Mabri Toikeusse, Affi N’Guessan, hier derrière le CNT, aujourd’hui au RHDP: quelle crédibilité ?

L’action en politique doit tenir compte de l’analyse des faits, des rapports de force du moment, selon Guillaume Gbato, éminent journaliste, directeur de publication du quotidien Notre Voie, et donc proche d’Affi Nguessan.

Le problème, c’est qu’on peut lui demander où se situe la place des convictions en politique ? Un homme politique qui brade ses convictions, retourne sa veste au gré du vent, se livre à des revirements incessants, passe d’un bord à l’autre, inspire tout sauf la confiance. Bien sûr, en politique, les alliances et les regroupements sont permis. Mais cela doit-il forcément conduire à se renier, à accepter d’avaler aujourd’hui ce qu’on avait vomi hier ? A maudire un jour, et l’encenser, le bénir le lendemain ?

C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui avec ces deux leaders politiques. Entre 2011 et 2019, ces deux messieurs ont bénéficié l’un des faveurs, l’autre des largesses du pouvoir, puis se sont retournés contre ce même pouvoir à la faveur de la présidentielle de 2020 en tentant de mettre sur pied un gouvernement parallèle dès la proclamation des résultats, pour revenir de nouveau aujourd’hui dans le camp présidentiel. Où est la crédibilité ? où sont les convictions ? Où est la parole d’homme ? Ces deux leaders se sont-ils préoccupés un seul instant de l’impact de ces revirements sur leurs militants ?

Revenons sur la cérémonie d’hommage au Chef de l’Etat qui a été organisée à Man le 23 Décembre dernier, dans la foulée de l’inauguration des nouveaux CHR de Man et de Danané. La cérémonie fut un fiasco total, avec des tribunes du stade Léon Robert de Man quasiment vides. Beaucoup ont attribué cet échec de mobilisation à la guerre de leadership entre le Ministre Vagondo Diomandé et Mabri Toikeusse. Si cette cause n’est pas à écarter, en réalité elle n’est pas la seule.

En 2019 et 2020, alors qu’il menait ouvertement campagne pour la présidentielle sans vraiment le dire, Mabri Toikeusse s’est acharné à  » taper sur le pouvoir  » dans tous ses meetings. Résultat, une défiance des populations vis-à -vis du président de la République. Aujourd’hui l’homme a retourné sa veste, mais cette défiance persiste chez les populations, car on ne peut pas du jour au lendemain enlever dans la conscience collective une conviction qui est fortement ancrée. C’est un logiciel qui n’est pas facile à « désinstaller ».

La chose risque aussi de s’appliquer à Affi N’guessan. Si l’homme mobilise dans ses meetings, jusque-là cela ne s’est pas encore traduit par un raz-de-marée dans les urnes, en dehors de son fief du Moronou. Comment les militants vont-ils accueillir ce nouveau revirement ? Seront-ils davantage mobilisés ou va-t-on assister à un départ massif en direction du parti de l’ex-président, ou même du parti de son ex-épouse ? D’ores et déjà on peut le dire, le malaise est palpable. Si Affi Nguessan est contraint de s’allier au pouvoir pour  » continuer d’exister  » comme le reconnaît Guillaume Gbato, alors c’est que l’enveloppe est réellement vide, c’est qu’il ne pèse pas grand chose en dehors de sa région natale.

Et donc ce mariage avec le parti au pouvoir n’ y changera rien, car ce n’est pas cela qui va lui apporter de nouveaux militants. Ce mariage va artificiellement le maintenir sur l’échiquier politique, lui donner une certaine visibilité, mais ne fera pas accroître son poids politique réel dans cette nation. Des leaders politiques comme Gnamien Konan, Coulibaly Mamadou etc…. se sont artificiellement maintenus sur l »échiquier politique, mais ont fini par disparaître du paysage, car en termes de militants, ils ne pesaient pas grand chose en dehors de leur région natale. C’est un scénario qui guette Affi Nguessan.

Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com

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