L’Ivoirien que je suis est très fier aujourd’hui lorsqu’il sillonne les rues d’Abidjan et les principales villes de l’intérieur du pays.
Je vois les routes, les autoroutes, les ponts, les échangeurs, les universités, les stades, les hôpitaux qui sont construits ou en construction. Je vois tous les travaux qui sont en train d’être réalisés dans ma bonne vieille ville de Bingerville et qui vont en faire une des cités les plus dynamiques de notre pays. Bingerville a pour elle son relief et ses lagunes qui avaient amené les colons français à en faire leur capitale après Grand-Bassam. J’espère que notre conseil municipal saura tirer profit de ces atouts pour faire de notre Bingerville une attraction sur le plan touristique. Attention, une partie de la lagune du côté de Gbagba est en train de devenir un marécage nauséabond. En ce moment je supporte même gaiment les embouteillages qui rendent les entrées et sorties de ma cité très compliquées à certaines heures, parce que je sais que bientôt tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir.
Les autres Africains, y compris certains de nos très chers frères camerounais qui n’aiment rien d’autre que détester notre président Alassane Ouattara, commencent à reconnaitre que notre pays est bien différent des autres, et qu’ici, effectivement l’argent travaille. A propos des stades, des confrères d’une télévision camerounaise ont récemment réalisé un reportage sur les stades construits à coût de milliards de nos francs et qui sont abandonnés après la Coupe Africaines des Nations (CAN). Prenons-en de la graine et veillons à être l’exception en Afrique dans ce domaine. Nous avons quelques-uns des meilleurs footballeurs évoluant en Europe. Faisons en sorte que la construction de ces nouveaux stades à l’occasion de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations soit une occasion pour donner un nouveau coup de fouet à notre sport roi. Nous avons tous vu les résultats obtenus par le Maroc lors de la dernière coupe du monde au Qatar. C’est, entre autres, parce qu’il y a eu des infrastructures et une volonté politique, que ce pays ami a pu atteindre ce résultat. Nous aurons bientôt les stades. Faisons venir le reste, pour, d’une part valoriser ces investissements, et d’autre part, faire de notre pays une grande nation de football sur les plans continental et mondial.
Pour nous résumer, nous Ivoiriens, avons toutes les raisons d’être fiers de notre pays et de nos dirigeants pour tout le travail qu’ils sont en train d’abattre pour faire de notre pays un pays moderne. Mais ce qui me gêne, moi, ce sont ces ordures que l’on croise partout et qui de mon point de vue, réduisent à néant tout le gros travail fait. Quel est l’intérêt de vivre dans une ville moderne aux échangeurs futuristes mais sale ? Quelle fierté pourrait-on tirer de vivre dans la plus belle maison construite au milieu des ordures ? Savons-nous au moins que ces ordures attirent des maladies ? Je suppose que nous sommes tous très contents lorsque nous circulons sur le pont HKB. Sortez un jour de ce pont pour aller à Anoumabo, quartier popularisé dans le monde entier par le groupe Magic System à travers son Festival de musique urbaines d’Anoumabo. La première chose qui vous frappera à l’entrée du quartier sera les ordures. Et pourtant Anoumabo n’est pas à la périphérie d’Abidjan, mais au contraire, en plein cœur, en face de la résidence du Chef de l’Etat et de ses principaux ministres. Allez à Grand-Bassam, patrimoine mondial de l’UNESCO, allez à Sassandra, Adzopé, Man, Daoukro, dans n’importe quelle localité de notre pays. Ce sont les ordures qui vous accueilleront en premier. Quel est notre problème ? Sommes-nous vraiment un peuple de gens sales ? Apparemment nous ne nous en rendons même plus compte. Puisque personne ne bouge depuis que nous alertons sur cet état de fait. C’est vraiment avec ces ordures que nous comptons recevoir nos hôtes pour la CAN l’année prochaine ? C’est avec ces ordures que nous espérons faire venir des touristes européens, américains ou asiatiques dans notre pays ? Quel est notre problème ? Est-ce si coûteux que cela d’être propre ? Cela coûte-t-il si cher d’enfouir ou détruire nos ordures ? Comment font les autres pays ? Pourquoi est-ce que nous n’intégrons pas l’amélioration de la qualité de notre environnement dans nos projets d’investissement ? Est-ce vraiment parce que nous ne voyons plus les ordures qui nous entourent ? Pourquoi donc créer des ministères et des agences, chargés de la salubrité, si nous ne voulons pas ou ne pouvons pas leur donner les moyens de jouer leur rôle ? Personnellement j’ai honte lorsque je sillonne mon pays et que je ne rencontre que des caniveaux emplis d’eaux putrides, des ordures et des sachets plastiques partout. Et je sais que ne suis pas le seul.
Venance Konan
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