L’immigration et l’intégration des étrangers en France et en Europe

Deux des thèmes récurrents lors des campagnes électorales sont la sécurité et l’immigration. Nous sommes habitués à entendre les partis politiques proposer aux enchères les deux thématiques.

     Au-delà des chiffres, toujours contestés par les camps adverses au pouvoir, interrogeons-nous sur les causes, avant d’attaquer les conséquences. Et pour cela, je vais m’intéresser plus particulièrement à l’immigration des populations originaires d’Afrique.

     Depuis les indépendances des années 1960, les pays africains rencontrent des obstacles à se construire. Le nombre de cadres nationaux (médecins, ingénieurs, enseignants, juristes, économistes, gestionnaires, etc.) était notoirement insuffisant pour prendre efficacement le relai des administrations auparavant occupées par les ressortissants des pays colonisateurs. Aussi, les aventuriers munis des armes de base (fusils, pistolets, mitrailleuses pour l’essentiel) se sont facilement emparés des pouvoirs locaux, souvent avec l’aide active des anciens colonisateurs ou de leurs bras de mercenaires. Les exemples sont nombreux à travers le continent, et très peu de pays y ont résisté. Néanmoins, chemin faisant, les Africains ont fini par se doter de ressources humaines de mieux en mieux formées et des dirigeants de mieux en mieux éclairés. Cependant, certains d’entre eux ont succombé aux offres alléchantes de l’argent facile de l’Occident comme des pays de l’Est, y compris la Chine aujourd’hui. Les corruptions actives ont constitué un nouvel axe de l’enrichissement personnel rapide, d’autant que la justice pour les réprimer était elle-même chancelante. Au lieu de s’intéresser à l’exploitation et la valorisation des ressources naturelles abondantes sur le continent, de retenir les jeunes générations par la mise en valeur de leurs ressources, de recourir à des partenariats extérieurs efficaces et des « exploitations partenariales public-privé » conduisant à l’émancipation économique de ces nouvelles nations, et de se doter des ambitions d’autonomie, de nombreux dirigeants africains ont saccagé leurs propres pays, comme les chèvres qui détruisent leur propre demeure.

     Il est plus facile d’appeler les compagnies étrangères pour extraire les ressources du sous-sol (pétrole, gaz, minerais) ou de dévaster les forêts qui maintiennent notre écosystème mondial partagé pour extraire le bois, et même aujourd’hui de dilapider les terres agricoles les plus fertiles et vitales pour les populations rurales. Une part importante du fruit des ventes brutes est déposée ensuite sur des comptes en Occident au profit des dirigeants et de leurs familles. Ainsi, les populations sont dépossédées de leurs biens et de leurs terres par des prédateurs insouciants, Africains et Étrangers. En conséquence, les constructions des hôpitaux, des écoles, des routes, des chemins de fer, etc. n’ont pas répondu aux besoins et ne sont plus assurées ; on prétend alors que les finances publiques exsangues et les prêts internationaux insuffisants ne parviennent pas à couvrir les demandes des populations africaines. Les productions agricoles vivrières et d’exportations ne rapportent ni au pays, ni aux producteurs. Le capitaine Ibrahima Traoré, président de la Transition et chef de l’État au Burkina Faso explique même que les productions agricoles de nombreuses zones éloignées des grandes agglomérations de son pays pourrissent sur place en raison du manque d’infrastructures routières pour les acheminer vers les consommateurs. L’école est en faillite dans ces zones. Les piliers de base du développement économique et social se sont écroulés. L’Etat a démissionné de ses fonctions régaliennes. Et nous sommes en 2022, après plus de 35 ans de présidence de Blaise Compaoré arrivé au pouvoir par un coup d’Etat et l’assassinat de son prédécesseur frère d’arme et ami, le capitaine Thomas Sankara, et de Roch Christian Kaboré ! Plusieurs années consécutives, les pays du Sahel crient famine, et la survie des populations est assurée par l’aide alimentaire internationale. Les organisations internationales se mobilisent alors pour venir au secours des Africains affamés. Pendant ce temps, l’Afrique Centrale se plaint des pluies abondantes alors que d’immenses terres agricoles ne sont pas exploitées. L’Afrique Orientale est débordée par des excédents de production agricole locales, alors que le Sud-Soudan vit de la perfusion alimentaire internationale. Le défaut des infrastructures continentales (routières, ferroviaires, aéroportuaires, fluviales) freine toute coopération interafricaine. Alors s’interrogent les économistes de bonne foi : où sont donc passés les flux financiers issus des ventes de matières brutes du pétrole, du gaz, du bois, des minerais, et des produits agricoles de l’Afrique depuis plus de soixante ans ? La réponse est dans les matelas des chambres à coucher de certains dirigeants, dans des investissements des dirigeants en Occident, ainsi que sur les comptes privés numérotés et cryptés dans des banques extra-africaines. Les exemples sont nombreux.

