Soweto/Adjahui: Une semaine après les violences, les pinasses ont repris la lagune

Une semaine après les violences survenues à Koumassi Soweto et Port-Bouët Adjahui, suite à l’augmentation, de 100 à 200 francs CFA du tarif du transport des pinasses (bateaux traditionnels en bois), nous nous sommes rendus sur les lieux des événements, pour voir comment la situation a évolué.

Lundi 27 mars 2023. Il est environ 15 heures lorsque nous arrivons à Koumassi Soweto, précisément au quai Aziz, l’une des gares de ce quartier populeux, qui a subi huit jours plus tôt, la colère de certains passagers mécontents. L’atmosphère était calme. Des passagers montent pour prendre place à bord d’une pinasse. Autour de nous, on aperçoit les centres des quais et du guichet incendiés de cette station.

Aké Adou est le chef de cette gare. Assis sous un hangar, il supervise le travail de son personnel. « Nous avons repris du service depuis le mercredi passé, grâce à la visite du Maire Cissé Bacongo, qui a demandé aux propriétaires de pinasse de penser aux élèves. Vu sa démarche sage, nos patrons ont accepté de reprendre le boulot, et de maintenir le tarif de la traversée Soweto-Adjahui à 100 francs CFA », explique-t-il.

Revenant sur les raisons de la hausse du prix du transport, M. Aké a indiqué que cela est dû à l’augmentation du prix du carburant. Il souligne que la décision a été prise, d’un commun accord, par les propriétaires des pinasses, et que les usagers ont été informés de cette augmentation un mois auparavant.

A la gare Marie Claire d’Adjahui Port-Bouët, les stigmates des violences sont plus perceptibles. Le hangar servant d’abri et point d’attente aux passagers a été cassé par les manifestants. Quant au pont qui servait de passage aux voyageurs, il a été entièrement brûlé. « Pour la reprise de la desserte, nous avons dû créer une passerelle, en attendant que nous reconstruisions le pont », nous explique Michel N’Damo, le responsable de cette gare.

Selon la caissière d’un terminus de pinasse, qui a requis l’anonymat, certains pinassiers ont été frappés et menacés lors de ces manifestations. D’autres ont été légèrement blessés. « Nous avons été lapidés, mon collègue et moi. Heureusement que nous avons pu nous réfugier à temps dans un maquis collé à notre gare », relate-t-elle.

« La reprise nous soulage énormément. Car, nous étions obligés de passer par l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët pour regagner Adjahui », nous dit Sahi Ange, un habitant de Koumassi Soweto. Koné Fanta est une commerçante du village d’Adjahui. Elle dit avoir souffert durant ces deux jours d’arrêt de travail des pinasses. « Si la grève durait, cela allait beaucoup déranger notre bourse. J’espère que ce genre d’incidents n’arrivera plus ».

Boubakar Barry

Hausse Du Prix Des Pinasses: 2 Morts, Des Millions De Dégâts À Koumassi – Ce qu’a causé la hausse du prix de pinasse pour le transport Koumassi-Adjahui.

Depuis le lundi 20 mars 2023, des quais reliant la commune de Koumassi au quartier Adjahui (sous quartier de Port-Bouët), séparés par la lagune Ebrié, ont été incendiés suite à une hausse du prix des pinasses. Et aucune pinasse (petit bateau traditionnel à moteur) servant de moyen de transport desservant Bia Sud et Soweto (Koumassi) et Adjahui ne flotte plus sur la lagune pour des raisons de sécurité. Une hausse du prix des pinasses (coût du transport de la traversée) a mis le feu aux poudres provoquant plusieurs dégâts matériels et a causé deux pertes en vie humaine.

Des opérateurs économiques ont vue leurs affaires parties en fumée à cause de la hausse du prix de transport de la Pinasse Koumassi-Adjahui.

En effet, c’est le lundi 20 mars 2022 que les propriétaires de pinasse avaient décidé d’officialiser la hausse du prix du transport qui devait passer de 100 FCFA à 200 FCFA. Une hausse du prix des pinasses qui a suscité le courroux de certains usagés. Ceux-ci ont traduit leur colère par de violentes manifestations en mettant le feu dans plusieurs biens matériels appartenant à des opérateurs économiques privés…

Aka Kablan Serges tient un maquis à Soweto à Koumassi. Interrogé, le mardi 21 mars 2023, après la manifestation des usagers en colère, contre les propriétaires des pinasses, ce dernier dit être victime des barbaries des manifestants. Son maquis est parti en fumée après leur passage.

Un quai à pinasse après le passage des manifestants en colère.
« Pour l’instant, je chiffre à plus de 8 millions FCFA de pertes. On n’a pas encore fini les estimations. Ce phénomène est lié à une relation mal entretenue entre clients et propriétaires de pinasses, la majorité ne savaient pas qu’il avait une augmentation du prix de la traversée. Du coup, ça a créé des mécontentements. Il y avait du monde un peu plus de 300 personnes.

Mais c’est un groupe d’au moins 10 personnes qui se sont mis à manifester. Et sont venus s’ajouter les microbes qui aiment bien ces opportunités. D’autres ont traversé par la nage malheureusement 2 ont perdu la vie en se noyant. A l’heure où je vous parle, on n’a pas encore vu leurs corps jusqu’aujourd’hui (Ndlr mardi 21mars 2023). Et c’est la mort de leurs camarades qui a envenimé leur colère.

Les jeux de pierre, des cocktails Molotov fabriqués sur place lancés dans tous les sens. C’était le sauve qui peut. Les forces de l’ordre n’ont pu rien faire malgré les gaz lacrymogènes qui ont aussi été lancé pour disperser les manifestants », a expliqué Kablan Serges à justeinfos.net.

Un autre témoin, qui a voulu bien garder l’anonymat, a confié que « depuis nos quais sont fermés pour préserver la vie de nos clients et de nous-mêmes. Nous avons décidé par rapport aux difficultés qu’on rencontre depuis l’augmentation du carburant de passer de 100 FCFA à 200 FCFA pour nous permettre d’avoir une visibilité de nos chiffres affaires. Ça ne va plus.

Un opérateurs économique inconsolable après le passage des manifestants.
C’est dur. Et pour que tous soient au même niveau d’information, nous avons prolongé la date d’augmentation du coût de transport qui devrait commencer le 06 mars 2023 jusqu’au 20 mars 2023, tout en relayant l’information. Je suis étonné qu’ils se disent surpris de cette augmentation. Alors, nous avons préféré garer pour éviter encore des désagréments. A l’heure où je vous parle, la communauté villageoise et la chefferie ainsi que les propriétaires de pinasses sont en discussion pour trouver une solution. »

Jusqu’au mardi 21 mars 2023, le trafic de pinasse de Soweto, Bia Sud (Koumassi) à Adjahui (Port-Bouët) n’avait pas encore repris au moment où nous quittions les lieux. Toute chose qui cause depuis le lundi 20 mars 2023 beaucoup de désagrément aux pauvres habitants de Adjahui qui se débrouillent dans de petits commerces ou autres petits métiers de bricolage qui sont obligés d’emprunter la pinasse à moindre coût avec tous les risques que cela comporte pour joindre leur lieu de travail de l’autre côté de la lagune Ebrié. Vivement que les autorités traditionnelles, municipales, le gouvernement… trouvent une solution à cette situation.

Prompt rétablissement aux blessés et condoléances aux familles endeuillées, et compassions aux opérateurs économiques qui ont, encore une fois subi d’énormes dégâts matériels.

Antoine Kouakou

Commentaires Facebook