« A Man, nous ramenons cette diaspora qui avait perdu espoir avec la parenthèse rebelle »

« Nous portons un projet de jumelage, d’échanges technologiques avec Eindhoven/Brainport, ‘la Sillicon Valley’ des Pays-Bas et même de toute l’Union Européenne »

« Mon histoire avec Guirao, Blé Goudé, Soro, Pickass et les autres »

Nous vous proposons la 2e partie de l’interview avec le candidat indépendant Alexis Douadé Gbansé de la liste #MairiedeMan2023cNOUS #TeamAGD. La troisième et dernière partie de l’interview qui traite du programme communal de la liste #MairiedeMan2023cNOUS #TeamAGD sera mise en ligne dans le courant de la semaine prochaine. Ensuite l’équipe de campagne du candidat organisera des live sessions sur Facebook pour échanger et répondre aux questions des habitants de la ville, surtout des plus jeunes qui ne votent pas généralement. Ceux-là mêmes qui ne croient plus à la vieille classe politique en place depuis les temps coloniaux.

Interview réalisée par Sylvain Debailly

Vous qui vivez depuis longtemps en Europe, soit 25 ans aux Pays-Bas après quelques années passées en Allemagne, votre pays d’accueil en 1994, y a-t-il un modèle en matière de gestion communale qui vous inspire et que vous voudriez implémenter ici ?

Que ce soit en Allemagne ou aux Pays-Bas, les mairies consacrent en moyenne le tiers de leurs dépenses aux services sociaux. Ce qui est en fort décalage avec nos réalités ici en Côte d’Ivoire. Les services sociaux sont les prestations pour les chômeurs ou par exemple aux handicapés, les programmes de lutte contre la pauvreté à travers des aides financières aux ménages les plus démunis et les allocations budgétaires aux différents services sociaux. Certains secteurs d’activité tels que la culture peu rentable, sont subventionnés par les communes. C’est ce genre de mairie que je souhaite à Man. Une mairie au service de ses contribuables les moins nantis, une mairie solidaire. N’oublions pas que du bien-être social découlent par exemple la sécurité communale et la réussite scolaire des enfants. S’il y a moins de chômeurs, automatiquement, il y a moins de de délinquance, donc moins d’insécurité. Un second point que je voudrais toucher en réponse à votre question est la transparence de la gestion financière. Nous voulons une mairie dont les rapports financiers et les procès-verbaux des conseils sont librement accessibles à tout citoyen qui visite notre site internet. Nous allons innover avec un rapport d’activités et de dépenses annuels accessibles à tout citoyen de notre commune. C’est en combattant l’opacité que nous pouvons efficacement agir contre la corruption.

Si on prend le cas collectivités dites « décentralisées » sur l’année 2019 et je cite textuellement le rapport comptable et financier de leurs Directions au sein du ministère de tutelle ”Les mandements ont porté en grande partie sur les dépenses de fonctionnement avec 164,8 milliards, soit 71,78 % des dépenses globales dont 52,1 milliards de charges de personnel, soit 22,69 % et 112,7 milliards soit 49,09 % pour les dépenses de fonctionnement hors personnel.

Les charges de fonctionnement des Collectivités Décentralisées sont passées de 96 milliards en 2016 à 164,8 milliards en 2019, soit une augmentation de 68,8 milliards en 3 ans. Cela montre l’éloignement des Collectivités Décentralisées de leur mission initiale de création de richesse. Les quelques actions sociales qui ont retenu l’attention des autorités locales représentent environ 9,71 % des dépenses de fonctionnement ». Il nous faut inverser cette tendance en privilégiant l’investissement. L’investissement dans le social c’est-à-dire l’école, la santé, le soutien aux plus démunis, la voirie communale, les loisirs…

En Côte d’Ivoire élection rime avec argent, on laisse peu de places pour les idées. Est-ce que vous allez vous aussi délier la bourse et distribuer l’argent aux électeurs pour ainsi rentrer dans le contexte comme on dit ici ou alors vous allez faire campagne à l’européenne, sans donner d’argent ?

C’est vrai que les dépenses de campagne en général ne sont pas limitées par la loi en Côte-d’Ivoire, comme dans tout pays démocratique qui se respecte. C’est dommage ! Tout comme l’absence d’un second tour aux municipales. Sur cette question d’argent dans la campagne, je rappelle sans cesse aux Manois la célèbre phrase du président Laurent Gbagbo face au premier président de la Côte d’Ivoire indépendante Félix Houphouët-Boigny en 1990 et qui disait ceci : « Si on vous donne l’argent prenez et bouffez pian ! car c’est votre argent qu’ils ont détourné ». Pour vous dire que je ne souhaite pas me joindre à ce qui pourrit les élections dans mon pays, la corruption et le déni de vraie démocratie à presque toutes les étapes du processus. Ces gestes sont pourtant interdits par le code électoral. C’est pourquoi nous proposons la gratuité des extraits de naissance pour tous les nouveau-nés dans la commune pendant notre mandat. Nous offrons aussi la gratuité de la première Carte nationale d’identité (Cni) à tous les jeunes de 18 à 25 ans. Toutes ces mesures ont pour but d’éviter que les électeurs se laissent corrompre par les candidats qui payent la confection de leurs documents dans l’intention de les embrigader, juste le temps d’une élection. La question identitaire a fait trop de dégâts à notre pays pour qu’on la laisse aux mains des candidats politiciens aux élections.

