Dans quelques jours, Mon Cher Innocent, 2022 tirera sa révérence et alors, avec elle, toutes les
douleurs et humiliations. Mon cher Kalaï, mon âme est en détresse parce que tu te retrouves loin de
ta terre et deviens, par la force des choses, le dernier des Mohicans d’une lutte pour laquelle tu croupis
dans les geôles de la France. L’incompréhension, sinon la confusion, se mêle à la tristesse et
l’amertume pour te contraindre à une perte de la foi devant tant d’incertitudes pour le futur. Mais je
voudrais que tu te redresses et comme Mandela le disait, chaque fois qu’il était proche de craquer, la
poésie et la lecture le maintenaient dans sa foi de la justesse de son combat.
Oui Camarade! Certes, on dit de nous autres historiens, de tous les hommes de lettres que nous ne
sommes que des bons à rien. Mais, au travers de cette missive, je voudrais partager avec toi, mes vœux
et mon espérance pour 2023, historique année, parce que consacrant la 130
ème
de la création de l’État
de Côte d’Ivoire par La France des Jules Ferry et des Victor Hugo. 67 ans de colonisation directe contre
63 ans d’indépendance. En 2027, on aura autant de temps de colonisation que d’indépendance. Le
Père de notre Indépendance, Félix Houphouët-Boigny, disait que « seuls les imbéciles ne changent
pas ». J’ose ajouter que l’ignorance est un choix et non une fatalité à l’ère du numérique. C’est pour
cela que les quatre prochaines années doivent servir à repenser notre destin individuel et collectif
parce que nous ne devons plus crier comme Sartre que « L’enfer c’est l’autre » quand nous sommes
témoins de ce que Satan aurait pris la nation en otage pour de vrai. Alors, Camarade, il me sied de bien
vouloir t’exprimer mes vœux d’ espérance et de la vraie fraternité.
Camarade Kalaï, souvent, l’histoire nous permet de nous remettre en cause et de nous projeter dans
le long terme. Que ces moments de solitude dans le froid hivernal de cette prison soient aussi ceux du
recueillement et de la réflexion en profondeur sur notre propre histoire.
Oui Kalaï ! Si les sciences expérimentales ont pour objet la matière, les sciences sociales travaillent sur
l’homme comme centre de notre univers. Là où le biologiste ou le chimiste a fait une découverte,
l’historien , le sociologue, l’anthropologue et le linguiste, pour certains, fait remonter les dynamiques
passées comme celles en cours, mais justement pour permettre au présent de s’en inspirer pour
travailler sur le futur. Chez nous les historiens, nous parlons de l’école des annales qui a fait de la
longue durée son centre d’intérêt parce qu’elle fait ressortir les dialectique s et dynamiques de la
société pour faire apparaître les constantes ou les ruptures. C’est justement cette méthodologie que
je vais appliquer à notre histoire, en partant de la mienne au travers de ces confidences qui suivent.
Innocent, je voudrais te faire cas mes rapports avec le Président de la République actuelle sur trois
faits marquants de notre histoire.
Pour ceux qui se plaisent à tordre notre caractère et à nous décrire comme des écervelés destructeurs
de l’école ivoirienne, il est certainement temps de leur rafraichir la mémoire.
Oui Mon Cher Innocent, en avril 1991, le gouvernement décide de supprimer les cars de transport des
étudiants qui étaient logés dans la banlieue abidjanaise. Suspendant notre Assemblée Générale, je
cours voir Monsieur Belkiri, tout puissant Vizir de la « République Houphouétienne » selon Le Ministre
Essy Amara, pour lui expliquer que cette décision, n’étant accompagnée d’aucune mesure, serait
l’objet d’une nouvelle crise, sauf si ma proposition était acceptée par le Premier ministre. Sur le
champs, M. Belkiri me prend et traverse toute la Présidence de la République jusqu’à la Primature. À
M. Alain Belkiri, j’avais suggéré d’étendre les cartes de bus aux étudiants qui les payaient déjà avec les
élèves. À ce jour, cette mesure tient encore la route. Ce jour-là, Tonton Belkiri comme les enfants
Ahipeaud Jean-André l’appelions, en raison de sa vieille amitié avec notre père, s’était étonné que je
vienne lui faire une telle proposition alors qu’il nous avait coupé, à moi, à mes frères et sœurs, la bourse
des pupilles de la République. D’ailleurs, il avait introduit le sujet en disant au Premier ministre que
Martial est le fils d’un très grand ami du Président Houphouët-Boigny disparu depuis une dizaine
d’années et qui se retrouve à la tête des étudiants contestataires, contre toute attente.
