The Wall Street Journal photo Le Général Moussa Salaou Barmou, à gauche, principale voie diplomatique entre les États-Unis et la junte, a rencontré en juin le chef du Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine pour discuter de la politique antiterroriste.
Le général Moussa Salaou Barmou, longtemps courtisé par Washington comme partenaire contre l’extrémisme islamiste, s’est imposé comme la principale voie diplomatique entre les États-Unis et la junte.
Les commandants militaires américains ont été consternés le mois dernier lorsqu’une clique d’officiers supérieurs de l’armée a pris le pouvoir au Niger, le pays principal allié des États-Unis dans la lutte contre les militants islamistes en Afrique de l’Ouest.
Au Niger, les Américains ont leur « favori » au cœur de la junte: général Moussa Salaou Barmou
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La crise nigérienne née d’une guerre d’intérêts entre les grandes puissances, parce qu’il s’agit de cela, pourrait aboutir à une redéfinition du contexte géopolitique au niveau de la sous-région ouest africaine, principalement dans ce qu’on peut appeler désormais l’ancien pré-carré français. Au moment où Paris se prête aux provocations des putschistes, après avoir échoué dans sa tentative de déstabiliser la junte en se cachant derrière une opération militaire par la CEDEAO contre le Niger pour restaurer « le président démocratiquement élu » Mohamed Bazoum, Washington plus pragmatique et plus subtile dans sa diplomatie opte pour le dialogue afin de normaliser la situation. Et au-délà, maintenir toujours sa position voire la renforcer dans ce pays très stratégique pour la lutte contre le terrorisme, et au détriment de son allié de l’OTAN qu’est la France.
Comment?
Parmi les auteurs du coup d’État contre Mohamed Bazoum se trouve le général Moussa Salaou Barmou, patron des forces spéciales du pays, formé à la prestigieuse université nationale de la défense à Washington D.C. Il a été nommé chef d’état-major des armées par le nouvel homme fort du pays, Général Abdourahmane Tchiani. C’est en cette qualité qu’il a reçu, lundi dernier, la secrétaire d’État américaine par intérim, Victoria Nuland, dépêchée dare dare par Washington pour s’entretenir avec la junte. A ses côtés, se trouvaient trois autres colonels. Il apparaît bien sur la photo des officiers présents au studio de la Télé Sahel, annonçant la déposition du président Bazoum par le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie), le 26 juillet 2023.
L’issue des échanges entre Mme Victoria Nuland et les membres de la junte ne rend pas pessimiste le gouvernement américain. Les Américains ont un très proche allié, un pur produit de leur école militaire, au cœur de la junte. C’est du moins ce qui ressort d’un article de Wall Street Journal, paru hier mercredi, « At Center of Niger’s Coup Is One of America’s Favorite Generals » en traduction facile « Au cœur du coup d’État du Niger se trouve l’un des généraux favoris des États-Unis ». Et le sous-titre de l’article poursuit: «Le général Moussa Salaou Barmou, partenaire de très longue date de Washington dans la lutte anti-terroriste, a émergé en tant que canal diplomatique privilégié entre les États-Unis et la junte».
Qui est ce général très proche des américains?
🇳🇪🇺🇸 Grand merci au @General_Tchiani d’avoir refusé de recevoir la folle furieuse du département d’Etat américain Victoria “Fuck the EU” Nuland, et d’avoir également rejeté sa demande de visite à l’ami des terroristes Mohamed Bazoum.
Le fait que cette arrogante personne déclare… pic.twitter.com/QfIYjO8uyh
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) August 8, 2023
La nomination du Général Barmou à ce poste clé intervient le week, peu avant l’expiration de l’ultimatum fixé à la junte par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour rétablir le président déchu dans ses fonction, mais aussi après la visite de deux émissaires nigérians, l’ancien chef de l’Etat, le général à la retraite, Abdulsalami Abubakar et le sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammadu Sa’adu Abubakar qui ont tenté en vain une médiation.
«Pendant les deux semaines depuis le coup d’Etat, Barmou est devenu le principal canal diplomatique entre les Etats-Unis et la junte. Les officiers et les diplomates américains ont son numéro dans leurs téléphones et pensent qu’il est leur meilleure chance de restaurer la démocratie et de prévenir une sale guerre régionale qui plongerait l’une des régions les plus pauvres du monde dans une crise encore plus profonde» informe le quotidien américain.
Très ami des Américains donc, on raconte qu’il a invité chez lui des officiers américains pour dîner. Ce qui fait espérer le général de l’armée de l’Air à la retraite Mark Hicks (commandant les opérations des forces spéciales en Afrique pendant deux ans: 2017-2019) que le général Moussa Salaou Barmou sera un bon interlocuteur. Du côté de Washington, on soutient qu’il a joué un rôle de premier plan pour contre carrer les djihadistes dans leur évolution au Sahel et a été un bon collaborateur. En termes clairs, c’est un très ami proche des Américains.
Pourquoi les Américains tiennent au Niger?
Les Etats-Unis ont investi au Niger plusieurs centaines des millions de dollars US dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ils y disposent quelque 1100 hommes dont des éléments des forces spéciales et établis dans trois bases militaires (Niamey, Oualam et Agadez) et bien équipés en matériels de renseignements, de surveillance et de contrôle.
Un autre facteur est celui qui consiste à ne pas laisser le Niger tomber dans l’escarcelle des Russes et leur force paramilitaire, Wagner comme c’est le cas au Mali voisin.
A la lumière de tous les dessous de cette crise nigérienne, on comprend que les Américains ont opté pour la diplomatie, et ils ont été imités par la CEDEAO qui ravale ses propos belliqueux contre la junte pour maintenant « privilégier le dialogue ». Au grand dam de la France et ses affidés qui, à défaut d’une opération militaire pour déloger les putschistes de Niamey, compteraient sur une possible « rébellion » à l’interne. Car la chance d’un retour immédiat de Mohamed Bazoum au pouvoir s’amincit chaque jour davantage; la junte a déjà formé son gouvernement dirigé par un premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine bien connu des Nigeriens.
Oumar Kateb Yacine président du think tank panafricain-progressiste,
Institut Afrique Émergente
yacinebah@gmail.com
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