En terme de célérité, le FPSO est avantageux

La mise en production de champs pétrolifères situés en mer nécessite des plates-formes spécifiquement conçues pour résister à la rudesse de l’environnement maritime. Certaines sont fixes et d’autres plutôt flottantes. Sollicité pour en savoir davantage, Serge Parfait Dioman, Expert International en Industries Pétrolières et Énergies, nous introduit dans l’univers du FPSO pour découvrir ses particularités et atouts.

• L’EXPRESSION : Qu’entend-on par les termes onshore et offshore utilisés par les opérateurs du secteur pétrolier ?

SERGE PARFAIT DIOMAN : Les termes onshore et offshore qualifient géographiquement la zone d’exercice de l’activité pétro-gazière. Celle-ci est en effet susceptible de se tenir en tout lieu de la planète car les gisements abritant l’or noir ne sont pas limités à un type d’espace géographique donné.

La mise en exploitation donc des réserves prouvées peut bien se mener en tout lieu du globe terrestre et ce, autant sur la terre ferme que dans les eaux marines et océaniques.

Dans le premier cas de figure, on parlera de sites en onshore, quand l’activité se tient effectivement à terre. Pour les autres opérations ayant cours dans l’espace aquatique des mers et océans en l’occurrence, l’on se dira plutôt être en offshore et ce, quelle que soit la profondeur des eaux en présence.

Ayons juste toutefois à l’esprit qu’au delà de 200 mètres de profondeur d’eau océanique, l’on bascule dans le domaine maritime qualifié d’eau profonde. L’implantation de certains ouvrages y est certes possible mais elle se ferait au prix de plus d’attentions sécuritaires et techniques.

• L’EXPRESSION : Le lieu d’implantation géographique d’une plate-forme aurait-il une incidence déterminante sur le choix du type de plate-forme à bâtir ?

SDP : C’est effectivement le cas. Tout cela est bien d’ailleurs confirmé par des études de reconnaissances géotechniques, géophysiques, etc. pour s’assurer des bonnes garanties sur l’intégrité des fondations de l’ouvrage à ériger en mer.

En parallèle de toute considération technique, économique et stratégique donc, le lieu d’implantation géographique joue en fait un rôle pondéral déterminant dans l’élaboration du plan de développement escompté pour un champ pétrolifère nouveau et ce, même également pour un champ ancien qui serait à requalifier.

Pour ce faire, les plates-formes en mer répondent en premier lieu à une question fondamentale qui est de savoir si elles se doivent d’être fixes, c’est-à-dire supportées par des pieux permanents prenant appui sur le sol du fond marin, ou plutôt être de conception structurelle flottante comme les FPSO et bien d’autres ouvrages utilisés dans les aires aquatiques.

• L’EXPRESSION : Qu’est-ce donc concrètement un FPSO ?

SDP : Le sigle FPSO est la simple abréviation de l’expression anglaise Floating Production Storage and Offloading qui, traduite en français, désigne donc un complexe industriel pétro-gazier flottant utilisé comme théâtre d’opérations de Production, Stockage et Déchargement de pétrole et gaz.

En clair, le FPSO dispose à son bord d’équipements pour réceptionner le pétrole brut extrait des puits de production offshore. A ce niveau initial en réalité, la phase liquide d’hydrocarbures est d’entrée de jeu séparée du gaz associé. Elle sera individuellement traitée et stabilisée, conformément aux spécifications en vigueur, avant d’être au final refroidie puis stockée dans de volumineuses cuves internes.

Et quand ledit stock a atteint une quantité jugée suffisante pour être enlevée, l’on procède au déchargement au travers de tankers dédiés à cette fin.

Parallèlement à ceci par ailleurs, le gaz associé qui avait été séparé en entrée de chaîne de la phase liquide d’hydrocarbures, sera pour sa part épuré avant d’être lui aussi exporté en toute ou partie par gazoduc ou plutôt liquéfié pour être plus tard enlevé. Ce choix dépend du plan de déchargement decidé pour le gaz.

Les trois fonctions de base du FPSO sont ainsi accomplies au terme de ce dernier processus de déchargement où s’effectue en fait l’expédition du pétrole et du gaz.

• L’EXPRESSION : Le FPSO serait-il bien alors destiné à un service exclusif en offshore ?

SDP : Il est à la base un navire, mais un navire spécialement dédié à des activités pétro-gazières. Il est à usage exclusif donc pour l’offshore. La présence humaine à bord est pour ce faire alors minutieusement réglementée et régie pour chaque membre d’équipage par des certifications internationales d’aptitude de survie en mer et bien d’autres.

A l’instar des autres plates-formes offshore, l’on n’accède donc pas à un FPSO sans être habilité et dûment autorisé. Une certification comme le BOSIET par exemple est exigée de base et a une durée de validité de 3 à 5 ans selon les pays.

Et vu par ailleurs qu’il s’agit d’un navire après tout, c’est à dire appelé à naviguer, l’équipage à bord comprend aussi bien un capitaine à la manœuvre ainsi que du personnel habituel de navigation, de restauration, des techniciens du sol, etc. cohabitant avec des agents et opérateurs pétroliers de diverses disciplines process, maintenance, électricité, mécanique, soudage, informatique, automatisme, hygiène et sécurité, etc.