Cette proposition était tout simplement en contradiction avec ce que les bulletins de renseignements
du Premier ministre d’alors lui disaient chaque jour sur moi. Mais pour moi, si je pouvais venir le voir
librement pour lui poser les problèmes et qu’il y trouve des solutions, je ne pouvais qu’ en tirer
satisfaction. Et c’est ce que je fis, tout simplement, lors de ma deuxième rencontre avec le Premier
ministre Alassane Ouattara.
Mon Cher Kalaï, ce fut lors d’une rencontre en décembre 1991 avec le Collectif des étudiants que le
Premier ministre nous soupçonnait de manipuler. En prenant la parole, je lui fis un rapport sur la
démographie académique. Les statistiques étaient claires. Sans d’autres universités à compter de
septembre 1992, l’unique université de Cocody recevrait un nombre équivalent à ses capacités d’alors
à chaque session du baccalauréat. Pis, dans ces conditions, nous entrerions officiellement dans une
société d’émeute permanente si une solution à court, moyen et long terme n’était pas trouver à la
crise de la démographie scolaire. Ce jour-là, il fis mine de ne pas tenir compte de mon analyse.
Mais, à notre sortie de de prison, le gouvernement avait créé le centre universitaire de Bouaké et celui
de Korhogo était annoncé. La prison de Dimbokro me fut légère parce que j’y suis allé pour une cause
noble. La lutte pour la liberté de notre pays n’est ni négociable, encore moins à compromettre. C’est
pour cela que je souhaite que tu restes droit dans tes bottes. Tu n’es pas un criminel de droit commun
mais un militant. À ce titre, tu dois savoir que personne ne prévoit l’avenir et que seule notre
persévérance à rester du côté des principes doit nous guider comme ce fut le cas avec ma contribution
bénévole pour la bonne tenue du Forum de la Réconciliation de 2001.
Oui ! Si je pouvais prédire que ma démarche de faire en sorte que le Premier ministre Alassane
Ouattara et le Président Robert Guei, contre l’avis de leurs proches, soient au Forum de la
Réconciliation en 2001 serait lourde d’histoire, je m’y serais certainement pris autrement.
Mon cher Innocent, le 11 septembre 2001, je sortais du bureau du Premier ministre Alassane Ouattara
lorsque les tours jumelles tombaient à New York. Devant la campagne virulente de sa presse contre le
Forum, j’avais pris soin de prendre mon billet d’Eurostar et de le trouver à Paris pour lui demander de
ne pas mettre sur son compte, l’échec de la réconciliation proposée par Le Président Laurent Gbagbo.
Romains 12.18, dit fermement que « si cela dépend de vous, autant que possible, soyez en paix avec
tous ». Contre l’avis de certains, Le Premier ministre Alassane Ouattara et Le Président Robert Guei
sont arrivés au Forum. Le résultat de la réconciliation n’était plus dans mes petites mains mais dans
celles des leaders. Je ne regrette pas d’avoir contribué à la tentative de résolution par le dialogue, de
la crise.
Si je te cite ces cas, c’est pour affirmer que la lutte est avant tout être au service et non se servir .
L’altruisme, l’abnégation à la tâche, et surtout l’intégrité sont les fondements d’un combat dédié au
profit du grand nombre. La poursuite des principes et non la quête permanente des biens matériels:
telle est la quintessence de notre lutte. Et tel devrait être ce qui guide l’action politique. Je veux
m’interroger à haute voix sur les principes qui fondent le jeu politique dans notre pays en 2023 au
regard des grands enjeux qui sont les nôtres et de ce qui se trame sur le terrain.
