Après la visite de Gbagbo dans La Mé – Bamba Massani alerte sur le climat de violence pré-électoral qui se dessine (déclaration)

Après sa conférence de presse du 6 décembre 2022 où elle faisait cas de ses inquiétudes, l’ancienne députée Bamba Massani, désormais présidente de l’Ong Initiative citoyenne pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire revient. Cette fois pour interpeller les consciences sur les ingrédients de la violence qui ont cours dans cette phase préparatoire des futures élections locales. Ce, eu égard à ce qui s’est passé à Adzopé lors de la visite de Laurent Gbagbo dans cette partie du pays. Ci-après sa déclaration dont nous avons reçu copie

I- Les faits

A l’occasion de la visite du Président Laurent Gbagbo, les 9 et 10 décembre 2022 dans la région de la Mé, des actes d’hostilité d’une étonnante violence, ponctués par des propos tribalistes, la destruction des affiches et l’incendie d’un bus de transport, ont été perpétrés dans le département d’Adzopé contre les partisans de l’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire qui ne faisait que répondre à l’invitation des populations de cette région. Ces violences physiques ont été prolongées par de nombreux cas de violences verbales observés de part et d’autre, de la part des acteurs les plus en vue de la classe politique.

Ces actes de violences coïncident avec « les convoyages de bétails électoraux » dénoncés comme des opérations de fraudes électorales en préparation depuis le lancement de l’opération de la Révision des Listes électorales (RLE) qui s’achèvent le 20 décembre 2022.

II- Notre constat

Ces faits qui devraient faire l’objet de vives réprobations, de condamnations et/ou d’enquêtes et de sanctions pour servir d’exemples et de leçons, semblent visiblement n’émouvoir personne, en dépit des gros risques confligènes dont ils sont porteurs. Est-ce à dire que la Côte-d’Ivoire serait sujette à une malédiction, un mauvais sort pour le reste de son existence ? Devrait-on croire que dans ce pays il n’y aurait plus d’hommes, de femmes, d’organisations, de partenaires capables de mettre le holà à ces actes et comportements extrêmement graves, porteurs de division et de déflagration sociale ?

Ces constats sont d’autant plus inquiétants que depuis la mort du Président Houphouët-Boigny, du Président Henri Konan Bédié (qui a hérité du pouvoir) au Président Alassane Ouattara, en passant par feu le Général Robert Guéi et le Président Laurent Gbagbo, la Côte-d’Ivoire n’a jamais connu de passation de charges d’un Président sortant à un Président élu. Les différents changements de régime ont toujours été émaillés de violences marquées, outre les immenses dégâts matériels, par de nombreuses pertes en vies humaines, des blessés, des handicapés à vie, des orphelins, des veufs, des veuves et des désœuvrés etc…

Aujourd’hui, à un an des élections locales de 2023 et à trois ans de la présidentielle de 2025 dans notre pays, des raisons objectives d’inquiétudes subsistent, avec ces foyers de tensions et ces actes de violences observés çà et là, en vérité des signes annonciateurs de nouveaux scrutins électoraux à hauts risques.

III- Notre position

Face à ces gros nuages qui s’amoncellent dans le ciel pré-électoral en Côte d’Ivoire, l’ONG Initiative Citoyenne pour des Elections Apaisées en Côte d’Ivoire (ICEA-CI) sonne de nouveau l’alerte en interpellant tout le corps social ivoirien sur sa responsabilité à tout mettre en œuvre afin que le pays ne connaisse plus de troubles, ni de morts d’hommes avant, pendant et après ces élections à venir. De ce fait, l’ONG :

1- Demande que les partis politiques, sans distinction, renouent avec le dialogue politique sincère et appellent incessamment leurs militants et sympathisants à plus de retenue, en vue de garantir un environnement socio-politique et électoral apaisé ;

2- Demande également aux groupes de chefs religieux et de chefs coutumiers de notre pays, eux qui sont considérés comme des garants moraux de notre société au plan spirituel et culturel, de rompre le silence, voire l’indifférence totale qu’ils semblent observer, pour donner de la voix face au danger de dégradation sociale qui pointe ;

3- Interpelle vivement les autorités gouvernementales, garantes de la stabilité et de la cohésion sociale, mais aussi les partis politiques de l’opposition, eux tous qui affirment œuvrer pour le bien-être du peuple, à jouer chacun son rôle pour que ce peuple ne soit plus constamment terrorisé, persécuté, blessé et tué ;

4- Forme le vœu profond de voir les Chancelleries accréditées en Côte d’Ivoire cesser de rester apathiques et indifférentes à la situation qui prévaut dans le pays, mais de les voir user, ici et maintenant, de leur voix et de leur médiation, eu égard à leur influence, pour préserver l’harmonie sociale et sauver des vies ;

5- Recommande à la jeunesse ivoirienne d’éviter non seulement l’instrumentalisation politique sous quelque forme que ce soit, mais aussi la recherche du gain facile, éphémère et déshonorant, surtout quand cela est commandité pour semer la violence et la mort dans le pays ;

6- Invite tous les cyber-activistes et autres influenceurs sur les réseaux sociaux à s’ériger en puissants relais des discours de paix, d’union et de solidarité, et en dénonciateurs des propos et des actes haineux.

Pour l’ONG ICEA-CI, avec la force des uns et le génie des autres, dans une volonté hardie de construire un pays de paix et de prospérité basée sur des valeurs d’union et de rassemblement, avec l’apport de tous, une autre Côte d’Ivoire est possible. Celle d’un pays de vraie démocratie avec des élections propres, sans violences, une nation dans laquelle le processus de choix et de légitimation des dirigeants ne pourra plus engendrer des violences.

Fait à Abidjan le 18 décembre 2022

Pour l’ONG ICEA-CI Bamba Massany

Présidente

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