Koua Justin “je me suis rasé pour Nanan Bédié” son appel au président Ouattara

Chers chefs coutumiers,
Chers chefs de communauté,
Chers amis du PDCI-RDA,
Chers parents et amis,
Chers camarades de lutte,

Le pays vient de perdre un de ses illustres fils et, chacun de nous doit porter ce deuil-là.

C’est pourquoi vous me voyez complètement rasé. Chez nous les AKANS, en tout cas, chez les AGNIS, quand vous perdez un parent ou un être illustre, comme c’est le cas avec le Président BEDIE, vous devez vous raser.

Pourquoi je me suis rasé ? C’est vrai que l’Indenié a son Roi du nom de Nanan BOA Kouassi III, c’est vrai que le Djuablin a son Roi du nom de Nanan TIGORI Gnamien, c’est vrai que le Sanwi a son Roi du nom de Nanan AMON Ndouffou V, c’est vrai que le MORONOU a son Roi du nom de Nanan TEHOUA Ehoura, c’est même vrai que les baoulés en fonction de leur situation géographique ont leurs Rois, mais Nanan BEDIE était pour les AKANS en général, un grand et sage guide moral, un guide coutumier.

C’est vrai aussi qu’il n’était pas le référent politique de tous, notamment moi, mais, tous, autant que nous sommes, nous lui devons respect, considération et déférence.

Comprenez donc ma douleur.

Priez surtout pour sa femme, Henriette Bomo qui a partagé sa vie sur de longues et riches années.

Priez pour le président Gbagbo, lui qui avait des relations hautement cordiales avec Nanan BEDIE
Priez pour le président Ouattara, lui qui a toujours exprimé du respect à Nanan BEDIE.

Priez pour chacun d’eux afin que Dieu les console et les fortifie.

Maintenant quelles leçons tirons-nous de la mort brusque du président Bédié ?

Hier, c’était GOSSIO et N’DORI, hier c’était SANGARE et DOUATY, hier c’était GON Coulibaly et Hamed BAKAYOKO, et hier encore c’est WODIE, aujourd’hui c’est BEDIE.

Alors quelles leçons tirons-nous de ces nombreuses disparitions ?

La première leçon c’est que les ivoiriens doivent se rencontrer pour se parler dans un langage de vérité. Avant ça, je vais adresser deux doléances au Président Alassane OUATTARA.

Félicitation à lui pour le décret instituant les dix jours de deuil national et toutes les autres mesures subsidiaires.

Ma première doléance est qu’il use de tout son pouvoir pour reporter l’élection du 2 septembre 2023, afin que tous les fils et filles de la Côte-d’Ivoire s’impliquent dans l’organisation des obsèques de notre illustre disparu.

Ma deuxième doléance, c’est que le Président Alassane OUATTARA convie incessamment le Président GBAGBO pour échanger sur l’avenir et le devenir de la Nation. Après leur rencontre, le Président Alassane OUATTARA devra convier toutes les forces vives du pays à réfléchir sur les questions essentielles et vitales pour le pays.

Et, à mon avis, le premier sujet essentiel, est la construction de la Nation, il faut que nous cessions de vivre comme on vit actuellement en Côte-d’Ivoire. On n’est pas une Nation. Or on doit être une Nation, c’est-à-dire faire des 60 ethnies aux visages divers, aux cultures diverses, aux mœurs diverses, un même peuple, un monde un univers, un Grand Tout. Lequel constituerait l’unité formelle de la Nation.

La Nation doit être une totalité homogène et complète, qui efface les distinctions et les particularités, de sorte que l’intérêt national puisse s’imposer pur et sans mélange à tous.

Ainsi, nous cesserons d’être une superposition d’ethnies les unes sur les autres, une superposition de communes les unes sur les autres.

Si nos grands leaders ne nous aident pas maintenant pour que nous soyons un même peuple, nos différentes ethnies continueront de se bagarrer en se rangeant derrière les leaders de leurs communautés.

Deuxième sujet important c’est la République. Il faut que nous pensions à nous donner des Instructions fortes, impartiales et indépendantes, qui, en toutes circonstances, ne penseront qu’à l’intérêt général et non aux intérêts de leurs communautés de famille.

Le troisième sujet important c’est la démocratie. En Côte-d’Ivoire et en Afrique, on donne l’impression que la démocratie se résume en l’organisation des élections. Mais ce n’est pas vrai. La démocratie, c’est d’abord la consultation régulière du peuple sur les grands sujets liés à la marche de la Nation. La démocratie, c’est la liberté de penser et d’expression garantie à chaque citoyen sans qu’il soit menacé dans son intégrité physique.

Naturellement, si nous avons des institutions fortes, indépendantes et impartiales, l’organisation des élections ne pourra plus faire peur à aucun citoyen, quel qu’il soit. Mais tant qu’on aura une République avec des Institutions jouant le rôle de béquille pour une communauté de famille et, donnant l’impression d’ignorer la voix des autres communautés de famille, on sera toujours dans la crainte quand adviennent les élections.

Voici les doléances pour lesquelles j’en appelle au chef de l’état Alassane Ouattara.

Songeons à donner des fondamentaux solides pour notre pays

Pour rappel, la France, après sa Révolution de 1789, s’est davantage consacrée à construire la Nation française, la République, la citoyenneté et la démocratie plus qu’autre chose.

Que tous nos leaders politiques, nos leaders de la société civiles, nos leaders religieux concourent à cela pour le bonheur des ivoiriens et des ivoiriennes.

Parce que les ivoiriens aspirent vivement vivre en paix, sous le commandement des lois qui garantiraient leur liberté et leur sécurité, le chef de l’État doit en faire sa priorité des priorités.

Que Dieu bénisse la Côte-d’Ivoire !
Je vous remercie

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