     Depuis les années 1990, les jeunes Africains ont protesté, manifesté, défié les pouvoirs des régimes dictatoriaux, risqué leurs vies en Afrique… En désespoir de cause, ils décident de quitter leurs pays pour risquer leurs vies dans la Méditerranée et dans la Manche, quand ils ne sont pas vendus comme des esclaves dans les pays du Golfe Persique. Les pères des indépendances africaines doivent se retourner amèrement dans leurs tombes ! Dans le livre : « La Relance de l’Afrique » (Éditions L’Harmattan, 2017), j’ai essayé de résumer les situations, pays par pays, au sein des Communautés Économiques Régionales (CER) et de sensibiliser sur les objectifs 2025-2030. Les socles demeurent dans les efforts à la sécurité et la paix dans chacun des pays de ce continent meurtri ; la sécurité alimentaire, médico-sanitaire et environnementale ; l’éducation de la jeunesse et la formation des adultes. Voilà pour les trois piliers du socle de base. Mais, pour asseoir et s’approprier les produits du progrès, les pays africains doivent investir également dans des infrastructures de transport et de communication ; la production, le transport et la distribution de l’électricité ; la transformation et la valorisation industrielles des ressources naturelles abondantes sur le continent africain. Les Jeunes comprennent bien ce message pour se projeter et construire l’avenir en Afrique ; mais les dirigeants restent campés sur leurs privilèges avec la complicité des prédateurs extérieurs et leurs relais autour du pouvoir en Afrique. Découragés et privés des perspectives d’avenir, les jeunes Africains arbitrent entre mourir de faim et dans la misère dans leurs pays, et risquer leurs vies en Méditerranée ou dans la Manche pour rejoindre l’Angleterre. D’autres sont recrutés par les combattants assoiffés de pouvoir et d’argent, sur de fausses et dangereuses idéologies islamiques pour survivre. D’autres enfin choisissent l’asservissement, la traite des êtres humains et l’esclavage dans les pétromonarchies du Golfe Persique.

     Ceux qui sont parvenus à atteindre les côtes européennes avec des embarcations sommaires, après des péripéties sous le contrôle des associations humanitaires qui en font une ressource de publicité et une source de revenus, sont reçus et appelés « immigration africaine ». Mais, savons-nous exactement d’où ils viennent et comment ils sont parvenus à atteindre le sol européen, souvent après des années de multiples péripéties ? Voulons-nous comprendre que la cause première est partagée entre les pays Occidentaux et Orientaux, d’une part, et les dirigeants des pays africains et leurs bras armés de répression, d’autre part ? Pouvons-nous mieux les recevoir et étudier objectivement leurs dossiers pour décider de leur sort dans la dignité humaine ?  En dehors de toute considération partisane et opportune des responsables politiques, pouvons-nous nous poser de bonnes questions pour espérer trouver des réponses appropriées ?

     Parmi les immigrés que l’Europe reçoit sur son sol, il y a des jeunes. Les repousser vers leurs pays d’origine, c’est se préparer à les revoir à nouveau quelques mois après. La solution est donc ailleurs. Ces jeunes ont quitté leurs pays pour fuir la misère et l’inactivité chronique, d’épouvantables conditions de vie et une perte de perspective d’avenir, pour des raisons que nous avons indiquées. En Europe, nous avons des secteurs sous tension, à la recherche désespérée de main-d’œuvre. En France, plus de 400 mille offres d’emplois restent désespérément inoccupées. Je propose alors une démarche en plusieurs temps.

