Ailleurs, au quartier Bracodi, un autre établissement scolaire primaire est perdu parmi les nombreux magasins de vente d’appareils électroménagers. L’on a du mal à retrouver le portail de l’établissement. Les lycées modernes Nangui Abrogoua 1 et 2, le lycée moderne Adjamé Harris, le groupe scolaire Satigui Sangaré connaissent tous le même sort. Ces établissements secondaires et primaires situés, au milieu des marchés subissent le vacarme produit par les cris et appels faits aux clients, à travers des mégaphones, par les vendeurs. A cela, s’ajoutent les bruits des véhicules.
Parents d’élèves impuissants
Les parents d’élèves sont impuissants face à la situation. « C’est par manque de moyens que l’on accepte que son enfant fréquente ces écoles. Tout parent souhaite que sa progéniture étudie dans la quiétude », explique M. Souleymane. Puisque tout ce qui se passe dehors est susceptible de détourner l’attention des enfants. Pour lui, l’environnement immédiat d’un établissement scolaire doit être saint. C’est aussi l’avis de B.I. éducateur dans un établissement scolaire privé.
École buissonnière
« De notre temps, c’est vrai qu’on entendait les bruits en provenance du marché. Mais c’est différent de ce qui se passe aujourd’hui, avec des commerçants qui tiennent des mégaphones pour attirer la clientèle. « La situation est devenue encore plus grave », explique cet ancien élève du lycée moderne Nangui Abrogoua d’Adjamé. « Le pire est que ce désordre profite aux enfants friands de l’école buissonnière », indique Soumahoro M., instituteur. « L’enfant traîne dans le marché sans qu’on ne lui prête attention. Puis il retourne à la maison le soir, comme ses camarades ».Pour expliquer que les enseignants ne peuvent rien changer à l’existence d’un tel environnement malsain à l’éducation des enfants, il confie avec amertume : « quand on vous affecte dans une école, vous venez enseigner. C’est tout. Qu’est- ce que vous pouvez d’autre ? ».
Apparemment, les parents d’élèves non plus ne peuvent rien contre. En effet, certains avaient entrepris de s’opposer à la construction des premiers magasins autour du groupe scolaire du château à Adjamé. Mais leurs démarches n’ont rien donné. Car ces magasins ont été construits et on continue d’en construire.
La Mairie complice ?
« C’est vrai que nous constatons tous que les établissements scolaires sont envahis par les marchés. Mais ce sont ces marchés qui aident ces écoles-là », confie Soumahoro M. En effet, explique-t-il, soit c’est la mairie qui construit ces magasins, soit l’espace est octroyé à un opérateur économique qui construit les magasins. Il contribue dans certains cas à la réhabilitation de l’établissement, en faisant des constructions en hauteur. Ainsi les magasins lui reviennent. L’instituteur affirme que c’est souvent un deal entre les responsables d’école, la mairie et ces opérateurs économiques à la recherche d’espaces pour construire des magasins.
Nous nous sommes rendus mercredi 12 juillet 2023, à la mairie d’Adjamé. Précisément à la direction technique pour en savoir plus sur cette affaire. Le directeur technique étant absent, sa secrétaire nous conduit chez le sous-directeur chargé de la construction. Mais ce dernier explique qu’il faut que son chef l’autorise à nous parler. En plus, il ne pourra pas nous recevoir car il a une réunion dans les heures qui suivent.
Diomandé Karamoko
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