Dans plusieurs de nos pays subsahariens, le service de mise à disposition du gaz butane domestique destiné aux ménages se fait généralement au travers de bonbonnes portables contenant des quantités de gaz réglementées.
Il s’agit en d’autres termes de bouteilles de gaz de tailles variables et transportables d’un point de vente donné au lieu d’utilisation du consommateur final. Elles sont sous formes métalliques ou en matières plastiques ignifuges résistantes au feu, robustes et spécialement adaptées à cet usage.
Par principe, les bouteilles de gaz délivrées par les centres emplisseurs agréés sont réputées avoir favorablement satisfait à de rigoureux tests d’intégrité et d’étanchéité pour s’assurer qu’elles ne présentent aucun défaut majeur susceptible de conduire à une fissuration ou une fuite de gaz dans les conditions normales d’utilisation prescrites.
A toutes fins utiles, elles portent un numéro de série unique, une couleur d’identification remarquable, un certificat de conformité, etc. qui permettent entre autres de tracer leur origine en cas de litiges et pouvoir faire les vérifications nécessaires.
En seconde option, il y a le réseau de distribution continue de gaz. Il s’agit de distribuer le gaz par voie de gazoducs interconnectés et desservant les ménages, similairement au schéma de l’eau de ville distribuée au compteur dans nos foyers. Cette option est déjà implémentée dans certaines régions subsahariennes mais, à la différence de l’Afriqure du Nord, elle y reste encore moins étendue et surtout moins populaire que l’usage des bouteilles de gaz.
La distribution de gaz domestique par voie de gazoduc offre au consommateur de recevoir une facture. Il a donc le loisir d’une fourniture de gaz continue et illimitée et ce, tant qu’il paie ses factures. Il n’a pas chaque fois à aller chercher une bouteille pleine lorsque celle qu’il utilise est vide.
Chacune de ces deux options a donc des avantages spécifiques qui se prêtent mieux à un pays qu’à un autre et ce, en fonction des besoins du client notamment.
Par commodlité donc, les industriels qui consomment de grands volumes de gaz sont par exemple servis par des réseaux de gazoducs dédiés et ce, à condition bien entendu que les tuyauteries arrivent à leur portée. Sinon, ils sont livrés par des camions-citernes transportant de grosses bonbonnes de gaz comprimé ou liquéfié.
Dans tous les cas de figures, l’intérêt pour les ménages, les restaurants, les petits ateliers, etc. d’opter pour les bouteilles à gaz domestiques est de pouvoir gérer à leur guise leur consommation sans devoir songer à s’acquitter de factures périodiques que certains jugent stressantes. Sauf qu’aujourd’hui, cela prête à des allégations diverses.
La mise à disposition officielle de bouteille de gaz B6, dite bouteille de grade 6 kilogrammes, est parasitée par une offre clandestine souventes fois citée dans des accidents rapportés par les centres médicaux des grands brûlés qui accueillent des victimes.
A cet effet hélas, il y a un tel foisement de posts à buzz sur les réseaux sociaux qui nous infoxent tant au point de nous faire perdre la bonne compréhension de ce phénomène âprement combattu par les autorités de tous les pays concernés.
En réalité, il convient déjà de comprendre que les clandestins qui s’adonnent au transvasement de gaz, d’une bouteille à une autre, ne manipulent pas d’autre gaz que du butane. Ils ne rempliront pas par exemple la B6 par un autre gaz comme l’on entend dire au travers des réseaux sociaux. Ils n’ont pratiquement aucun intérêt financier à vider une bouteille de butane pour y mettre un autre gaz combustible de substitution.
Où le trouveraient-ils d’ailleurs et de quel gaz s’agirait-il ?
Soyons donc rassurés que le gaz présent dans toutes nos bouteilles de gaz est le même gaz butane domestique. Ce qui ne veut toutefois pas dire qu’une bouteille de gaz transvasée par des clandestins nous met en sécurité. Il y a bien un risque du moment où la bouteille est trafiquée.
Somme toute donc, le fond du problème se situe ailleurs et non du tout au niveau de la nature du gaz. Cependant, ce n’est pas parce qu’une bouteille de gaz provient d’un distributeur agréé que l’on se permettrait de la manipuler hasardeusement et sans tenir compte des précautions d’usage.
En effet, tout combustible, le butane domestique y compris, reste une matière explosible quand il n’est pas convenablement manipulé, transporté ou conservé.