Sun Tzu disait que le Généralissime explique une fois, voire même deux fois. Mais la troisième fois, il
doit prendre une décision. Car, paraphrasant Erich Maria Remarque, disons que sur les bords de la
lagune Ebrié, il y a pire qui s’annonce.
Premièrement, raisonnons par analogie. Si la succession d’Houphouët-Boigny entre quatre personnes
a occasionné 30 années de guerres et de crises violentes, quelle sera la suite quand les rejetons
prétendants au trône présidentiel de ces quatre se comptent en douzaine avec en plus les effets
collatéraux de ces trente dernières années ? Et les sujets à effet de bombe ne manquent pas.
Mon Cher Innocent, je vais juste en évoquer ceux qui me viennent à l’instant à l’esprit. Et tu verras que
si cette nation ne tire pas en elle-même une intelligence divine, elle ne pourra aller que dans le décor
comme toutes les données semblent l’indiquer.
Quelques semaines en arrière, le Président RHDP du Conseil Régional du Loh-Djiboua, le Général de
police à la retraite Joseph Djah Blé, réunissait les chefs de village et de terre pour les sensibiliser sur
l’imminence de la date butoir de décembre 2023 qui marquera la fin de la période transitoire fixée
par la loi de 1998 pour l’immatriculation des terres rurales au risque de les voir tomber dans le
domaine publique.
Cette information semble être passée inaperçue parce que justement, comme par hasard, le calendrier
politique national était dominé par le recensement sur les listes électorales. Pourquoi, 22 ans après,
l’organe en charge de l’élection, est-il encore au stade nombriliste dans ses rapports avec l’Exécutif ?
Ou est-ce le système présidentialiste patrimonialiste qui maintient l’institution ayant de la clef de la
démocratisation véritable sous couveuse, de peur de la voir prendre sa réelle indépendance? Jean
ETTÉ nous ramenait, en 1990, à la contradiction principale comme ligne conductrice de nos débats
houleux. Ma question, Mon Cher Kalaï, est celle de savoir quelle est ici, pour les millions d’Ivoiriens et
de populations vivant sur cette terre ivoirienne, la contradiction principale : l’enrôlement ou le risque
de voir les terres rurales tombées dans le domaine étatique pour défaut d’immatriculation ? Or à la
suite des décrets d’application de cette loi de 1998, en octobre 1999, il y a eu le coup d’état de
décembre 1999, suivi de douze années de crise. Le calendrier électoral de 2023 est-il innocent ?
Jean-Marie Adiaffi s’écriait sous le Parti unique « Silence on développe » ! En 2023, devrait-on dire
« Du bruit on dépossède » ? Le projet politique, i ci, est-il de finaliser la zombification des populations
pour faciliter leur expropriation sans préjudice?
Mon cher Innocent, je voudrais me tromper dans mes questionnements. Mais j’ai bien peur d’être
dans le vrai. Aussi, me proposerai-je, dans les jours qui suivent, de faire au Président de la République,
les propositions suivantes :
1- Pour l’immatriculation des terres, reporter la date butoir de décembre 2023 à décembre
2035, soit 12 années. 12 années de crises valent bien 12 années de décalage.
2- La création de la Commission Nationale d’Immatriculation du Foncier Rural qui intégrerait
les agences étatiques actuelles comme L’AFOR, les différents ministères, les universitaires,
notamment les spécialistes en sciences sociales et humaines comme l’histoire, la sociologie,
l’anthropologie, pour retracer l’histoire effective du Foncier ivoirien. En lieu et place de la
MACA, recruter les jeunes docteurs pour en faire les secrétaires exécutifs de cette
commission au niveau de chaque canton pour qu’ils entament leur carrière administrative
et certainement académique de cette manière.
3- Reporter les élections municipales et régionales d’une année pour réellement entamer les
discussions en profondeur sur les réformes de la Commission Électorale.