1°- Étudier en profondeur les dossiers de toutes les personnes se présentant sur le sol européen. Leur véritable identité, leurs cursus, les causes réelles de l’émigration, les situations connues dans les pays d’origine, les situations face à la justice pour écarter les criminels, les membres des groupes dangereux ou violents cachés parmi les migrants, les motivations, les aptitudes. En quelques semaines, l’on décide de l’action à mener, rapidement et efficacement.

2°- Les jeunes éligibles à l’immigration en Europe doivent subir des tests de capacité : les plus jeunes sont renvoyés dans les centres de formation scolaire ou professionnelle. La régularisation est alors conditionnée à l’intégration dans le système scolaire ou de formation, incluant le socle de base des connaissances défini. Le refus de ce premier palier d’intégration doit se traduire par l’obligation de quitter le territoire. De même, le pays doit être capable d’évaluer ensuite les parcours scolaires ou des formations pour fixer les objectifs à chacun et en assurer le suivi. Les immigrés « oubliés » dans des procédures administratives pendant « plus de dix ans », sans papiers  et donc sans travail ou sans formation aux métiers qu’ils sont venus chercher, est un véritable échec pour la France et pour l’Europe. Et quand nous leur délivrons les « cartes de séjour sans autorisation de travailler », nous créons un autre fléau économique et social : le travail clandestin et la dépendance aux aides sociales. Après, pour les régulariser, nous exigeons ensuite qu’ils justifient d’un emploi tout en sachant qu’ils ne sont pas autorisés à travailler ! On ouvre ainsi un cercle vicieux. Nous avons la capacité de traiter humainement et administrativement les dossiers de ces immigrés en quelques semaines, et de délivrer les « autorisations conditionnées » de séjour pour ceux en remplissent les conditions définies. C’est extrêmement honteux et scandaleux de voir des bandes de jeunes inactifs, en très bonne santé, abandonnés dans les parcs, devant des immeubles et sur les bancs publics pendant des journées entières, des semaines, des mois et des années. Et pendant ce temps, on se plaint du manque de ressources humaines dans de nombreux secteurs d’activités. Nous pouvons rapidement changer ces situations absurdes. Il reste à inscrire des objectifs clairs et mesurables dans les choix politiques.

3°- Les jeunes adultes, soit préalablement formés dans leurs pays d’origine et pouvant en attester les capacités, soit sans formation professionnelle et disposés à suivre des formations aux métiers, sont accompagnés pour intégrer les métiers en Europe. Oublions le populisme appliqué aux migrants Ukrainiens : « ils sont comme nous, roulent pas dans les mêmes voitures que nous : cest une immigration de qualité ». Un peu comme si nous voulions profiter le l’investissement de l’Ukraine dans la formation de ses cadres pour les récupérer à notre profit. Et pourtant, nous avons les moyens de les former pour nos besoins, et de leur apprendre la langue française. Ce sera un investissement économique et culturel. En France, parmi les 400 mille offres d’empois non pourvus, le pays peut orienter les nouveaux jeunes dans ces métiers selon leurs capacités. Le socle de base des connaissances est indispensable pour régulariser ces jeunes, de même que l’engagement à travailler. Toute allocation sociale et financière est subordonnée à ces prérequis. Ils sont venus pour travailler, alors le pays leur offre des opportunités de métiers et de travail. La régularisation de leur séjour est alors rapide et subordonnée à cette voie d’intégration. C’est le revenu issu du travail reconnu, régulier et assumé qui facilitera l’intégration par le logement dans le tissu social du pays. Les familles avec des enfants mineurs devraient être traitées comme les autres familles du pays d’accueil : ce sont d’abord les capacités financières propres des familles qui doivent être mobilisées pour l’entretien des enfants, et non les ressources publiques destinées au bien commun de la nation.

