Trente ans après son décès, la famille de Félix Houphouët-Boigny s’oppose à la vente de l’hôtel Masseran, par l’État de Côte-d’Ivoire. Prix de vente 150 millions d’euros soit un peu moins de 100 milliards de Fcfa.
La notaire judiciaire Monique Agueh-Tahou, qui s’occupe du règlement de la succession de Félix Houphouët-Boigny, conteste devant les tribunaux français la vente de cet hôtel acquis en 1978 par le défunt chef de l’État.
L’acte d' »opposition à la vente de l’hôtel particulier a été remis par le parquet de Paris à l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, Maurice Kouakou Bandaman, indique le canard parisien Africa Intelligence, ex La lettre du continent.
Dans l’acte d’opposition, révèle le confrère «la notaire rappelle que l’ancien chef d’Etat était marié sous le régime de la communauté légale avec Marie-Thérèse Houphouët-Boigny. (…) L’hôtel contrôlé par le couple (…) n’aurait pas dû être extrait de la succession (…) Très curieusement, indique la notaire, ces parts au porteur se sont retrouvées entre les mains d’individus prétendant agir au nom de la République de Côte d’Ivoire, sans que la moindre transaction juridique et financière soit intervenue ».
L’État de Côte-d’Ivoire espère tirer 98 milliards 250 millions de francs cfa de la vente confiée à Barnes International, une agence immobilière de «prestige», indique le confrère.
Hervé Coulibaly
L’hôtel de Masseran selon Wikipedia (encyclopédie en ligne) est un hôtel particulier construit par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart et situé au no 11 rue Masseran, dans le 7e arrondissement de Paris. Avec l’hôtel de Montesquiou, rue Monsieur, et la maison Brongniart, à l’angle du boulevard des Invalides et de la rue Oudinot, il constitue l’une des nombreuses constructions édifiées par l’architecte dans le quartier des Invalides à la fin du règne de Louis XVI.
Histoire
L’hôtel a été édifié en 1787 pour Carlo Sebastiano Ferrero Fieschi (1760-1826), prince Masserano (en français : Fiesque de Masseran), qui lui a donné son nom. Grand d’Espagne, membre de l’illustre maison génoise des Fieschi, fils de Vittorio Filippo Ferrero Fieschi (1713-1777), prince Masserano, et de la princesse née Charlotte Louise de Rohan (1722-1786), fille du duc de Montbazon, il avait épousé en 1776 Adélaïde Augustine Joachime de Béthune-Chârost-Pologne (1756-1790 ; cf. Apremont), petite-fille du richissime financier Louis Antoine Crozat. Du côté maternel, le prince descendait de Charles-Emmanuel II de Savoie et était également cousin du roi Louis XVI2.
L’architecte Brongniart, qui réside à deux pas dans la maison qu’il s’est fait construire sur le boulevard des Invalides et qui possède les terrains sur lesquels est édifié l’hôtel, suit le chantier pas à pas.
En 18363, l’hôtel4 est acquis par un banquier parisien d’origine belge Louis François-Xavier De Clercq. M. De Clercq meurt en 1838. Sa femme, née Henriette Crombez-Lefebvre, réside rarement rue Masseran, préférant sa résidence d’Oignies. Son frère Louis Crombez possédait à la même époque l’hôtel voisin de Richepanse, au 3 rue Masseran. Un grand salon de style Louis XVI est créé dans la seconde moitié du xixe siècle, dans un style si pur qu’on l’a longtemps considéré comme une création originale de Brongniart. Après la mort de Mme de Clercq en 1878, l’hôtel passe à sa fille, Berthe Aline Françoise Marie, comtesse de Boisgelin par son mariage avec Alexandre Marie de Boisgelin, puis à leur gendre, le comte Karl Jacques Marie Théodore Bonnin de La Bonninière de Beaumont (1852-1913), époux d’Henriette Marie Berthe de Boisgelin (1856-1925).
Arbitre des élégances et des mondanités pendant près d’un demi-siècle, leur fils aîné, le comte Étienne de Beaumont (1883-1956), ami de Cocteau, mécène des ballets russes de Serge de Diaghilev, de Braque et de Picasso, y donne des fêtes célèbres. En 1939, le comte et la comtesse Étienne de Beaumont, en leur Hôtel particulier, organise le bal « Louis XIV », faisant revivre tous les fastes de Versailles5. L’hôtel inspire à Raymond Radiguet le décor de son célèbre roman, Le Bal du comte d’Orgel (1924). Avec sa femme, née Édith de Taisne (1876-1952), Étienne de Beaumont commandite des films et des ballets d’avant-garde, puis, après la Seconde Guerre mondiale, fonde l’« Association franco-américaine » qui finance de nombreuses expositions. Il loge Marie Laurencin dans un des pavillons de la cour6. Il loue également au sculpteur américain Jo Davidson (1883-1952) le pavillon situé à l’angle de la rue Duroc7.
Après la mort du comte de Beaumont, qui n’a pas d’enfant, l’hôtel est acquis par le baron Élie de Rothschild (1917-2007) et la baronne, née Liliane Fould-Springer (1916-2003). Ceux-ci y font remonter dans le salon dit « Boffrand », un ensemble de boiseries exécutées par les menuisiers Taupin, Le Goupil et Desgoulons entre 1720 et 1723 pour l’hôtel de la comtesse de Parabère, no 22 place Vendôme, qui appartenaient au baron Fould-Springer, père de la baronne Liliane.
Dans les années 1970, les Rothschild vendent l’hôtel au président de la République de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny (1905-1993), qui en fait sa résidence parisienne jusqu’à sa mort. Toujours propriété de la République de Côte d’Ivoire8, l’hôtel est laissé à l’abandon et se dégrade lentement. En 2008, la Côte d’Ivoire met en vente une centaine de pièces du mobilier pour financer les travaux de restauration : commodes estampillées Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener (provenant de la collection Charles Stein), paire de gaines en marquèterie d’écaille rouge d’époque Louis XIV attribuées à Gilles-Marie Oppenord, ensemble de sièges d’époque Louis XVI estampillés Jean-Baptiste Sené, provenant des collections du roi Louis-Philippe Ier au château d’Eu, paire de bas d’armoires d’après un modèle d’André-Charles Boulle, ayant appartenu à Jean-Baptiste Roslin Ier, baron d’Ivry, paire de pots pourris provenant de la collection du comte Anatole Demidoff, prince de San Donato, rafraîchissoirs en porcelaine dure de la Manufacture impériale de Saint-Pétersbourg ayant fait partie du service de la grande-duchesse Maria Pavlona, etc.
En 2023, l’hôtel particulier est mis en vente par l’état ivoirien au prix de 150 millions d’euros9.
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