L’immatriculation des travailleurs ou le règne de l’informel et de la précarité (Épisode 3, Think Tank Mamadou Koulibaly)

On estime que 80 à 94%* des ivoiriens travaillent dans l’informel, et ne sont donc pas immatriculés. De fait, le secteur informel maintient dans la précarité ceux qui y exercent puisqu’il ne leur procure que de faibles revenus (très largement en dessous du salaire minimum), les prive de sécurité d’emploi ainsi que de protection sociale comme l’assurance maladie, la retraite etc. En outre, les emplois informels sont moins productifs et ne contribuent pas au budget de l’État à travers la fiscalité. Pour ces raisons, la qualité d’un emploi formel est très largement supérieure à celle d’un emploi informel. Il importe donc dans le cadre d’une politique de création d’emplois de créer des emplois de qualité (donc formels), qui seuls peuvent mener vers une amélioration réelle et durable des conditions de vie des ivoiriens.

Lorsque 94% de ceux-ci exercent déjà dans l’informel, et que 350 à 400.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, alors la création d’emplois formels est un défi de taille. Nous nous sommes donc demandé comment le gouvernement actuel, qui ne cesse de louer ses performances en la matière, relève en réalité ce défi. Nous avons conclu, sur la base des chiffres officiels disponibles, que ses performances réelles sont là encore plus que médiocres.

En effet, sur une population active potentielle d’environ 17 millions (RHGP 2021), le secteur moderne de l’économie ivoirienne, c’est à dire les salariés déclarés et immatriculés, ne représentait que 1.2M (ou 7%) en 2021 (DPPSE Annexe Note de Conjoncture Économique et Financière). Ces chiffres suggèrent que les discours officiels sur les millions d’emplois créés sont soit farfelus et mensongers, soit que ces nouveaux emplois ont bien été créés mais qu’ils sont informels, même si dans cette dernière hypothèse, l’on voit mal comment le gouvernement pourraient en connaitre le nombre précis puisqu’ils sont précisément informels. Mais peu importe le cas de figure, la création de millions d’emplois parait plutôt de relever de la fiction et du réflexe triomphaliste d’un gouvernement qui a coutume de recourir à la propagande et à la falsification lorsqu’il est mis en échec.
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*l’enquête nationale sur la situation de l’emploi et le secteur informel (ENSESI) 2016 ;
Creating Markets (IFC). https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/3bc755fd-ebd0-4829-864c-479ae97bbf3e/CPSD-Cote-d-Ivoire-Executive-Summary.pdf?MOD=AJPERES&CVID=nvlSboR

#TTMK #Mamkoul

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