Région de la Mé/Côte-d’Ivoire – Les calvaires routiers des populations d’Alépé – Patrick Achi doublement interpellé

Par Gbansé Alexis avec Sylvie Kouamé

Avec une superficie de 2 700 km2, le département d’Alépé [54 localités dont 3 sous-préfectures Danguira, Alosso 1 et Oghlwapo] dans la Région de la Mé, frontalier au département d’Abidjan, présente la particularité de n’être traversé que par une unique voie bitumée.

Communément appelée par les Abidjanais la route d’Alépé, cette voie bitumée part d’Abobo baoulé au nord de la capitale économique pour gagner le chef-lieu de département, la ville d’Alépé, après 40 km. À partir d’Alépé, la même voie passe le fleuve Comoé et traverse la bourgade de Bongo pour rejoindre à N’Zikro, la route internationale A100 reliant la Côte-d’Ivoire au Ghana.

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En tout et pour tout, le département d’Alépé possède moins de 30 km de bitume, en attendant la fin des travaux de bitumage de la route entre Alépé-ville et le village de Mongah, longue de 3 km. Le bitumage de ce court tronçon, sans mettre fin aux calvaires des populations du département, atténuera un tant soit peu leurs difficultés quotidiennes de mobilité.

C’est ce département aux routes impraticables qui est depuis peu mis sous les feux de l’actualité, avec le lancement prochain de l’Usine de traitement d’eau potable de la Mé [lac Aghien] qui doit approvisionner l’agglomération d’Abidjan, présentée la plus grande en son genre en Afrique de l’ouest, située sur son territoire.

Pour leur part, les populations locales que nous avons rencontrées au cours de notre visite au chantier en finition de l’Usine de traitement d’eau potable de la Mé, espèrent que l’inauguration prochaine de l’Usine sera une occasion pour les autorités politiques/administratives régionales et étatiques d’apporter des solutions à leurs graves problèmes d’infrastructures routières.

Selon un cadre interrogé «il ne s’agit pas seulement de déplacements, mais souvent de vie et de morts avec les malades que nous ne parvenons pas à évacuer, les femmes enceintes qui sont obligés d’accoucher aux abords de routes impraticables, des cercueils que des familles sont forcées de transporter à la main parce que le corbillard est bloqué dans la boue etc. etc. Tout ceci, sans parler des récoltes agricoles que nos parents n’arrivent pas à écouler sur les marchés ou dans les usines ».

Les populations sont encore plus amères, car conscientes que l’actuel Premier ministre Patrick Achi, toujours président du Conseil régional de la Mé qui coiffe le département d’Alépé, et longtemps ministre des Infrastructures dans divers gouvernements, est l’un de leur fils.

Comment comprendre que la quasi-totalité des routes de ce département situé à moins d’une heure d’Abidjan soient impraticables ?

Car, comme nous avons pu le constater de nous-mêmes la semaine dernière après de fortes pluies, la voie Bangakoi, Dzodji, Danguira, Kodioussou, Yapokoi, Kossandji est un calvaire.

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Celle reliant Alépé, Memni, Danguira, Kodioussou, Yapokoi et Kossandji, est quasiment impraticable même en temps de saison sèche.

La route Alépé, Abroki, Yakassé-Comoé, Monpodji et Kossandji passant par la forêt classée, présente les mêmes dangers et frustrations pour les populations.

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Ces voies sont à l’image du chef-lieu du département, la ville d’Alépé restée un gros village.

La ville est aujourd’hui l’un des rares chefs lieu de département en Côte-d’Ivoire sans banques commerciales, sans un marché digne de ce nom, avec seulement 2 ou 3 rues bitumées sur à peine 100 ou 200 mètres.

Pourquoi ce délaissement alors que la plupart des villes proches d’Abidjan ont pu bénéficier de quelques avancées sur le plan des infrastructures, profitant ainsi de leur proximité avec la capitale économique du pays ? L’on peut citer Bingerville, Anyama, Dabou, Grand-Bassam et même Bonoua.

Troisième sous-préfecture de la Côte-d’Ivoire créée en 1951 sous régime colonial, le retard de développement du département d’Alépé touchera-t-il à sa fin avec l’inauguration prochaine de la «plus grande Usine de traitement d’eau potable en Afrique de l’ouest» construites sur ses terres, prêtes à être envahies par l’urbanisation effrénée, en partie incontrôlée, du grand Abidjan ?

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