Un projet de rénovation de plusieurs quartiers précaires de la ville d’Abidjan dont des villages Ebrié, va bientôt voir le jour si l’on en croit le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme. Lors d’une récente rencontre avec la presse, Bruno Koné a indiqué que le financement de ce projet était bouclé et que les travaux devront être lancés bientôt.
Le village d’Anono est aussi concerné par cette rénovation urbaine qui vise à apporter, selon son concepteur, les infrastructures nécessaires (logement, route, assainissement, eau, électricité…). Seulement, le chef de ce village a marqué sa différence sur ce projet de développement qui, de son avis, est acceptable mais dont il n’est pas informé des contours en tant qu’autorité du village. Recevant les vœux de la presse le lundi 30 janvier 2023 au siège de la chefferie d’Anono, le locataire des lieux, Sévérin Nandjui Djorogo a dénoncé un vice de procédure dans la conduite dudit projet par le ministère. »Je ne suis pas au courant. Je suis le représentant d’Anono et c’est nous en tant que chef du village qu’on doit approcher. On accepte le développement mais il faut que nous soyons à l’aise et qu’on tienne compte de nos avis et nos doléances », a objecté le chef qui totalise 5 ans à la tête de ce village de la commune de Cocody. Il dit être d’accord avec ce que veut apporter l’Etat mais qu’en retour, il faut qu’Anono bénéficie des retombées économiques et financières. S’il s’agit de construire de nouveaux logements, le chef propose qu’un quota de la location de ces maisons revienne aux caisses du village pour qu’il finance par lui-même la construction de certaines infrastructures. Il n’est pas question, dit le chef, que les mêmes erreurs du passé soient commises. Il révèle ici, une vieille promesse de Thierry Lébé, alors ministre de la Construction en 1970 lequel avait co-signé un accord avec Anono visant à octroyer un montant équivalant à sept fois les valeurs des terres sur lesquelles le gouvernement a bâti plusieurs infrastructures. La Riviera Golf, l’Ivoire Golf Club, l’Ecole de police, l’Université de Cocody, l’Ecole de gendarmerie… Cet engagement, fait-il savoir n’est pas honoré à ce jour.
Le très médiatique Chef Nandjui Djorogo a saisi cette occasion pour ébaucher ses projets depuis qu’il dirige le village. Un hôpital de plus de 500 millions de FCFA et un lycée moderne en construction. Pour ce qui est du projet de bitumage, il a dénoncé la non-réalisation d’une promesse de l’Etat via le District d’Abidjan visant à bitumer les rues du village. Une promesse non tenue depuis 2015, selon M. Nandjui. Lequel invite l’Etat à être un aval car des investisseurs privés sont prêts à réaliser ces infrastructures (22 km de bitume pour 12 milliards de FCFA) mais n’attendent que la caution de l’Etat ivoirien. »L’Etat doit nous aider. Nous avons des partenaires qui sont prêts », a-t-il plaidé.
Celui qui est aussi le président du Collectif des chefs Atchan a fustigé des mains occultes dans la gestion des villages Ebrié qui sont présentement en crise de chefferie. Il a invité l’administration préfectorale à éviter les contorsions et à respecter scrupuleusement les procédures de désignation des chefs en pays Ebrié. Lesquels chefs sont choisis dans les classes d’âge, les générations. Ainsi à titre d’illustration, il a pointé les conflits en cours à Adjamé Bingerville et à Abata où des arrêtés de nomination ont été attribués en violation des résultats des consultations populaires. Résultat des courses, révèle Nandjui Djorogo : »cela fait deux ans que celui qui a été désigné chef par arrêté préfectoral ne peut rentrer dans son village à Abatta. Pis, ses biens ont été saccagés ». Il trouve incompréhensible que des autorités dont des ministres, parrainent des chefs sans arrêté de nomination. »Il faut respecter les procédures », a-t-il insisté.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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