En visite d’Etat aux Pays-Bas, le président français a tenté de rassurer les Européens après ses sorties controversées sur Taïwan. Mais la fragile unité bâtie au sein des Vingt-Sept depuis le début de l’invasion russe l’Ukraine est ébranlée.
Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen), Frédéric Lemaître (Pékin, correspondant), Philippe Ricard (Amsterdam, envoyé spécial) et Thomas Wieder (Berlin, correspondant)
« Etre allié ne veut pas dire être vassal », insiste le premier. « La relation avec les Etats-Unis est essentielle », nuance le second, avant d’appeler les Européens « à parler d’une seule voix ». Ce mercredi 12 avril, à Amsterdam, Emmanuel Macron et le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, sont bien forcés, chacun à sa manière, d’affronter l’onde de choc suscitée par les propos du président français sur Taïwan. Le refus du « suivisme » à l’égard de Washington face à la Chine, exprimé trois jours plus tôt par Emmanuel Macron, au nom de l’« autonomie stratégique » qu’il appelle de ses vœux pour le continent, a largement occulté sa visite d’Etat aux Pays-Bas. Et suscité une grande cacophonie au sein de l’Union européenne (UE) sur les principaux enjeux géopolitiques du moment.
En quelques formules controversées sur la Chine, les Etats-Unis et Taïwan, dans son entretien aux Echos et à Politico, Emmanuel Macron semble avoir fait voler en éclats la fragile unité qui prévalait entre les Vingt-Sept, depuis le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine.
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De fait, la charge présidentielle révèle au grand jour les divergences européennes sur trois questions essentielles : les liens avec les Etats-Unis, dont l’engagement en Ukraine est crucial, les relations avec la Chine, alliée bienveillante de la Russie, et l’« autonomie stratégique » de l’UE entre les deux grandes puissances, que le président français risque désormais d’avoir du mal à défendre, bien qu’il prétende avoir gagné la « bataille idéologique » dans ce domaine.
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Lemonde.fr
Après la visite de Macron en Chine, personne n’est content… Sauf la Chine
L’idée d’une autonomie stratégique européenne, que le président français a brandie pour justifier ses propos polémiques sur Taïwan et ce que la presse internationale interprète comme de la complaisance envers Xi Jinping, est plus que jamais remise en question.
L’orage de critiques qui a suivi les déclarations d’Emmanuel Macron sur Taïwan dans l’avion qui le ramenait de Chine n’est pas encore près de se calmer. L’ancien président américain Donald Trump a rejoint le chœur des critiques outre-Atlantique à sa manière en accusant le président français de “lécher le cul” de son homologue chinois, Xi Jinping. Emmanuel Macron, de son côté, en visite d’État aux Pays-Bas mardi 11 avril, n’a pas bougé de sa position. Devant des étudiants néerlandais, il a réitéré son appel à l’Europe à forger sa propre souveraineté.
D’un point de vue économique, son discours “risque d’aviver les tensions transatlantiques après ses déclarations lors de son voyage en Chine”, estime The Wall Street Journal. Le quotidien conservateur, qui avait déjà réagi avec fureur la veille à ce qui était vécu comme un manque de respect du président français envers son allié américain, a vu à La Haye une sorte de volet économique de la doctrine appliquée à Taïwan : une trop forte dépendance de l’Europe à l’égard des fournisseurs étrangers et le besoin d’une doctrine pour garantir sa sécurité économique.
Pas une première
Ceci n’est pas totalement nouveau, rappelle le quotidien. “Cela fait longtemps qu’Emmanuel Macron appelle l’Europe à renforcer sa capacité à agir seule et à réduire sa dépendance sur le plan économique [entre autres matières premières nécessaires à la transition énergétique] et en matière de sécurité vis-à-vis de puissances extérieures”, précise le journal en rappelant le discours de la Sorbonne de 2017.
“Sa stratégie s’est parfois heurtée aux efforts déployés par Washington po
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Lesechos.fr
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Budapest interdit, à son tour, les importations de céréales ukrainiennes
La Hongrie emboîte le pas à la Pologne. A l’instar de Varsovie, Budapest a décidé samedi d’interdire les importations de céréales et de produits agricoles depuis l’Ukraine voisine pour protéger ses propres agriculteurs. « Le gouvernement s’est engagé à représenter les intérêts des agriculteurs hongrois, c’est pourquoi, en l’absence de mesures substantielles de l’UE [Union européenne], il interdira temporairement l’importation de céréales et d’oléagineux en provenance d’Ukraine, ainsi que de plusieurs autres produits agricoles, comme l’a fait la Pologne », a annoncé le ministre de l’agriculture, Istvan Nagy, cité dans un communiqué. Cette restriction temporaire devrait être valable au moins jusqu’au 30 juin.
Dans son communiqué, Budapest rappelle que « le gouvernement attend une solution permanente et l’adoption de mesures de l’UE », en insistant sur la nécessité de défendre « les intérêts de la communauté agricole hongroise ».
Le mois dernier, la Pologne et quatre autres Etats d’Europe centrale avaient demandé l’aide de l’Union européenne pour trouver une solution au problème provoqué par le prix bas des céréales ukrainiennes.
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