Manquant de contenu et totalement déséquilibré le « partenariat » Affi-Rhdp fait pourtant l’affaire des deux camps

Avant la présidentielle de 2020, Affi N’Guessan était clairement courtisé par le camp présidentiel. On l’annonçait même au gouvernement. Le pouvoir avait fait en sorte qu’il obtienne par une décision de justice, la direction du FPI. L’homme incarnait  » l’ opposition parlementaire « , mais était en très bons termes avec le pouvoir, qui le laissait même organiser des « marches de protestation ». Car Affi savait où s’arrêter dans ses critiques du régime. En 2015, il s’était présenté à la présidentielle contre le président Ouattara, avait « reconnu » sa défaite et félicité le vainqueur. Bref les rapports étaient plutôt cordiaux.

Son positionnement lors de la présidentielle de 2020 a surpris tout le monde. Jusque-là il était perçu comme une personnalité sans charisme, à la solde du pouvoir. Or il est entré en opposition frontale avec le régime, et la crise liée à la présidentielle n’a vraiment pris fin qu’avec son arrestation. Un peu plus tard, avec le retour du président Laurent Gbagbo, on s’attendait à ce qu’il rende la direction du parti à son ancien mentor. Mais là encore, à la stupéfaction de tous, il a renvoyé paître celui à qui il doit pourtant d’avoir été premier Ministre de 2001 à 2003. Dans la foulée, il a aussi démontré sa capacité à mobiliser les foules.

Pourtant aujourd’hui, c’est lui qui est demandeur d’une alliance, conscient de son faible poids électoral. Suite à la réintégration de Mabri Toikeusse dans le Rhdp, il avait ouvertement manifesté son intention d’intégrer ce regroupement. Refus du Président Ouattara, pour qui leurs deux formations n’étaient pas sur la même ligne idéologique, le fpi étant un parti de gauche, et le Rhdp de droite libérale. Derrière cet argument, il faut surtout voir la méfiance du président Ouattara qui, à en croire plusieurs sources, était opposé à une quelconque entente avec Affi. Ce dernier était vu comme quelqu’un « manquant de reconnaissance », alors que le pouvoir avait fait en sorte qu’il obtienne la direction de son parti.

Dans la presse, Affi va minimiser ce qui était clairement un camouflet. Pour lui, les paroles du Président Ouattara ont été « mal interprétées », car il n’a nullement fermé la porte à un rapprochement entre les deux formations. En s’exprimant ainsi, Affi lançait pratiquement un appel du pied au pouvoir, qui l’avait clairement éconduit. Mais son « entêtement » va payer, aidé en cela par certaines voies fortes au sein du pouvoir qui ont compris la nécessité de ne pas laisser le fpi disparaître totalement. Ainsi une alliance à minima, dite « partenariat pour la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie » sera signée le 02 Mai dernier.

Si certains trouvent ce partenariat totalement vide, il fait pourtant l’affaire des deux parties. Tout d’abord l’existence même du FPI reste une source de nuisance pour le PPA-CI de l’ex-président Laurent Gbagbo. Le pouvoir a tout intérêt à ce que cette situation perdure. Un fpi moribond, c’est le PPA-CI qui se renforce par un effet de vase communicant. Mais un FPI trop fort peut aussi constituer un danger, eu égard au scénario de la présidentielle de 2020. Ce « partenariat » permet ainsi au pouvoir d’avoir une sorte de contrôle sur le fpi, en lui donnant de l’oxygène afin de ne pas le voir disparaître, mais en évitant de lui en donner trop afin qu’il ne devienne pas menaçant.

Pour le FPI, ce « partenariat » permet tout simplement d’exister, d’avoir une visibilité politique, médiatique, de projeter l’image d’un parti de gouvernement, et plus encore pour Affi de pouvoir entrer sans entrave en possession des subventions prévues pour les partis représentés à l’assemblée. C’est donc un partenariat « gagnant gagnant », même si dans les faits, le déséquilibre est flagrant. Pour les municipales et régionales de Septembre 2023, dans quasiment toutes les circonscriptions où ils ont uni leur force, la tête de liste vient du RHDP. Si Mabri Toikeusse a pu placer certains de ces hommes comme tête de liste dans l’Ouest montagneux, tel n’est pas le cas d’Affi. Aucun des siens n’est tête de liste, ni à Abidjan ni dans aucune circonscription de l’intérieur. C’est malheureusement pour lui le prix à payer dans ce « partenariat ».

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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