En 2023, la croissance mondiale tombera à 1,7 %, contre un taux de 3 % prévu il y a six mois. En Afrique subsaharienne la croissance devrait se modérer pour s’établir à 3,6 % en 2023, puis monter à 3,9 % en 2024.
La BM prévoit un taux de 6,8% pour la Côte-d’ivoire en 2023 et de 6.6% en 2024. L’un des plus hauts taux de croissance sur les deux années en Afrique au sud du sahara (voir Tableau plus bas)
Washington, 10 janvier 2023 – Selon les dernières Perspectives économiques mondiales publiées par la Banque mondiale, la croissance marque fortement le pas sous l’effet de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt, de la diminution des investissements et des perturbations causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Compte tenu de la précarité de la situation économique, toute nouvelle évolution défavorable — comme une inflation plus élevée que prévu, une hausse brutale des taux d’intérêt pour la contenir, une résurgence de la pandémie de COVID-19 ou une escalade des tensions géopolitiques t— pourrait faire entrer l’économie mondiale en récession. Ce serait la première fois en plus de 80 ans que deux récessions mondiales se produiraient au cours de la même décennie.
La croissance de l’économie mondiale devrait s’établir à 1,7 % en 2023, puis à 2,7% en 2024. On anticipe un ralentissement marqué et généralisé, les prévisions étant revues à la baisse pour 95 % des économies avancées et près de 70 % des économies de marché émergentes et en développement.
Au cours des deux prochaines années, la croissance du revenu par habitant dans ces économies devrait être de 2,8 % en moyenne, c’est-à-dire un point de pourcentage de moins que la moyenne enregistrée sur la période 2010-2019. En Afrique subsaharienne, qui abrite environ 60 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde, la progression du revenu par habitant pour les années 2023-2024 ne devrait être que de 1,2 % en moyenne, ce qui risque d’entraîner une augmentation de la pauvreté.
« La crise qui menace le développement s’aggrave à mesure que les perspectives de croissance mondiale se dégradent, déclare le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Les économies émergentes et en développement connaissent depuis plusieurs années une croissance en berne en raison d’un lourd endettement et d’investissements insuffisants, car les capitaux mondiaux sont absorbés par les économies avancées confrontées à des niveaux de dette publique extrêmement élevés et à des taux d’intérêt en hausse. La faiblesse de la croissance et des investissements des entreprises aggravera les reculs déjà dévastateurs en matière d’éducation, de santé, de réduction de la pauvreté et d’infrastructures, ainsi que les nécessités liées au changement climatique. »
La croissance des économies avancées devrait chuter de 2,5 % en 2022 à 0,5 % en 2023. Ces deux dernières décennies, des ralentissements de cette ampleur étaient annonciateurs d’une récession mondiale. Aux États-Unis, la croissance devrait tomber à 0,5 % en 2023 ; ce taux, inférieur de 1,9 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, constituera la plus faible performance enregistrée par ce pays depuis 1970, en dehors des épisodes officiels de récession. En 2023, la croissance de la zone euro devrait être nulle, ce qui correspond à une révision à la baisse de 1,9 point de pourcentage. La Chine quant à elle devrait enregistrer une progression de 4,3 % en 2023, soit 0,9 point de moins que les prévisions précédentes.
En excluant la Chine, la croissance des économies de marché émergentes et en développement devrait ralentir de 3,8 % en 2022 à 2,7 % en 2023, en raison d’une demande extérieure nettement plus faible conjuguée à une forte inflation, des dépréciations monétaires, un resserrement des conditions de financement et d’autres difficultés intérieures.
Fin 2024, les niveaux de PIB dans les économies émergentes et en développement resteront inférieurs d’environ 6 % aux prévisions antérieures à la pandémie. Par ailleurs, même s’il est probable que l’inflation mondiale se modère, elle demeurera supérieure aux niveaux d’avant la COVID.
Le rapport fournit en outre la première évaluation complète des perspectives à moyen terme de la progression de l’investissement dans les économies de marché émergentes et en développement. Sur la période 2022-2024, l’investissement brut dans ces pays devrait augmenter d’environ 3,5 % en moyenne, soit moins de la moitié des taux observés au cours des deux décennies précédentes. Le rapport suggère aussi aux décideurs politiques différentes options pour accélérer la croissance de l’investissement.
