C’était un défi pour le patron de presse Alafé Wakili et le comité national de la Jmca dont il conduit les destinées. Dans un contexte où la culture constitue le parent-pauvre des budgets de la plupart des pays africains, en particulier la Côte d’Ivoire, réussir un événement culturel n’est pas donné d’avance. Mais à l’arrivée, la célébration de la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante fut un succès, un pari gagné.
Ce 24 janvier à la place Henri Konan Bédié d’Agboville, capitale de l’Agnéby-Tiassa au sud-est de la Côte d’Ivoire, les populations locales et environnantes ont donné des couleurs et vibré au son de rythmes divers. Les percussions, thème central de cette célébration, ont parlé. les agbovillois ont dansé et ont chanté comme pour dire que les percussions et l’Afrique font corps. Des premières heures de la matinée jusqu’en début de soirée la place Hkb a connu une mobilisation et animation particulières. Des artistes modernes et des danseurs traditionnels ont tenu en haleine le nombreux public composé d’autorités administratives, coutumières, d’élèves et de curieux venus d’Abidjan et des villes et villages environnants. C’était un moment de culture mais aussi de découverte pour les amoureux du tourisme culturel.
Miss Côte d’Ivoire 2022, Miss Awoulaba, Miss apoutchou, les coiffeuses venues d’Abidjan, les danseuses traditionnelles d’Eri-Makouguié (village Abbey, ethnie locale), les jongleurs d’enfants de la communauté Wê (Ouest de la Côte d’Ivoire), des hommes déguisés en gorilles (tenue de camouflage) étaient la grande attraction de la journée. Sans oublier les chefs coutumiers dans leurs tenues traditionnelles.
La veille, le lundi a été consacré à la réflexion sur le thème »l’Afrique et les percussions ». Ici les panélistes amenés par Dr Zié Coulibaly ont éclairé les participants sur les fondements et la fonction sociale des percussions en Afrique. La percussion comme moyen d’expression, de communication mais codifié pour véhiculer un langage. Les percussions en Afrique, ont-ils dit, restent encore inexplorées car à chaque peuple correspond une multitude de sonorités produites par les percussions. A la question d’un chef traditionnel de savoir pourquoi les tambours parleurs comme le Djidji Ayékwé étaient particulièrement visés par le pillage des colons, Dr Zié a répondu que c’est en raison de leur rôle dan la société africaine. Les tambours étaient facteurs d’unité, de communication et de rassemblement. Il fallait casser cette dynamique sociale.
Au total, la Journée mondiale de la culture africaine et afrodesendante (Jmca) aura marqué les esprits, le temps de deux journées. Doucement, elle rentre dans les mœurs. Instituée par l’Unesco elle devait être l’affaire des états. Mais ceux-ci semblent traîner les pas. D’où l’initiative prise en Côte d’Ivoire par Alafé Wakili lequel a invité les collectivités à s’approprier la Jmca. En attendant, il a pris les devants.
»La Jmca veut redonner à l’Afrique son identité culturelle. Il s’agit d’un acte majeur qui vise à réconcilier l’Afrique avec elle-même ». Tel est le message lancé par le président du comité d’organisation dans son allocution où il a remercié partenaires institutionnels et entreprises ayant accompagné ce projet culturel.
SD de retour d’Agboville
sdebailly@yahoo.fr
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