Après environ six mois de crispation et de doute, les 46 militaires ivoiriens détenus à Bamako au Mali sont de retour en Côte d’Ivoire, le pays d’où ils étaient partis le 10 juillet 2022.
Au nombre de 49 au départ, 3 d’entre eux, des filles, avaient été mises en liberté et ramenés à Abidjan grâce à la médiation togolaise.
Le 7 janvier 2023, date de leur retour à Abidjan, c’est donc une page qui est tournée. Celle de la crise et des frictions entre autorités ivoiriennes et maliennes. Ce que l’on qualifiait de crise ivoiro-malienne ou de crise des 49 ou des 46 appartient désormais au passé. Le passé des incompréhensions. Et le chef de l’état ivoirien Alassane Ouattara n’a pas tort de laisser éclater sa joie lui qui n’a pas compris pourquoi et comment son « homologue » malien est allé aussi loin dans un différend entre voisins.
Si Abidjan et Bamako parviennent à fumer maintenant le calumet de la paix, il faut bien louer les mérites de la médiation, disons de la diplomatie togolaise. Contre vents et marées, celui qu’on surnomme chez lui, le jeune doyen a démontré qu’il avait des talents de diplomate à revendre. Patiemment et méticuleusement, il a rendu possible ce qui était jusqu’à une date récente du domaine de l’impossible.
Les 46 militaires ivoiriens sont enfin libres sans un seul coup de feu tiré. Et ici, selon des informations en provenance de Bamako, l’opinion malienne y a joué un rôle décisif. Sans action contraignante décisive, elle aura significativement pesé dans la décision du président de la transition malienne Assimi Goïta. Pour une bonne frange des maliens, cette détention devenait un caillou dans la chaussure des deux peuples frères qui entretenaient jusque-là une coexistence pacifique. Selon des confrères sur place à Bamako, les maliens apprécient positivement cette mesure de grâce de leur président. Ils mettent en avant, les liens séculaires entre les deux peuples. Avec une forte présence de maliens en Côte d’Ivoire et vice-versa, l’intérêt n’était pas dans la mésentente. Mais plutôt dans le pardon mutuel. Selon eux (les maliens), Assimi Goïta a entendu la voix de la raison, la voix de la paix. Il a démontré à quel point il fait chorus avec son peuple. C’est pourquoi, dans leur majorité, les maliens ont salué la libération des soldats ivoiriens. Surtout que selon eux, Assimi a suivi son propre calendrier là où la pression de la Cedeao voulait que la libération des soldats ivoiriens intervienne au plus tard le 1er janvier 2023. Elle est intervenue le 6 janvier après un procès devant les tribunaux maliens.
Une page est donc tournée. Ivoiriens et maliens ont apprécié de part et d’autre les capacités de nuisance et chacun devrait maintenant jouer à respecter l’autre. Le mémorandum signé dans le cadre du règlement de cette crise qui est pour le moment secret n’a certainement pas occulté cette donne. Et le président ivoirien dans son discours d’accueil des soldats n’a pas manqué d’appeler à la bonne coopération entre les deux États. Il ne fait plus de la légitimité de Goïta, une condition sine qua none. Quelque chose vient ainsi de changer, le vent a tourné dans les relations entre les deux pays. C’est le temps de la paix et des leçons apprises.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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