Pensez-vous avoir des chances de l’emporter avec cette réalité ? Comment évaluez-vous vos chances de gagner ?

Eh bien ! Je vais vous surprendre M. Debailly. Je vais remporter cette élection parce que je n’ai jamais perdu d’élection dans ma vie. Quand je décide de me présenter c’est que je sais que je ne vais pas perdre. Je sais mes stratégies que nous déployons déjà progressivement. Mais souffrez que je les garde secrètes pour le moment (rires). Tout comme ma liste de 45 conseillers que je garde jalousement encore quelques semaines.

Ma liste ramène la diaspora à Man

Cette diaspora qui ne croyait plus en sa ville après la parenthèse rebelle

Nous apportons l’innovation et la transparence dans notre commune

Avec nous, les touristes reviendront à Man comme par le passé. Nous allons donner de la visibilité à notre ville et la rendre attractive. Mon programme créera des liens forts entre Man et ma ville de résidence Eindhoven aux Pays-Bas. Pour votre gouverne, nous amenons sur notre feuille de route un projet de jumelage entre les deux communes. Ainsi après Besançon en France, Man pourra être jumelée avec une seconde ville européenne. Je vous informe qu’Eindhoven est la «Silicon Valley » de l’Europe, à l’avant-garde du Hightech.

Pouvez-vous retracer pour nos lecteurs la petite histoire de votre établissement en Europe, vous l’ancien étudiant de l’université de Cocody, militant des premières heures de la Fesci ?

Effectivement. Mon BAC A1 avec la mention assez bien en poche en 1993, je me suis inscrit en Droit à Cocody où j’ai rapidement rejoint la section Fesci de ladite Faculté par l’entremise de mon copain d’enfance Damana Pikass que je connaissais depuis 1978 à Bonoua. Quand je rentrais au CP1, lui était au CE1.
Le 15 mai 1994 nous sommes mis aux arrêts durant une Assemblée Générale de la Fesci à Mermoz et gardés dans des conditions musclées avec 24 autres étudiants à l’Ecole de police. Encore pire pour moi, le ministre de la sécurité d’alors, Gaston Ouassénan, ayant appris que j’avais tenté de faire sortir un papier que ma copine devait remettre au quotidien La Voie, est rentré dans une colère noire. Ce ministre m’a fait subir l’un des pires moments de ma vie en me faisant torturer de façon atroce. Je suis sorti de cette détention de deux semaines avec plusieurs séquelles physiques et mentales. J’en porte encore 30 années après. Bref ce fut une détention qui aurait pu me couter la vie, mais en même temps elle va me permettre de partager un moment d’histoire pour l’éternité avec Soro Guillaume, Blé Goudé, Jean Marie Depkaï, Youté Innocent, Blé Guirao, Roska Kouamé, Axalam, le Che, Baudaud Jean Brice et tous les autres compagnons de lutte. Quelques mois après la prison, je suis les exemples de plusieurs dizaines ou centaines de militants de la Fesci ayant choisi les incertitudes et l’aventure de l’exil en Europe. Donc, nous sommes arrivés en Europe avec une conscience militante et non pas en tant que simple chercheur de bonheur. Mon premier retour au pays fut un choc en 2003 en pleine guerre et en plein couvre-feu. Depuis lors j’ai gardé le réflexe de me rendre régulièrement au pays, parce que, quelque part en moi, il y a cet amour irrationnel qui nous lie à vie aux endroits qui nous ont vu naître et nous ont vu faire nos premiers pas. En exil j’ai été secrétaire aux affaires socioculturelles du MLTCI avec les camarades tels que Apollos Dan Thé, Made Gueu, Siriki Konaté, Séry Apollinaire, Dr Kocra Assoa, Me Évariste Ohinché, Me Koné Eugénie, Djo Zérégbé, Esther Tse Mao, etc.
En 2008, je vais cofonder avec Apollos le site Connectionivoirienne.net, qu’on a voulu indépendant et entièrement dédié à la promotion de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en Côte-d’Ivoire a des milliers de kilomètres. C’est vous dire durant toutes ces années, je suis resté «in touch » avec mon pays de naissance tout en apprenant de mon pays de seconde nationalité, la Hollande.

Interview réalisée par Sylvain Debailly