« Le niveau peu élevé des investissements est très préoccupant, parce qu’il s’accompagne d’un faible niveau de productivité et d’échanges commerciaux et qu’il assombrit les perspectives économiques globales. Sans une croissance forte et soutenue de l’investissement, il est tout simplement impossible de faire des progrès significatifs dans la réalisation des objectifs de développement et de lutte contre le changement climatique, souligne Ayhan Kose, directeur de la cellule Perspectives de la Banque mondiale. Les politiques visant à stimuler les investissements doivent être adaptées aux circonstances nationales, mais il faut toujours commencer par mettre en place des cadres budgétaires et monétaires solides et par la mise en œuvre de réformes globales du climat d’investissement. »
Le rapport met également en lumière les difficultés spécifiques de 37 petits États, des pays dont la population est inférieure ou égale à 1,5 million d’habitants et qui ont connu un ralentissement plus marqué et un rebond beaucoup plus limité que les autres économies après la pandémie, en partie à cause des perturbations prolongées du tourisme. En 2020, la production économique des petits États a chuté de plus de 11 %, sept fois plus que dans les autres économies émergentes et en développement. Le rapport constate que ces pays subissent souvent des pertes liées aux catastrophes qui représentent en moyenne environ 5 % du PIB par an, ce qui constitue un sérieux obstacle à leur développement économique.
Leurs responsables politiques peuvent améliorer les perspectives de croissance à long terme en renforçant la résilience au changement climatique, en encourageant une véritable diversification économique et en améliorant l’efficacité des administrations publiques. Le rapport appelle la communauté internationale à aider les petits États en maintenant les flux d’aide publique nécessaires pour soutenir l’adaptation au changement climatique et contribuer à rétablir la viabilité de la dette.
Télécharger les Perspectives économiques mondiales (le rapport sera disponible à partir du 10 janvier 2023 à 9h30, heure de Washington)
Perspectives régionales :
Afrique subsaharienne : La croissance devrait se modérer pour s’établir à 3,6 % en 2023, puis monter à 3,9 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Perspectives économiques mondiales : Afrique subsaharienne
Janvier 2023
Tendances récentes : La croissance en Afrique subsaharienne s’est nettement ralentie en 2022, pour s’établir à 3,4 %. Les fortes augmentations du coût de la vie conjuguées à la faiblesse de la demande extérieure et au resserrement des conditions financières mondiales ont freiné la reprise post-COVID dans de nombreux pays. Les tensions sur les prix des denrées alimentaires, déjà importantes avant la pandémie, se sont encore intensifiées en raison des aléas climatiques, des perturbations de l’approvisionnement aggravées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, d’une fragilité et d’une insécurité accrues et, dans certains pays, de fortes dépréciations monétaires. L’année dernière, l’inflation des prix alimentaires a dépassé 20 % dans plus d’un quart des pays, ce qui a ralenti la progression des revenus réels et de la
demande des consommateurs et aggravé encore l’insécurité alimentaire.
Le ralentissement important de la croissance mondiale et la chute des prix des produits de base non énergétiques ont pesé sur l’activité économique de l’Afrique subsaharienne, en particulier dans les pays exportateurs de métaux. Malgré le récent relâchement des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie,
les coûts d’importation sont restés élevés, ce qui a contribué à creuser les déficits courants. La précarité des situations budgétaires due à la pandémie a persisté et, l’année dernière, la dette publique était supérieure à 60 % du PIB dans près de la moitié des économies de la région. La viabilité de la dette s’est encore détériorée dans de nombreux pays non producteurs de pétrole, entraînant une hausse des coûts d’emprunt, des sorties de capitaux et une dégradation de la cote de crédit.
La croissance des trois plus grandes économies d’Afrique subsaharienne — l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria — s’est fortement contractée pour ressortir à 2,6 % seulement en 2022. L’Afrique du Sud, deuxième économie de la région, n’a enregistré qu’une croissance de 1,9 % en raison de l’aggravation des pénuries d’électricité et du renforcement des politiques de rigueur pour juguler l’inflation. L’incertitude politique, le fléchissement de la demande extérieure et les perturbations dues aux inondations et aux grèves ont aussi nui à la croissance. En Angola, les cours élevés du pétrole et la stabilité de la production pétrolière ont permis un rebond de 3,1 %. Dans le même temps, la croissance au Nigéria, premier producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne, a continué de s’affaiblir en raison de l’intensification des
problèmes de production dans le secteur pétrolier. L’inflation dans ce pays a dépassé 21 % en 2022, son niveau le plus élevé depuis 17 ans, ce qui a entraîné un nouveau resserrement des politiques économiques. Et pour les populations vulnérables, l’accessibilité des denrées alimentaires s’est encore détériorée du fait des perturbations dans le secteur agricole et des déplacements de population massifs provoqués par de récentes inondations dévastatrices.
