Après s’être imposée sur le plan local, avec plus de 500 milliards de F CFA de commandes [majoritairement publiques] depuis sa création en 2012, NSE-CI a décroché depuis 2018 ses premiers contrats au Bénin.
La réhabilitation de l’axe Yamoussoukro-Daloa – 145 km financées par l’État à hauteur de 69 milliards de F CFA (105 millions d’euros) – est terminée depuis la rédaction de cet article. À la manœuvre, les engins de NSE CI. Idem pour le nouveau pont d’Aboisso sur le fleuve Bia traversant la ville, ou encore les lourds chantiers de Mondoukou non loin de Grand-Bassam, les routes dans la région de Mankono plus au centre nord du pays ou les travaux de voiries au Plateau etc. NSE CI éprouve de la fierté à présenter son porto-folio fait à coups de milliards de Fcfa.
L’entreprise fondée en 2012 par l’Ivoiro-Libanais Hassan Dakhlallah avec le soutien du groupe de BTP libanais Nicolas Srouji Establishment for Contracting (NSE), a fini par se faire sa place dans le pays.
Au départ spécialisé dans l’immobilier, l’entrepreneur est parvenu avec sa nouvelle société à se faire une place parmi les spécialistes des travaux routiers comme l’ivoirien PFO, le tunisien Soroubat ou les géants français Bouygues, Vinci ou Colas.
Volonté des autorités d’accélérer la reconstruction du pays
À la fin de 2019, NSE CI démarrera le bitumage du tronçon entre Séguéla et Mankono, financé par la Banque islamique de développement (BID), grillant une nouvelle fois la politesse à ses rivaux. « Les projets routiers ivoiriens suscitent de plus en plus de compétition. C’est une bonne chose de voir une société locale avec une vision à long terme percer », juge l’un de ses compétiteurs.
Depuis sa création, le nouveau champion ivoirien du BTP a enregistré près de 300 milliards de F CFA de commandes. C’est à la faveur du programme d’urgence lancé par le chef de l’État, Alassane Ouattara, que l’entreprise a décroché ses premiers contrats. Des chantiers financés par les bailleurs mais attribués de gré à gré, une pratique justifiée par le souci des autorités ivoiriennes d’accélérer la reconstruction du pays.
À l’époque, le chef d’entreprise travaille en binôme avec Hassane Yao, homme de réseau proche, entre autres, de Siandou Fofana, alors directeur général du Fonds d’entretien routier ivoirien. « Leur réseau a joué en leur faveur, mais les chantiers obtenus ont été bien menés », reconnaît un concurrent.
Levées de fonds
Installé dans l’immeuble Teylium du Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan, Hassan Dakhlallah a repris en 2015 le contrôle de 100 % du capital de la société. Les rapports avec son ex-partenaire libanais ne se limitent qu’au paiement de royalties pour l’utilisation de son nom.
Pour structurer sa croissance, le patron, qui préfère rester en retrait et mettre en avant son directeur général, Gérard Kouassi, a recruté le Français Jean-Pierre Carpentier, ancien DG du Bridge Bank Group CI, filiale du groupe Teylium, de l’Ivoiro-Sénégalais Yérim Sow. C’est lui qui a négocié d’importantes levées de fonds auprès des banques locales, comme Société générale Côte d’Ivoire, BGFI, Bank of Africa ou Banque Atlantique pour faciliter le préfinancement des contrats. NSE CI a aussi investi massivement dans l’acquisition de matériel.
Un chiffre d’affaires de 70 milliards de F CFA
« C’est l’une de leurs principales forces », précise une source au sein du groupe Bouygues. L’entreprise possède aujourd’hui plus de 1 430 engins de chantier. Au fur et à mesure des contrats, NSE CI a étendu son champ d’action. Outre les routes, l’entreprise a créé une filiale (TMCI) spécialisée dans la construction métallique (ponts, hangars) et une autre pour la fabrication de béton prêt à l’emploi (Prefabeton).
La société, dont le chiffre d’affaires a atteint 70 milliards de F CFA en 2018, entend s’imposer au niveau régional. Au terme d’un appel d’offres, elle a remporté en 2018 le bitumage de l’axe Toffo-Lalo-Agbangnizoun-Djidja, au Bénin, financé à hauteur de 98 milliards de F CFA par la BOAD. Le chantier sera livré en 2020. Des travaux pour lesquels NSE CI a déployé 300 engins et embauché 500 employés.
« Après avoir consolidé nos acquis en Côte d’Ivoire, c’était le bon moment. Nous avons désormais en point de mire des pays comme le Togo, la Guinée, voire le Burkina Faso ou le Mali », prévient Gérard Kouassi.
De l’immobilier au BTP
Avant d’entamer sa diversification dans le BTP avec NSE, Hassan Dakhlallah avait créé la société de promotion immobilière Ekacico. Il avait ainsi remporté les projets de réalisation du centre hospitalier universitaire d’Angré, dans la commune résidentielle de Cocody, et de l’hôpital général d’Adjamé pour environ 38 milliards de F CFA. Toujours active, la société construit actuellement la promenade du front de mer de la ville d’Abidjan dans la commune de Port-Bouët.
Retouché le 22 janvier 2023
Avec Jeune-Afrique
4 mai 2019 Par Baudelaire Mieu
Commentaires Facebook