Burkina: Le bilan de 12 ans de présence des forces spéciales françaises « est difficile à dresser », selon les médias français

A la demande de la junte au pouvoir à Ouagadougou, les forces spéciales françaises ont acté leur retrait du pays sahélien. Leur bilan, au bout de près de douze ans de présence, est difficile à dresser.

Par Cyril Bensimon, Elise Vincent et Morgane Le Cam

Leur départ a été à l’image de leur arrivée et de leur action. C’est en toute discrétion, samedi 18 février, que les forces spéciales (FS) françaises ont acté leur retrait du Burkina Faso, à l’occasion d’une cérémonie solennelle de descente des drapeaux au camp militaire Zagré. Située à Kamboinsin, en périphérie de Ouagadougou, l’enceinte militaire ultra-sécurisée était la principale base arrière de « Sabre », nom de l’opération des forces spéciales tricolores au Sahel.

Ce départ intervient au terme du délai d’un mois donné aux Français pour quitter le pays, suite à la rupture de l’accord de défense qui liait Paris et Ouagadougou. Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré et de ses hommes suite à un coup d’Etat en septembre 2022 – le deuxième en huit mois –, la fin de « Sabre » était l’une des exigences principales des manifestants qui se rassemblaient régulièrement en fin de semaine dans la capitale en soutien à la junte. Une défiance qui s’est renforcée à mesure que les groupes armés terroristes ont étendu leur emprise sur le pays, au point de contrôler aujourd’hui 40 % du territoire.

Si la plupart des forces spéciales françaises – qui ont compté jusqu’à 400 opérateurs – ont déjà quitté Ouagadougou, « Sabre » conservera un ancrage en Afrique de l’Ouest. Plusieurs pays sont évoqués comme base de repli, notamment la Côte d’Ivoire, où la France dispose d’une de ses plus importantes implantations militaires sur le continent (avec 900 hommes), et le Niger, où une part conséquente des moyens de l’opération « Barkhane » ont été rapatriés en 2022.

Blaise Compaoré, ami précieux et intéressé de la France
Le départ des « FS » est en tout cas la fin de plus vingt ans de présence militaire française au Burkina Faso, initialement le résultat d’un choix contraint, mélange de contingences sécuritaires et politiques. En 2009, pour répondre à la multiplication des attentats et des prises d’otages organisés par des groupes islamistes, les stratèges militaires français réfléchissent à un plan de sécurisation du Sahel. Nicolas Sarkozy, alors au pouvoir en France, n’a pas l’intention de déclencher une opération armée d’envergure, comme s’y résoudra finalement son successeur, François Hollande, avec l’opération « Serval » en 2013, suivie de « Barkhane ». Mais il faut un point de chute pour des éléments des FS.

Or le président malien de l’époque, Amadou Toumani Touré, et son voisin nigérien, Mamadou Tandja, entretiennent des relations difficiles avec leur homologue français et refusent toute implantation. Seule la Mauritanie répond favorablement dans un premier temps. Un détachement de FS s’installe donc d’abord à Atar, petite ville désertique de l’ouest du pays qui présente des avantages pour Paris. Les militaires y ont quelques repères car la commune a servi de garnison aux troupes coloniales jusque dans les années 1960. Atar a aussi le mérite de disposer d’un aéroport d’où il est facile de décoller pour lancer des opérations sans trop de visibilité. Mais ce premier détachement de FS se trouve vite excentré pour rayonner sur l’ensemble du Sahel.

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