Oui Innocent ! Ma question est de savoir à quel jeu joue t-on dans ce pays ?
En effet, les nombreuses études ont démontré que la démocratisation est une exigence
structurelle pour que notre pays passe du stade actuel de developpement de ses forces
productives à une autre qui lui permettrait, par la rationalisation de la gouvernance, à réduire
les déperditions énormes dues a la gestion de l’Exécutif de parti unique de fait. Cela veut dire
tout simplement que cette réforme est biaisée depuis 1980. Ce fut le modèle de la démocratie à
l’intérieur du parti unique en 1980. Ensuite, ce fut l’ouverture au pluralisme au forceps en 1990.
Mais la posture systémique de refus de se conformer aux exigences du développement des forces
productives a conduit à la situation actuelle avec la prééminence de l’Exécutif finalement devenu
Roi en Eburnie !!! Pourquoi ? Parce que ce modèle a une rationalité économique qui le justifie.
Oui Innocent ! Le modèle économique de ce système post-guerre froide en Afrique, est caractérisé
par une accumulation-expropriation primitive de la plus- value nationale par les principales figures
du Centre du Pouvoir. Cette manne financière, concentrée entre les mains des tenants du pouvoir,
est illégale. Par conséquent, elle est frappée d’interdit partout. Ce processus retarde le décollage
de l’économie comme Rostow le concevait puisque les capitaux se raréfient en se dissimulant dans
les Dépôts à Terme (DAT), les projets publiques privatisés par les appels d’offres de gré-à-gré, et
enfin, les coûts faramineux gonflant la dette extérieure du pays. Mon ami économiste financier l’a
brillamment expliqué. Pas un physicien puisque ce dernier ne comprendrait pas ce langage s’il ne
passe pas par ses humanités !!!
Pis, ce système renforce la dépendance vis- à-vis de la puissance coloniale en terme de
sécurisation, puisque le patrimoinalisme d élégitimise et insécurise la Présidence de la
République. De fait, la violence est systémique puisque la peur de la perte du pouvoir grandit
proportionnellement à l’approfondissement des dérives antidémocratiques et la gouvernance
erratique. En un mot comme en mille, le refus de l’application effective des principes
démocratiques en système pluraliste conduit aux maux que nous connaissons depuis 1990.
Oui Innocent ! Lorsque les fondateurs de « Wave » ont vu que le système dans lequel les
compagnies de téléphonie mobile fonctionnaient était au détriment des consommateurs, ils ont
proposé une offre sur laquelle celles-ci se sont « alignées». Du coup, les taux exorbitants auxquels
les consommateurs étaient soumis ont été revus à la baisse et les offres se sont multipliées à tous
les niveaux. La liberté de concurrence est source de progrès social et économique même si, dans
le cas des compagnies de téléphonie, les consommateurs ne sont pas à l’abri de facturation à
géométrie variable. Les boulangers et les commerçants dans leur ensemble, devant la brusque
montée des coûts de facteurs, se sont réajustés en offrant des produits réduits au même prix.
En d’autres termes, si les politiques sont obligés de s’aligner sur la volonté des peuples, ce n’est
jamais parce qu’ils le veulent mais parce qu’ils n’ont pas le choix puisque la loi l’impose et les
peuples l’exigent. C’est pour cela que Montesquieu parle de l’esprit de la loi et qu’il conclut que
les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Seuls ceux, comme toi, qui veulent que la loi soit
impersonnelle et applicable dans toute sa rigueur en rapport avec les principes généraux de liberté
et de démocratie, sont soumis au déni de la liberté dans toute la splendeur de l’ignominie
dictatoriale des systèmes post-guerre froide en Afrique. La Côte d’Ivoire ne fait pas exception
depuis bien longtemps.
La problématique, telle que Lénine la posa, reste donc celle du QUE FAIRE ?