Et c’est en cela que les clandestins nous mettent tous en danger car ils opèrent en flagrante ignorance des règles de l’art régissant cette activité qui est du ressort exclusif des professionnels agréés. Les divers préjudices humains, sociaux, financiers et économiques sont énormes.
En effectuant par exemple le transvasement d’un lot de petites bouteilles B6 vers de grandes bouteilles B12, il n’y a aucune garantie que les clandestins remplissent les B12 à leur juste niveau. Ces bouteilles trafiquées sont alors majoritairement sous-remplies. Les consommateurs le remarquent même et accusent donc une perte financière.
D’autre part d’ailleurs, les clandestins ne videront pas non plus entièrement les petites bouteilles B6 qui servent à remplir les grandes bouteilles B12. Ils ne se gêneront pas ici non plus à les revendre au prix d’une bouteille B6 à pleine mesure alors qu’il s’agit en realité de bouteilles B6 sous-remplies
Tout se passe dans leurs ateliers de fortune et non agréés qui bien souvent sont dans des quartiers et en des lieux connus par certains riverains silencieusement regardants. C’est un silence parfois motivé par la peur d’éventuelles représailles qui s’en suivraient de la part des clandestins.
En fin de compte, des pays de la zone subsaharienne se retrouvent avec un marché parallèle induisant au moins quatre types de situations problématiques à commencer par le fait que les clandestins travaillent au noir et ne paient pas d’impôts. Ce qui s’avère économiquement préjudiciable pour les États.
D’autre part, la pratique du transvasement clandestin est une posture concurrentielle qui se fait au détriment des grossistes et autres distributeurs officiels et agréés. Beaucoup frisent la cessation d’activité ou ont déjà fait faillite. Il s’agit là donc d’une fragilisation d’un pan du tissu des activités professionnelles formelles des États.
Entre autres conséquences problématiques, comme sus évoqué, les clandestins ne se privent pas de servir des bouteilles de gaz insuffisamment remplies et donc non conformes aux poids réglementaires requis. Elles sont de durée d’utilisation plus courte que la normalle et c’est le consommateur final qui est financièrement impacté. Ils nuisent ainsi au pouvoir d’achat des citoyens des États.
Et enfin, en quatrième problématique, il y a le risque sécuritaire qui met tout le monde en danger en cas de feux non maîtrisés ou d’explosion des bouteilles non conditionnées suivant les bonnes pratiques idoines.
En effet, une fois ouvertes pour les opérations de transvasements, les bouteilles en question n’ont plus de garantie en terme d’étanchéité. D’où les fuites de gaz qui sont rapportées avec récurrence et plus précisément au niveau de la tête des bouteilles de gaz.
Pour s’en sortir, les clandestins sont en premier lieu appelés à une cessation immédiate de ces activités et adopter un comportement citoyen qui nous mettra tous en sécurité.
Pour leur part au demeurant, lorsqu’elles sont témoins de ces transvasement clandestins, les populations riveraines sont appelées à les signaler aux autorités compétentes sous le couvert de l’anonymat. Elles agiront avec diligence pour contrecarrer ces derniers dès qu’elles en seront ainsi informées ou qu’elles les démasqueront elles-mêmes au travers des patrouilles qu’elles mènent.
Et enfin, tâchons de nous sensibiliser les uns les autres et faisons attention aux lieux où nous nous approvisionnons en bouteille de gaz butane domestique.
L’on ne saurait terminer sans rappeler aux transporteurs qui les utilisent qu’ils s’exposent eux aussi aux mêmes risques d’explosions mortelles et du moins hautement handicapantes pour les victimes.
Nul n’ignore d’ailleurs que les bouteilles de gaz butane combustible, souvent trafiquées et donc à risque, utilisées à des fins non autorisées de carburants automobiles tombent sous le coup de la loi N°92 – 469 du 29 juillet 92 portant répression des fraudes en matière de produits pétroliers et des violations aux prescriptions techniques de sécurité.
En la matière donc, et pour rappel, seuls les centres emplisseurs officiels sont autorisés à exercer le conditionnement des bouteilles de gaz butane domestique et ce, pour notre sécurité à tous.
En dehors de cet cadre agréé exclusif, toute opération clandestine de transvasement de bouteilles de gaz B6 vers celles de B12 est en connaissance de cause interdite.
Par Serge Parfait DIOMAN
Expert International en Industries Pétrolières et Énergies
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