Côte d’Ivoire / Mali : Le sort des 46 soldats suspendu aux lèvres des juges maliens
Contrairement aux rumeurs qui ont circulé sur la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali, c’est toujours le statu quo. Les militaires ivoiriens restent en prison mais un processus est acté depuis les derniers accords signés à Bamako entre les parties ivoirienne et malienne. Un accord resté secret.
Les 46 sont passés ce jeudi en jugement devant un tribunal de Bamako. Plus précisément devant la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako. Laquelle a renvoyé les 46 devant la cour d’assise pour y être jugés en raison de la nature des crimes reprochés.
Selon une source journalistique jointe par Connectionivoirienne.net sur place à Bamako, les soldats ivoiriens pris pour des mercenaires par Bamako, sont arrivés au tribunal vers 10 heures, heure locale sous forte escorte policière dans deux minibus. L’audience a aussitôt débuté et aucun journaliste n’a été autorisé à entrer dans la salle, même pas la télévision publique malienne Ortm. Il était donc difficile d’avoir des images et des informations de première main sur place. Pourquoi une telle disposition rigide enfreignant au droit à l’information ? On le sait Bamako avait savamment distillé des informations sur les détenus allant jusqu’à faire croire qu’il y avait parmi eux des mercenaires étrangers dont des sierra Sierra-léonais, des Libériens et autres. Un accès à la salle aurait sans doute permis aux journalistes de vite vérifier cette hypothèse et bien d’autres thèses défendues par Bamako.
Devant la chambre d’accusation, la longue ordonnance de renvoi qui a été lue ne fait pas de concession.
Elle indique à profusion que les faits de mercenariat et d’atteinte à la sûreté du Mali sont établis. Plus précisément et selon le confrère Apanews, dans son arrêt de renvoi devant la Cour d’assises, la chambre d’accusation reproche aux militaires ivoiriens d’avoir, ensemble et de concert, formé une association, établi une entente dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés au Mali.
Selon l’acte d’accusation, les inculpés auraient aussi tenté d’attenter à la sûreté intérieure de l’État du Mali, notamment, en ayant tenté de commettre un attentat ou un complot dans le but de renverser par tous les moyens le gouvernement légal ou de changer la forme républicaine de l’État, soit d’inciter les citoyens ou les habitants à s’armer contre l’autorité.
Cette accusation a toujours été rejetée par Abidjan qui reconnaît toutefois des dysfonctionnements Intervenus dans l’accomplissement d’une mission habituelle.
Tout compte fait, le procès est lancé. C’est le volet judiciaire que Bamako a toujours privilégié et nul doute que ce procès ira à sa fin quitte à ce que les accords et les arrangements politico-diplomatiques prennent le relais. Et que les 46 recouvrent enfin la liberté.
À l’heure actuelle, difficile de se lancer donc en conjecture sur l’issue purement judiciaire.
Seront-ils reconnus coupables ou non ? Seront-ils libérés ? Les accusations sont graves et profuses. Mais les 46 ivoiriens ne seront pas seuls. Conformément au droit positif malien, un collectif de cinq (5) avocats s’est constitué en vue d’assurer leur défense. C’est à eux de fondre les arguments du procureur de la cour d’assise et de réduire à néant l’acte d’accusation.
Le procès reprend vendredi 30 décembre 2022 et du côté d’Abidjan, les oreilles seront tendues vers Bamako.
Les autorités abidjanaises se veulent optimistes et certains cadres du pouvoir n’ont pas hésité à reprendre à leur compte des fake news qui annonçaient la libération des 46. Il n’en est rien.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Photo d’illustration
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