Les travailleurs ont négocié la trêve sociale mais désormais ils subissent les effets dévastateurs de
l’inflation globale et de la pression fiscaliste du Gouvernement. Le tiers du treizième mois et la
dime qui leur reviendraient ressemblent désormais au prix d’un marché de dupe dans lequel le
gouvernement sort gagnant, puisqu’il profite aussi de la mauvaise foi de certains qui veulent denier
aux centrales syndicales le bénéfice du renforcement structurel de leur capacité. Bien sûr que le
gouvernement n’est pas idiot pour vouloir ce processus qui rendra les centrales syndicales
ivoiriennes fortes financièrement comme celles des États-Unis et de l’Allemagne dont les fonds
ont constitué la base du capitalisme spéculatif de la fin du siècle dernier.
De l’autre côté, les partis politiques de l’opposition ne semblent pas non plus aller dans le sens du
Front Uni que même Mao Tse Toung ne s’empêcha pas d’accepter avec le Kuo Ming Tang face à
l’invasion japonaise. Lorsque les peuples doivent faire face à certaines circonstances historiques,
le leadership est dans la capacité à dépasser ses propres limites et à se projeter dans le futur
avec pour seul point central la reconquête de sa souveraineté et la sauvegarde de sa culture ou
de son être. Ici, on nous sert de fausses théories qui, en fin de compte, donnent des perspectives
de victoire par défaut au pouvoir. Du coup, les carriéristes et opportunistes préfèrent sauter des
bateaux qui tanguent des partis de l’opposition pour aller déposer leurs valises là où ils sont
assurés de ne point perdre avantages et autres intérêts.
Ont-ils tort d’agir ainsi ?
Loin de moi la moindre idée de vouloir les critiquer car comme certains de nos jeunes le disent :
« un Doyen sans moyen est un moins ». Ces amis au moins ont compris et ne veulent jamais être
réduits au grade honoraire de Doyens moins. Qui osera les accuser puisque le carriérisme est la
marque déposée de l’ensemble des élites ?
Par exemple, en lieu et place de se focaliser sur l’adversaire et de mettre en place des mécanismes
qui permettent une victoire de l’opposition, qui ramènerait le pouvoir à la raison comme « Wave »
l’a fait pour les autres, on privilégiera les intérêts de son parti et des individus. À Yopougon et à
Cocody, le pouvoir a pris une décision pour éviter les déperditions et garantir le plein de ses votes
anticipés. Juste pour la symbolique justificative de tout le reste du film préparé d’avance. Dans les
mêmes circonstances et contextes, l’opposition ne sera pas capable de dire à Yopougon, et partout
en Côte d’Ivoire, il nous faut une seule liste avec le Parti A en-tête de liste pout la circonscription
A, .B, C , etc, jusqu’à avoir des listes communes dans le maximum de communes et de régions.
C’est simple et efficace.
Pourquoi ? Parce que ce qui compte ici, c’est surtout rassurer le peuple qui, désormais certain de
la victoire de l’opposition, non seulement sortira massivement pour voter mais sera gardien des
résultats des urnes. C’est la seule condition d’une garantie de retour à des négociations pour une
présidentielle objective et rassurante en 2025. Mais le carriérisme et la mauvaise foi auront encore
raison du bon sens et l’on justifiera le maintien des rapports de force défavorables à l’opposition
pour que tel individu ou tel autre soit élu contre l’intérêt du peuple. Après, l’on accusera le pouvoir
de tous les maux du monde alors que ce que leur chef a fait est tout simplement rationnel avec les
exigences du contexte et des objectifs qu’il s’est fixé. Francis Wodie, Professeur Émérite de droit
et surtout homme politique averti, déclara un jour que « nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude». En français simple, cela veut dire que si tu craches en l’air, n’attends pas que ton
crachat retombe sur la tête de quelqu’un d’autre.
Voilà donc Mon Cher Kalaï! Je te disais en début de cette note qu’il y a pire au bord de la lagune
Ebrié. Sans cette volonté de toute l’opposition de faire comme « Wave », ni la date butoir de la fin
de l’immatriculation des terres, encore moins celle des élections de 2023, ne seront repoussées.
