Le salut aux couleurs, pour redonner vie au civisme

Depuis quelques années, on parle d’« Ivoirien nouveau », un concept renvoyant à plusieurs valeurs notamment civiques, éducatives et professionnelles. On a toutefois l’impression que la pilule n’a pas été bien administrée aux patients que sont les jeunes et surtout les élèves. En 2022, nous étions face au phénomène de congés anticipés des élèves. Au moment où on trouve une solution, pas plus tard que le mardi 2 mai, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) veut réveiller les vieux démons avec une grève pour paralyser l’école. Les responsables suspendent le mot d’ordre le 5 mai 2023 sous prétexte d’un dialogue en cours avec les autorités éducatives. Dans ce contexte, le comédien Teisson, de son vrai nom Tandé Kpan Albert, acteur dans une série célèbre ivoirienne intitulée “Ma Famille ”, s’est insurgé, dans une vidéo, contre ces actes d’incivisme dans le secteur éducatif.

Si le mal d’incivisme persiste au niveau du secteur éducation et formation, il semble être maîtrisé au niveau de l’administration publique. Ici au moins, une trêve sociale est signée entre les travailleurs et l’Etat pour suspendre les grèves intempestives qui provoquent souvent des troubles à l’ordre public. Pourtant, dans les écoles comme dans les administrations publiques, on enseigne au moins une pratique civique nationale : c’est le salut aux couleurs, une cérémonie d’honneur au drapeau. Nous avons assisté à cette cérémonie dans différents lieux à Tiébissou.

Des valeurs à inculquer…

Lundi, à la préfecture de Tiébissou. Il est 7 h 30. Les chefs coutumiers, les guides religieux, les chefs de services publics et privés ainsi que les agents des forces de l’ordre sont présents. Le Préfet absent, Mme Marcelle Mel, secrétaire générale de Préfecture, préside la cérémonie mensuelle de salut aux couleurs. Deux gendarmes sont les servants aux couleurs. Tout est prêt. Le signal est donné par le chef de troupe. Tous ensemble, on entonne l’Abidjanaise. L’hymne national de la Côte d’Ivoire est chanté en chœur pendant que le drapeau est hissé sur le mât. L’hymne est terminé, le drapeau flotte, bien attaché au mât par les servants. Madame La secrétaire générale de Préfecture passe en revue les troupes et salue les personnes présentes. La cérémonie prend fin. C’est le moment de faire une communication avant de rompre le rassemblement.

« Je salue la présence de tous ici, ce matin, pour rendre honneur à notre pays, en chantant notre hymne. C’est un acte d’honneur et de civisme auquel j’invite tout le monde. Que chacun d’entre nous soit un modèle pour les autres, dans son lieu de travail. Nous devons être des modèles pour nos jeunes et nos enfants qui font souvent preuve d’incivisme. L’honneur au drapeau est un acte de civisme et de patriotisme. Soyons responsables pour inculquer ces valeurs aux autres », a-t-elle exhorté.

A un kilomètre de la Préfecture, se trouve l’École primaire publique Lycée. Nous y sommes allé pour voir comment cette cérémonie se déroule. Il est 8 h. C’est pratiquement le même dispositif. Les élèves sont disposés en plusieurs groupes de colonnes autour du mât. Chaque groupe est encadré par un instituteur. Deux jeunes filles sont les servantes aux couleurs. Le ton est donné par Mme Aya Monique Yao, directrice de l’école. L’hymne est chanté et le drapeau est hissé. Vient le moment des consignes.

… et à pérenniser

« Chers élèves, vous êtes nos enfants. Nous voulons que vous soyez bien éduqués. Ce que nous venons de faire, c’est un acte de civisme. Respecter son pays, ses lois et la chose publique, c’est très important. Aussi, nous allons vous demander de veiller à ce que la cour de l’école soit propre. Merci », a-t-elle conclu avant d’inviter les élèves à aller en salle de classe.

Mme Yao dirige cette école depuis 2007. Interrogée sur l’importance de cette cérémonie, elle est nostalgique et optimiste. « Il y a un peu de nostalgie. À notre époque, pour l’amour du pays, chaque matin, on saluait le drapeau. On a appris le sens de l’hymne, cela nous a inculqué des valeurs. Aujourd’hui, à notre tour, nous l’expliquons aux enfants pour pérenniser ces valeurs. Nous avons confiance en eux pour lendemain meilleur ». Même son de cloche chez un parent, M. Guillaume Yao, un parent d’élève abonde dans le même sens : « À travers la montée du drapeau, nos enfants auront le sens du respect et du civisme ».

Le salut aux couleurs nationales, un devoir civique tant dans l’administration que dans les établissements scolaires, participe à inculquer à tout individu le civisme, la solidarité et le respect de la chose publique.

Moussa I. Koné , Correspondant régional

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