Ouattara invité à parachever la pacification du pays
L’ancien président redevenu opposant au régime, Laurent Gbagbo a encore fait parler de lui ce jeudi 8 juin 2023. C’est ce jour qu’il a choisi pour déposer sa réclamation dans un bureau local de la Cei sis Angré Star 8 et qui couvre son centre d’enroulement. Arrivé peu avant midi, l’ex chef d’état, s’est aussitôt dirigé vers les agents pour déposer son dossier de réclamation. C’est le processus du contentieux sur la liste électorale qui exige que le requérant se rende dans un bureau pour porter ses réclamations. Et comme le veut également le code électoral, Laurent Gbagbo n’est pas seul dans son initiative à se faire réhabiliter. 350 jeunes de Cocody ont également déposé des recours en faveur du requérant. Laurent Gbagbo les a vivement remerciés pour leur action qui tend à légitimer son combat actuel.
Le leader du Ppa-Ci est arrivé dans la cité paisible en homme combatif. Fatigué par la maladie, le timbre de sa voix, sa gestuelle et son charisme sont restés intacts. Ses services se sont déployés de façon énergique, chose inhabituelle, pour réduire les regards extérieurs sur lui. Au moment de faire sa déclaration. C’est dans le garage exigu du bâtiment R+1 qu’il s’acquitte de cet exercice, derrière lui et à ses côtés, sa sécurité et ses proches, tous, cache-nez vissés au visage. Le message est clair, le Whidy de Mama n’est pas au mieux de sa forme mais son état n’est pas alarmant comme l’avait fait croire une folle rumeur. Il tient, il marche sans qu’on ne le tienne par la main.
L’infatigable politicien a encore donné une leçon de politique. Il y a quelques jours, une décision du secrétariat général de son parti annonçait la voie de la mobilisation et de la solution négociée pour sortir de l’impasse actuelle suite à sa radiation de la liste électorale. Il est resté dans ce ton et a invité Bédié, Ouattara et lui-même, à tout mettre en œuvre pour léguer un pays pacifié. « Le temps des coups est révolu », clame Laurent Gbagbo qui réfute le procès en salissure collé à son image, le casse de la Bceao lors de la crise postélectorale de 2010/2011. Il s’en était sorti avec une condamnation de 20 ans puis gracié par le Président de la République. Une mesure jugée prenable mais pas suffisante pour Gbagbo qui réclame aujourd’hui sa réintégration sur la liste électorale.
Quand il prend la parole, Laurent Gbagbo contre-attaque sous l’angle juridique et surtout politique. Il fait valoir qu’il n’a pas été jugé comme un ancien chef d’état, premier défaut de ce procès et que plutard, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples avait tranché pour la réinscription de son nom sur la liste électorale.
Être lavé définitivement de la souillure et préserver son nom, pour ses familles biologique et politique, voici la ligne de défense du vieux leader socialiste.
« Dans ma vie, j’ai toujours travaillé pour que je n’ai aucune ombre dans mon casier judiciaire. Je dis toujours à mes enfants que je n’ai aucune fortune à leur laisser mais que j’ai un nom à leur laisser, et un nom propre. Un nom propre, c’est ce nom que je laisse à ma descendance. Et je ne peux pas laisser quelqu’un souiller et salir ce nom sans me battre, donc je me bats », fait-il entendre. Comme pour dire qu’il ne se reconnaît pas dans les accusations de « casseur de Bceao » qui lui ont valu 20 ans de prison assortis de la déchéance de ses droits civils, politiques et une amende de 329 milliards de Fcfa. Pour l’ancien pensionnaire de la Cpi, ce procès est simplement « politicien » car il n’a pas respecté les règles minimales en la matière.
Pour Gbagbo qui a développé selon ses dires trois arguments devant la commission électorale, l’heure est venue de solder tous les vieux comptes et de se mettre véritablement sur la voie de la pacification de la Côte d’Ivoire.
« J’ai décidé de ne pas donner de coups, parce que le moment de coups est passé. Moi j’ai été militant clandestin, militant à ciel ouvert, j’ai été candidat contre Houphouët-Boigny, j’ai été Député, j’ai été Président de la République, le temps pour moi de donner des coups est passé. Je l’ai déjà dit et je le répète, aujourd’hui ce que nous devons faire, les Présidents Bédié, Ouattara et moi-même, c’est de nous conduire de telle façon que nous laissions aux jeunes générations une Côte d’Ivoire pacifiée ».
Laurent Gbagbo que ses partisans présentent comme leur candidat à l’élection présidentielle de 2025 est donc sur les fronts juridique et politique pour se faire réhabiliter. Son camp a laissé transparaître clairement qu’il était pour une solution politique car Gbagbo reconnaît que ce n’est pas lui qui prend les décisions.
Mercredi, une rencontre a eu lieu à la primature entre le premier ministre Patrick Achi (ancien ministre des Infrastructures de Gbagbo), Koné Katinan et Dano Djédjé du Ppa-Ci. Rien n’a véritablement filtré. Mais cette rencontre pourrait présager d’une discussion future à même de mettre fin à cette nouvelle impasse à l’ivoirienne.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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