Le tabagisme fait officiellement plus de 5000 décès par an en Côte-d’Ivoire, les industriels du tabac accusés

La Journée mondiale sans tabac sera célébrée le 31 mai. Une occasion pour le gouvernement ivoirien de faire le point de la lutte et de passer en revue les solutions mises en œuvre pour inverser la courbe de la consommation du tabac, une « épidémie » silencieuse.

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La Côte d’Ivoire enregistre 5 000 décès annuels dus à la consommation du tabac et des produits dérivés.

La prise en charge des patients tabagiques coûte à l’Etat près de 28 milliards de FCFA par an.

« On pense que les cancers liés au tabac sont ceux du poumon ou de la gorge. Malheureusement, le tabac est un facteur favorisant les cancers de la vessie, du pancréas, du sein, du col de l’utérus. Le nombre de cancers associés au tabac ne fait que progresser et ça reste un véritable fléau », déplore la directrice du Centre national d’oncologie médicale et de radiothérapie Alassane Ouattara du CHU de Cocody, Pr Judith Didi-Kouko Coulibaly.

Un tableau clinique qui s’assombrit avec les conséquences cardiologiques du tabagisme.

« Lorsqu’on fume une cigarette, le rythme cardiaque va s’accélérer. Mais il y a en plus le rétrécissement des artères où circule le sang. Le tabagisme chronique expose à l’hypertension artérielle », prévient le directeur de l’Institut de cardiologie d’Abidjan, Pr Euloge Kramoh Kouadio. Selon lui, le tabagisme entraîne des maladies plus sournoises telle la myocardiopathie systémique.

« Une fois le diagnostic posé, il faut traiter le patient. Les ordonnances peuvent monter jusqu’à 150 000 FCFA par mois. Tout cela parce qu’on a acheté sa maladie, puisqu’on a acheté la cigarette », souligne -t-il.

Le gouvernement multiplie les campagnes préventives de masse visant prioritairement les jeunes. Dans notre pays, le tabagisme chez les jeunes prend de l’ampleur depuis quelques temps avec de nouveaux modes de consommation. Il s’agit d’apporter les solutions susceptibles d’inverser la tendance. Le contrôle de l’épidémie tabagique est un combat sans relâche engagé par le gouvernement ivoirien, conformément à la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte anti-tabac (CCLAT), ratifiée par la Côte d’Ivoire le 28 janvier 2010, et qui fait obligation à chaque partie, d’assurer une protection universelle en adoptant des lois efficaces contre l’exposition à la fumée du tabac.

Le gouvernement a pris le décret N° 2012-980 du 10 octobre 2012, portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun. Cette interdiction est assortie d’amendes allant de 15 000 FCFA à 100 000 FCFA pour les fumeurs et de 150 000 FCFA à 250 000 FCFA pour les responsables des lieux publics. Il y a aussi la loi n°2019-676 du 23 juillet 2019 relative à la lutte antitabac. Et en application de cette loi, le Conseil des ministres du mercredi 26 janvier 2022 a adopté deux décrets relatifs à la lutte contre le tabagisme. Le premier décret porte sur les modalités d’application des mises en garde sanitaires, du conditionnement, de l’étiquetage et de la commercialisation du tabac et des produits du tabac. Le second porte sur l’institution d’un système de suivi, de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac.

En plus des actions préventives, le gouvernement fait également la promotion du sevrage tabagique. Il a élaboré des directives pour la prise en charge des personnes dépendantes au tabac.

Une unité de sevrage tabagique a été ouverte au sein du CHU de Cocody. C’est un centre de référence.

Et près de 300 agents de santé issus de toutes les régions sanitaires ont vu leurs capacités renforcées en matière de sevrage tabagique.

Le Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA) offre une prise en charge multidisciplinaire avec l’aide de psychologues, d’assistants sociaux et de personnels de soutien.

« Aujourd’hui dans n’importe quel centre médico-scolaire, un jeune peut bénéficier d’un accompagnement pour arrêter de fumer », affirme le Directeur coordonnateur du PNLTA, Dr Ernest Zotoua.

Le gouvernement a également mis en place le Centre d’accompagnement et de Soin en Addictologie (CASA) situé à Marcory. Il a pour objectif d’assurer une prise en charge des usagers de la drogue en vue d’une resocialisation réussie. Les résultats obtenus sont encourageants.

CICG

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