que tous les putschs sont mauvais. Cessons de condamner tous les coups d’État. Je suis de ceux qui pensent que certains coups d’État sont salutaires et qu’il est nécessaire que des soldats sortent de leurs casernes quand des civils ont échoué à apporter aux populations le minimum qu’on puisse attendre d’un serviteur de l’État.

La Cédéao inféodée à la France est contre le renversement de Bazoum qui jugeait les militaires nigériens moins aguerris que les terroristes mais combien de Nigériens sont-ils descendus dans la rue pour réclamer son retour au pouvoir? Dramane Ouattara, qui milite aujourd’hui pour une intervention militaire au Niger afin de rétablir un prétendu ordre constitutionnel, ne compara-t-il pas le coup d’État contre Henri Konan Bédié à la révolution des Œillets intervenue en avril 1974 au Portugal? En violant la Constitution ivoirienne en 2020 pour briguer un troisième mandat, n’a-t-il pas fait un coup d’État? Macky Sall, qui a emprisonné Ousmane Sonko et dissous le Pastef, peut-il se plaindre d’un attentat à la démocratie au Niger? Le gouvernement de Macron n’a-t-il pas utilisé le 49.3 à 11 reprises pour faire passer des mesures impopulaires? Comment Charles de Gaulle accéda-t-il au pouvoir? Au lieu de s’agiter, ces trois hommes devraient méditer ce proverbe africain: “Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait les fesses propres.”

Jean-Claude DJEREKE

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