• L’EXPRESSION : Quelles sont les dispositions prévues en cas de besoin d’évacuation d’urgence d’un membre d’équipage ou en cas de consigne urgente d’abandon du FPSO ?

SDP : Une équipe médicale veille en permanence aux actions préventives et curatives utiles pour la bonne santé de tout l’équipage hébergé à bord. A toutes fins utiles cependant, le FPSO est doté d’une piste d’atterrissage. Elle peut recevoir de jour comme de nuit un hélicoptère civile, sanitaire ou médicalisé si une évacuation d’urgence est nécessitée.

Par ailleurs, des équipements de protections individuelles et collectives sont mis à disposition de tous. Des exercices de simulation d’incidents sont régulièrement organisés pour maintenir l’éveil de tous sur la bonne conduite à tenir en situations d’alertes de tout genre. Un service HSE coordonne et accompagne tous ces efforts de sensibilisation.

Chacun subit en effet une induction de sécurité où il est rappelé à tous que toute prise de risque pouvant conduire à des situations accidentogènes est à éviter. Les divers points de rassemblement sont par la même occasion indiqué en cas d’urgence.

Et si malgré tout, l’on est en situation réelle d’évacuation, le FPSO est doté de plusieurs canots de sauvetage pouvant accueillir l’ensemble du personnel pour les mener en lieu sûr.

• L’EXPRESSION : Comment apprécier un FPSO au regard des consignes de préservation écologique dont certaines demandent de sortir des ressources fossiles ?

SDP : Aujourd’hui, la tendance éco-responsable est d’avoir un FPSO rejetant le moins possible de gaz à effet de serre. Pour ce faire alors les FPSO de dernières générations de même que ceux récemment rénovés sont dotés d’unités spéciales de récupération des effluents gazeux qui autrefois étaient envoyés aux torchères pour y être brûlés.

Quant à l’eau naturellement présente dans les gisements et donc remontée des puits lors de l’extraction du pétrole brut, elle n’est pas rejetée en mer. Elle est analysée sur place à l’effet de déceler et neutraliser d’éventuels contaminants avant d’être recyclée, re-utilisée à d’autres fins ou rejetée.

La quiétude écologique et climatique est pour ce faire alors non entachée par les opérations menées sur un FPSO.

Et d’ailleurs, tous les sites de production offshore ou onshore sont à cette même école éco-responsable tandis que d’autres vont même jusqu’à se doter de panneaux solaires pour afficher leur adhésion à la mixité énergétique.

• L’EXPRESSION : Comment acquiert on un FPSO et en quoi est-il plus indiqué de le choisir, lui plutôt qu’une plate-forme fixe en mer par exemple ?

SDP : Un FPSO peut être construit à neuf, sur commande et selon un cahier de charge précis adressé à un chantier naval référencé en la matière. A une étape avancée des travaux de construction, l’on lui fournira tous les équipements process, électrique, laboratoire, etc. à disposer à bord.

A part ceci, l’on note que bon nombre de FPSO sont soit d’anciens navires marchands remodelés pour l’activité pétro-gazière soit tout carrément d’anciens FPSO rénovés et remis à niveau des prescriptions opérationnelles et sécuritaires nouvelles.

En terme de célérité, ils apparaissent donc parmi les options de premiers choix quand il s’agit d’exploiter rapidement un champ pétrolifère en offshore.

Somme toute, leur mobilité est un atout leur permettant de changer occasionnellement d’emplacement à l’approche d’une tempête ou un événement cyclonique, etc. menaçant. A la différence, les plates-formes fixes exposées à ce genre de vicissitudes climatiques les subiraient de plein fouet car, n’étant pas des ouvrages flottants, elles ne sont pas mobiles.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle les plates-formes fixes supportées par des fondations rigides prenant fermement appui sur le sol du fond marin ne s’installent pas partout où l’on voudrait.

• L’EXPRESSION : Est-ce réellement une problématique qui milite en défaveur des plates-formes fixes en mer ?

SDP : En réalité, quand le champ à exploiter se trouve dans une zone de grande hauteur d’eau, pouvant d’ailleurs aller de quelques centaines de mètres à plus d’un kilomètre de profondeur d’eau, les fondations des plates-formes fixes ne sauraient être rallongées pour reposer sur le sol du fond marin.

Car plus elles sont longues plus elles s’exposent davantage à d’énormes stress induits par les courants marins et duverses autres forces antagonistes pouvant mécaniquement les endommager et déséquilibrer la plate-forme fixe voire la faire s’écrouler.

Dans les eaux profondes donc, les unités flottantes comme le FPSO sont d’office plus appropriées et ce, même si elles restent encore très appréciées dans les eaux peu profondes.

Au final, pour un pays acquéreur donc d’un FPSO, ce complexe industriel de production, stockage et déchargement de pétrole et gaz est un investissement stratégiquement bénéfique à tout point de vue.

REALISÉ PAR ISAAC KROUMAN

Commentaires Facebook