4°- Les séniors arrivés sur le sol européen pour échapper aux perspectives de misère dans leurs pays d’origine posent un réel problème d’équité par rapport aux nationaux. Tout se passe comme si certaines personnes avaient consacré leur vie active au travail dans leurs pays d’origine, et venaient ensuite encaisser les pensions de retraite en France ou en Europe. Ce n’est pas du populisme, mais du réalisme : il n’est pas sain que les nationaux percevant de très modestes pensions de retraite et accédant difficilement aux soins de santé soient moins bien traités que les nouveaux migrants pris en charge par les finances publiques à des niveaux supérieurs aux nationaux, et auxquels ils ne prétendraient pas en parité de pouvoir d’achat dans leurs pays d’origine. La dispensation des soins médicaux ne fait nullement l’objet d’un débat, notamment quand elle participe à la santé publique. Il n’est pas imaginable que les pays européens ne puissent pas prendre en charge les soins des immigrants présentant des maladies contagieuses. En revanche, les pensions de retraite des immigrants âgés ne peuvent pas être supérieures aux plus faibles pensions accordées aux nationaux qui auront servi leurs pays pendant plusieurs décennies. La solidarité humaine ne doit pas entretenir des injustices sociales.

Des capacités d’accueil et d’intégration.

     Parmi les motifs souvent évoqués par les « souverainistes populistes » et leurs relais au sein de la population pour lutter violemment contre l’immigration, figurent l’Islam politique et le fanatisme musulman, ainsi que la peur du « remplacement » démographique. L’Europe serait ainsi saturée pour accueillir d’autres migrants, comme cela s’est produit dans sa longue construction dans l’histoire. Si l’Islam est récent dans son implantation au sein de toute l’Europe (si l’on excepte les conquêtes du VIIIème siècle qui n’ont pas dépassé la péninsule ibérique), le contact régulier entre toute l’Europe et l’Afrique noire date du milieu du XVème siècle, avec le début de l’industrialisation de la traite négrière transatlantique. Malgré l’accélération des mouvements migratoires, ils restent limités.

     S’agissant de l’Islam, sa pratique et sa diffusion devraient être encadrées comme pour les autres confessions en Europe. La loi, l’ordre et la sécurité publique devraient garantir l’application stricte de la laïcité en France. Les services contrôlent bien la pratique des autres confessions, ainsi que leurs financements à travers une comptabilité transparente ; ils devraient également pouvoir mener les mêmes contrôles sur la pratique de l’Islam. Quant au remplacement démographique, ce ne sera pas les 3% des « Noirs en France », comprenant les ressortissants des Outre-mer, qui feront vaciller la France. En choisissant d’intégrer les populations des Outre-mer dans la communauté nationale française, la nation a accepté la cohabitation entre les « Noirs » et les autres populations du pays. Il n’y a donc pas de remplacement, s’agissant de ces populations. Enfin, l’application de la loi s’applique à tous. La polygamie est prohibée sur le territoire, et elle ne vise donc pas une catégorie particulière dans le pays. Ceux qui n’appliquent pas la loi sont sanctionnés. Une famille qui réclame de 10 à 30 enfants doit pouvoir en établir la filiation biologique dans le cadre de la loi (monogamie). Les allocations familiales et sociales, devenues l’unique source de revenu pour certaines familles, doivent être encadrées pour prévenir toute fraude.

     Quant à la crainte de la multiculturalité, la peur souvent brandie par les populistes est également infondée. Toutes les grandes nations du monde connaissent un double mouvement des particularismes locaux et l’universalisme national qui les cimente.
En France, l’article 1er dispose que :

«  La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure légalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ».

« La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ».

     Dès lors que la Constitution s’est exprimée avec autant de clarté, l’on comprend que les traditions séculaires des Bretons, des Alsaciens, des Provençaux, des Flamands, etc. ne nuisent pas à la cohésion de la France. Ces particularités régionales sont assumées, car elles sont géographiques et anciennes. Si les populations issues de l’immigration et disséminées dans les différentes régions organisent leurs fêtes culturelles dans le respect de l’indivisibilité de la France et en toute laïcité, elles contribuent à l’enrichissement culturel de la France. Ainsi, les Français, quelles que soient leurs origines et leurs pratiques religieuses, sont déjà devenus pluriculturels, sans créer de barrières multiculturelles et communautaires.

     S’agissant des immigrés récemment arrivés en France, leur intégration passe par l’éducation, les formations et l’immersion dans la société française historique. Le véhicule premier de l’intégration, c’est l’usage de la langue française. Le niveau de cet usage se mesure, s’apprécie et l’on doit accompagner les nouveaux arrivants dans l’acquisition et la maîtrise de cette langue. La Constitution la rend obligatoire pour toute personne voulant s’installer durablement en France. Elle ne constitue donc pas un choix personnel ou une option pour certaines catégories d’habitants en France.