Perspectives : La croissance en Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,6 % en 2023 et 3,9 % en 2024.
Par rapport aux prévisions de juin, la croissance a été revue à la baisse pour près de 60 % des pays, y compris pour plus de 70 % des exportateurs de métaux qui devraient être pénalisés par la poursuite de la baisse des cours mondiaux. En dépit de l’atténuation attendue des pressions inflationnistes, le rythme de reprise devrait rester stable dans de nombreux pays en raison de l’impact négatif de la pauvreté persistante et de l’insécurité alimentaire sur la croissance, amplifié par d’autres facteurs de vulnérabilité tels que les conditions météorologiques défavorables, l’endettement élevé, l’incertitude politique, la violence et les conflits.
Ce ralentissement de la croissance constitue un obstacle majeur pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Le revenu par habitant ne devrait augmenter que de 1,2 % en moyenne en 2023- 2024, un taux beaucoup trop faible par rapport aux progrès nécessaires pour réduire durablement la pauvreté et compenser les pertes de revenus consécutives à la pandémie. Cette année, le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait rester inférieur de plus de 1 % à celui de 2019. Et les projections anticipent que dans près de 40 % des pays, y compris les trois plus grandes économies de la région, le revenu par habitant n’aura pas retrouvé son niveau antérieur à la pandémie même d’ici à la fin de 2024.
Risques : De nombreux risques de détérioration pèsent sur les perspectives régionales. Un ralentissement plus marqué qu’attendu de l’économie mondiale pourrait entraîner une chute brutale des cours des matières premières et freiner la croissance des exportateurs de pétrole et de métaux industriels d’Afrique subsaharienne. Les conditions financières internationales pourraient se resserrer davantage si les pressions inflationnistes mondiales persistent plus longtemps que prévu, entraînant une hausse des coûts d’emprunt et un risque accru de surendettement dans de nombreuses économies de la région. Les systèmes alimentaires de l’Afrique subsaharienne, déjà mis à mal par les coûts élevés des intrants agricoles et les pertes de production dues aux conditions météorologiques, restent particulièrement vulnérables à de
nouvelles perturbations qui pourraient entraîner une flambée des prix des denrées et aggraver l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, les niveaux élevés de violence et de conflit risquent encore de s’aggraver si les conditions de vie continuent à se détériorer. Cette situation, combinée à la fréquence et à la gravité accrues des chocs météorologiques induits par le changement climatique, pourrait perturber davantage l’agriculture et retarder les grands projets d’infrastructure et d’exploitation minière dans certains pays.
Télécharger les Perspectives économiques mondiales: http://wrld.bg/WNfs50MhGZt
Prévisions pour les pays d’Afrique subsaharienne
(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)
2020 2021 2022e 2023p 2024p
PIB aux prix du marché (prix moyens en dollars sur la période 2010-
2019)
Note : e = estimation ; p = prévision. Les prévisions de la Banque mondiale sont
fréquemment actualisées en fonction des nouvelles données et de l’évolution de la
conjoncture (mondiale). Par conséquent, les projections présentées ici peuvent être
différentes de celles mentionnées dans d’autres documents de la Banque mondiale,
même si les évaluations de base des perspectives des pays ne diffèrent pas de façon
significative à un moment donné.
a. Chiffres basés sur l’exercice budgétaire.
b. Pour le Togo, le taux de croissance en 2019 est basé sur le recalcul des estimations du
PIB pour les années antérieures à 2020.
Asie de l’Est et Pacifique : La croissance devrait remonter modérément à 4,3 % en 2023 et 4,9 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (i).
Europe et Asie centrale : L’économie de la région devrait tomber à 0,1 % cette année, puis s’établir à 2,8 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Amérique latine et Caraïbes : La croissance devrait ralentir à 1,3 % en 2023 avant de remonter à 2,4 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Moyen-Orient et Afrique du Nord : La croissance devrait marquer le pas à 3,5 % en 2023 et 2,7 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Asie du Sud : La croissance devrait ralentir à 5,5 % en 2023 avant de remonter légèrement à 5,8 % en 2024. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (i).
Commentaires Facebook