L’Ivoirienne Marie Josée Ta Lou a validé son ticket pour la finale du 100 mètres dames aux mondiaux d’athlétisme de Budapest 2023. Marie-Josée Ta Lou a réalisé une démonstration en maîtrisant sa demie en 10″79, dans le même centième que l’Américaine Shericka Jackson mais en se relâchant légèrement sur la fin.
RICHARDSON, TA LOU ET JACKSON : LES TROIS FUSÉES POINTÉES VERS L’ASTRE FRASER-PRYCE
Quintuple championne du monde du 100m, Shelly-Ann Fraser-Pryce tentera, à 36 ans, de décrocher sa 6e couronne sur la distance. Mais la concurrence n’a peut-être jamais été aussi féroce. Focus sur la reine du sprint et les trois principales adversaires qui tenteront de lui ravir son trône lundi (demies et finale) : Sha’Carri Richardson, Marie-Josée Ta Lou et Shericka Jackson.
FRASER-PRYCE, LA REINE QUI DÉFIE LE TEMPS
Son palmarès sur 100m : Cinq titres mondiaux (2009, 2013, 2015, 2019 et 2022) et deux sacres olympiques (2008 et 2012)
Son record personnel : 10″60 (2021)
Une blessure au genou a néanmoins contrarié ses plans cette saison. Il lui a fallu attendre début juillet, soit tout juste un mois avant le début des Mondiaux, pour effectuer son retour à la compétition. « C’est une situation nouvelle pour moi de commencer ma saison si tard en revenant de blessure », déplorait-elle le mois dernier. « Je ne suis pas encore remise à 100% de ma blessure je dois dire ».
Quelques semaines ont néanmoins passé et « Pocket Rocket » a depuis rassuré la planète athlé en signant deux solides performances à Lucerne (10″82) et Madrid (10″83). Sans forcer, elle a remporté sa série dimanche, en 11″01. Mais pourra-t-elle élever, en demies puis en finale, son niveau à hauteur de ses standards passés ? Le mystère plane. Mais il le faudra bien si Fraser-Pryce veut élargir sa collection en or, vu la concurrence rassemblée à Budapest.
RICHARDSON, L’IMPÉTUEUSE AU PASSÉ TROUBLE
Son palmarès sur 100m : Première participation en grands championnats
Son record personnel : 10″71 (2023)
Son exubérance attire tous les regards. Par ses longues tresses jaunes et rouges et ses ongles interminables. Mais aussi par son attitude, à la limite de l’arrogance sur la piste de Budapest ce dimanche. Autrice du meilleur temps des séries (10″92), l’Américaine s’est fendue d’un geste de main désinvolte au moment de franchir la ligne. Une manière de marquer son territoire, sans doute, qui n’a pas forcément été du goût de notre consultant Stéphane Caristan.
À 23 ans, la texane incarne la relève US du sprint depuis quelques saisons déjà. Mais elle ne dispute en Hongrie que sa toute première grande compétition internationale. Elle avait validé son billet pour les JO de Tokyo ? Celui-ci lui a finalement été retiré pour un contrôle positif au cannabis, avec une petite suspension d’un mois comme punition.
En difficulté sportive et personnelle l’an dernier, elle n’était cette fois pas parvenue à se qualifier pour les premiers Mondiaux disputés sur le sol américain, à Eugene. Une piste qu’elle a bien foulée un an plus tard, le 6 juillet dernier lors des sélections américaines, pour décrocher son ticket pour Budapest en hissant son record personnel à 10″71, soit le 2e meilleur chrono de l’année.
Est-ce pour elle la fin des déboires ? Richardson s’avance en tout cas avec une jauge de confiance qui déborde. Elle a gagné cette année neuf des dix 100m qu’elle a courus et compte quatre des sept chronos les plus rapides de la saison. « Je ne suis pas de retour, je suis meilleure », se plaît-elle à répéter, aussi prolifique sur les réseaux sociaux qu’elle se fait silencieuse dans les médias. « Je suis prête, mentalement, physiquement, et émotionnellement. Et je suis là pour rester », lançait-elle début juillet, dans une de ses très rares déclarations.
TA LOU, L’ÂGE DE RAISON ?
Son palmarès sur 100m : 2e et 3e aux Mondiaux (2017, 2019) et deux fois 4e aux JO (2016 et 2021)
Son record personnel : 10″72 (2022)
L’Ivoirienne fait partie de la génération de Fraser-Pryce et va fêter ses 35 ans le 18 novembre prochain. Ses débuts ont été plus timides que la Jamaïcaine. Mais depuis sa 4e place à Rio en 2016, elle s’est installée dans le cercle des meilleures sprinteuses mondiales. Elle semble se bonifier avec le temps. Cela fait trois saisons de rang qu’elle passe sous la barre des 10″80 : 10″78 en 2021, 10″72 en 2022 à Monaco (record d’Afrique) et 10″75 le 15 juin dernier à Oslo.
En juillet, le site olympics.com lui demandait si elle était plus forte que jamais : « Peut-être. Mais cette année, c’est différent. Je suis vraiment relax, je me dis que je n’ai pas de pression. Mon talent n’est plus à démontrer. Il y a encore de la marge, beaucoup de choses à faire progresser et je pense que je suis sur la bonne voie. »
Sa saison est jusqu’ici un quasi sans-faute. Elle a remporté ses onze dernières courses sur la distance, en comptant sa série remportée dimanche en 11″08. « Je cours vraiment après l’or et je crois que je peux le faire », ambitionne-t-elle.
JACKSON, DU TOUR DE PISTE À LA LIGNE DROITE
Son palmarès sur 100m : 3e aux JO (2021), 2e aux Mondiaux (2022)
Son record personnel : 10″65 (2023)
Ancienne spécialiste du 400m (bronze olympique en 2016), la Jamaïcaine s’est peu à peu tournée vers la vitesse. Une mue gagnante aux Mondiaux d’Eugene l’an passé, où elle a décroché son premier titre mondial (200m). Sur la ligne droite aussi, ses progrès ont été spectaculaires. Elle a retranché plus d’une demi-seconde son record entre 2019 et 2021, en prenant à Tokyo la médaille de bronze olympique (10″76). Jackson a grappillé une nouvelle place l’an passé, 2e aux Mondiaux d’Eugene, en abaissant à nouveau son temps de référence (10″73). Et vu la trajectoire qu’elle prend, il ne serait guère surprenant de la voir franchir la dernière marche.
Son chrono de 10″65, réalisé lors des sélections jamaïcaines, le 8 juillet, a résonné comme un coup de tonnerre. Elle signait non seulement la meilleure performance de l’année mais aussi la 5e de tous les temps, à égalité avec Marion Jones. À Budapest, une seule athlète possède ainsi une meilleure référence qu’elle : Shelly-Ann Fraser-Pryce, évidemment. Le 10″60 signé par sa compatriote à Lausanne en 2021 constitue toujours le 3e chrono de tous les temps, derrière la grande absente de ces Mondiaux, Elaine Thompson-Herah (10″54), victime des sélections jamaïcaines, et Florence Griffith-Joyner (10″49), dont le record du monde vient de fêter ses 35 ans.
L’ascension fulgurante de Jackson incarne en tout cas la densité exceptionnelle du 100m actuellement. Vingt-quatre athlètes ont déjà couru cette année sous les 11″. Un chrono qui aurait suffi à être sacrée championne du monde en 2007 (11″01 pour Veronica Campbell) … un avant le début de l’ère Fraser-Pryce.
(Avec AFP)
Commentaires Facebook