Le marché de vivriers « Gbeba » d’Adjamé rasé

L’espace Gbeba d’Adjamé n’est plus qu’un vieux souvenir. Et pour cause, ce marché de vivriers très fréquenté par les femmes qui exercent dans ce secteur d’activité a été complètement détruit depuis le jeudi 26 janvier 2023.

Les informations en notre possession font état de ce que c’est sur ordre du Conseil municipal, les agents de la Police municipale d’Adjamé ont rasé ce marché de vivriers.

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Aux dires de Mme Vri Victoria, présidente d’une des coopératives victimes de cette opération de déguerpissement à laquelle elle n’a été ni associée, ni prévenue, c’est depuis 2009, que les femmes occupent cet espace avec tous les agréments exigés par le ministère de l’Agriculture, à travers le Firca pour exercer cette activité.

Aussi, rassure-t-elle, qu’avec le reste des présidentes présentes sur le site dont elles bénéficient, suite à des demandes formulées à la Mairie d’Adjamé, elles n’ont aucun souci avec la coordination des gares routières à qui, il a été demandé de verser de l’argent chaque fin de mois et pour les déchargements de tous les véhicules provenant de l’intérieur du pays (5000 F CFA par camion) et ceux en provenance de la sous-région (30000 F CFA depuis quelques jours).

Elle poursuit pour dire qu’au départ, les véhicules en provenance du Niger, Burkina Fasso et Nigéria transporteurs des oignons s’acquittaient de la somme de 10.000 F CFA pour tout déchargement avant de passé à 75.000 F CFA.
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A la suite de négociations entre les commerçants de la filière oignon et la coordination des gares routières le montant est revenu à 40.000 F CFA puis à 30.000 F CFA depuis quelques jours.

« D’ailleurs, ces différents montants, considérés comme des taxes à payer n’ont jamais constitué de souci pour les commerçantes », affirme Mme Vri Victoria.

Voilà pourquoi, elle dit ne pas comprendre cette opération de déguerpissement unilatéral et manu-militari menée par les éléments de la Police municipale d’Adjamé.

« Qu’on nous dise ce qui se passe. Parce que tout ce qui a été détruit sur ce site a été construit par ces braves présidentes de coopératives sans l’aide de personne. Ce sont avec nos maigres moyens que nous avons assaini cet espace que nous partageons avec les gares routières. Quand on sait qu’on nous a exigé des agréments pour contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire », clame-t-elle.

Surtout que pour elle, le ministère en charge de l’Agriculture leur a exigé des normes avant de pratiquer cette activité.

« Ils nous ont demandé de créer des palettes, de construire des toilettes, des dortoirs, de grands entrepôts pour la conservation de nos produits. Tout ceci a été fait. Tous les samedis nous nous cotisons pour des opérations de salubrité et d’assainissement », fait-elle savoir.

Le ministre Diarrassouba Souleymane appelé à l’aide

Ces présidentes de coopératives qui entretiennentde bons rapports et travaillent en bonne intelligence avec les ressortissants des pays voisinssouhaitent avoir accès au site afin de vaquer tranquillement à leurs activités.

« Nous ne voulons que nos espaces pour répondre favorablement à la mission qui nous a été confiée par le Président Alassane Ouattara, le Premier ministre Jérôme Patrick Achi et le ministre en charge du Commerce, Souleymane Diarrassouba. Celle de fournir les marchés de denrées alimentaires », plaident la présidente Vri Victoria et les actrices du secteur du vivrier auprès des autorités municipales d’Adjamé.

Quant à la réaction de la Mairie d’Adjamé, le Conseiller technique du Premier magistrat de la commune, Ouattara Basile en charge du dossier, se veut apaisant en rassurant qu’il ne s’agit qu’une simple opération d’assainissement.

« La mairie d’Adjamé n’ambitionne que de mettre de l’ordre sur cet espace partagé par des transporteurs et des commerçants. Une fois l’opération terminée, elles pourront retrouver leur site. Nous allons, à cet effet, convoquer une grande rencontre avec toutes les parties prenantes », a-t-il annoncé.

En attendant, Mme Vri Victoria et les milliers de femmes qui fournissent le marché abidjanais en vivriers ne savent pas à quel saint se vouer afin de continuer à prendre en charge leurs enfants.

Aussi, sollicitent-elles l’aide du ministre Diarrassouba Souleymane pour une issue favorable pour toutes parties.

TRETA Zoumana

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