Alors, ce qui adviendra de notre pays, sera la mansuétude du pouvoir qui comprendrait que le
report pour 2035 de la date de la fin du processus d’immatriculation des terres ne lui coûte rien
puisqu’il aura pleinement le temps de consolider ses positions pour finalement se transformer en
parti unique de fait à l’horizon 2030. S’il ne le fait pas, ce sera simplement se tirer une balle dans
le pieds alors qu’éviter cette situation l’arrange à terme.
Et je sais que le Puissant Môgô est trop vigilant pour ne pas le faire. Pendant ce temps, tu auras
certainement fini de faire ta sentence. Soro Guillaume, alias Bogota, fesciste de chez les fescistes,
est quelque part dans un coin du globe. Notre espérance, comme toi, est qu’il puisse rentrer un
jour en terre d’Eburnie. D’ailleurs, Ble Goude Charles, alias, Gbapê est rentré et s’enjaille des
foules qui lui disent akwaba après son séjour de l’autre côté des geôles de la Cour Pénale
Internationale. Le sort veut que ce soit KKB, le Président perpétuel de la jeunesse du PDCI comme
j’aimais l’appeler pour le taquiner, qui donne à Djué, notre Nanan National, la possibilité de
désormais être appelé Monsieur le Conseiller avec ses deux maîtrises en droit obtenues à
l’Université à Paris avant la période de la guerre des deux camps patriotiques. STT, pour la défense
de qui je fus mis en prison au Canada, nous a fait honneur car il est revenu d’exil avec son diplôme
d’ingénieur en génie électrique. Les jeunes AFA et Makelele, avec leurs équipes, ont réussi le pari
de la suivie du mouvement et certainement s’apprêtent à passer le flambeau à un 12ème SG. Je leur
disais qu’il faudrait au moins que nous ayons une femme dans l’équipe mais cela, je ne sais pas, si
c’est un rêve ou une possibilité. C’est une autre histoire que le mouvement écrira selon les
exigences de son temps.
Je ne saurai terminer cette longue missive Mon Cher Kalaïso Kalaïba, si je ne revenais pas sur ceux
qui nous ont laissés. Oui ! Nous avons perdu beaucoup de nos camarades dans la misère comme
Chantal Leba qui s’est laissée mourir puisque sa dernière parole me hante encore à ce jour : « Jean
Kouadio, je suis fatiguée. Je n’ai plus la force de me battre. Je vais au village » ; me dit-elle. Je lui
ai répliqué de juste me donner quelques mois. Elle a rejoint nos ancêtres en juin 2018 et nous
avons créé notre union en novembre 2018. Doué Nicole aussi est partie. Je ne veux pas tous les
citer mais retiens que plus que la maladie, c’est le fait que nous sommes souvent incapables de
faire ce qui est possible de faire qui me fatigue le plus. Mais alors, à qui la faute ? À moi en premier.
Nous restons dans les théories et chacun est plus intelligent que tous les autres. Pendant ce temps,
les amis du MEECI comptent les ministres, directeurs généraux et autres hautes personnalités par
dizaine, voire centaines, en leur sein.
Mon cher Innocent, la Bible déclare que « sans le bois, le feu s’éteint ». (Prov 26.1). Hier tu fus le
bois, comme toute notre génération d’ailleurs. À L’Union des Anciens de la Fesci (UNAFESCI), nous
avons décidé que nous ne servirons plus de bois à qui que ce soit. Si les gens veulent faire leur
querelle, qu’ils trouvent leurs bois ailleurs. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de ressasser notre
sort misérable à longueur de journée, mais de rester concentré, comme Madame le Député nous
le conseilla.
Mais sur quoi ? Je reviendrai la dessus pour ceux qui ont lu mais n’ont rien compris à cette missive
fraternelle Kalaïso Kalaïba! Parce que 2023 est avant tout une affaire de legacy, ce qui reste quand
on n’est plus de ce monde comme les Anglais le disent !
Londres le 30 Décembre 2022
Ton aîné Ahipeaud Martial Joseph, fraternellement connu sous le nom de lutte de Jean Kouadio,
qui a hâte de te voir libre !
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