L’article 2 de la Constitution dispose que :
« La langue de la République est le français.

Lemblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.

L’hymne national est la « Marseillaise ».

La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

     Toute personne désirant habiter en France est donc tenue de se conformer à cet article de la Constitution. C’est une obligation qui s’impose à tous les habitants en France.

     Enfin, le débat sur les capacités géographiques et démographiques d’accueil n’est pas pertinent. L’Europe n’est pas saturée. En comparant les densités démographiques des principaux pays européens parmi les plus peuplés, on constate que les pays sont très loin de la saturation. En effet, les Pays-Bas comptent 17,484 millions d’habitants sur un petit territoire équivalent à celui de la Suisse, soit une étendue de 41.530 km², et donc une densité très élevée de 421 habitants/km². L’argument de la démographie est alors opposable. Le Royaume-Uni, qui est sorti de l’Union européenne avec des arguments d’une immigration devenue insupportable aux dires des conservateurs et des militants des partis nationalistes, compte aujourd’hui environ 67,886 millions d’habitants sur 246.690 km², soit une densité de 275 habitants/km², plus fortement peuplé dans les aires urbaines. L’argument démographique peut alors être mis en débat, au regard des capacités économiques du pays. L’Allemagne, le pays le plus peuplé de l’Union européenne compte 84,080 millions d’habitants sur 357.588 km², soit une densité de 235 habitants/km², comparable à celle du Royaume-Uni. La Suisse, qui s’est toujours tenue à l’écart de l’Union européenne, compte 8,739 millions d’habitants sur 41.285 km², soit une densité de 212 habitants/km². L’Italie clôt cette petite liste des principaux pays relativement densément peuplés d’Europe Occidentale, avec 60,360 millions d’habitants sur une superficie de 301.336 km², soit une densité de 200 habitants/km². Ces pays comptent également parmi les plus riches du continent. En revanche, de vastes étendues des autres pays semblent peu occupées. La Pologne héberge 38,282 millions d’habitants sur une territoire de 312.679 km², soit une densité de 122 habitants/km². La France, sur ses terres européennes et des Outre-mer, est occupée par une population de 68,014 millions d’habitants sur une étendue de 672.051 km². La densité moyenne atteint 101 habitants/km². L’Autriche qui prolonge les chaînes des Alpes françaises à travers la Suisse, occupe un territoire de 83.871 km² avec sa population de 8,860 millions d’habitants, soit une densité de 106 habitants/km², proche de celle de la France. Deux pays très étendus apparaissent très peu peuplés : l’Espagne héberge 46,935 millions d’habitants sur étendue de 505.911 km², soit une densité de 93 habitants/km² et la Roumanie qui compte 21,303 millions d’habitants sur une superficie de 238.397 km², soit une densité de 89 habitants/km². Il est clair que le débat ne conduit pas à la conclusion qu’il faut « importer » des populations pour occuper les territoires européens, mais suggère de s’interroger sur les moyens dont disposent les pays européens pour traiter l’immigration.

     Parmi les solutions immédiates pour la France, il conviendrait de réorienter l’action d’un ministère délégué en charge des questions des partenariats internationaux au développement et de la coopération avec l’Afrique. Les problèmes soulevés par l’immigration des originaires de ce continent trouveront leurs solutions dans des démarches volontaristes partagées entre les pays africains et la France. Nous avons, en France, des experts qui ont travaillé sur ces questions et qui maîtrisent les sujets de l’économie du développement, susceptibles d’assurer l’apaisement des tensions entre la France et les pays africains en phase de rupture, pour reconstruire les relations sur de nouvelles bases, fondées sur la compréhension et le respect mutuel. La perspective est de réduire l’intensité des migrations en contrepartie des grands projets de développement et de rétention des jeunes dans leurs pays d’origine.

     Il est entendu que l’avenir des Africains est incontestablement en Afrique. Il n’y a pas de débat sur cette affirmation. Mais, dès lors que l’Europe Occidentale a contribué activement à la déstabilisation politique et au retard de développement économique de nombreux pays africains, il ne convient pas d’ignorer l’immigration résultant des conséquences de ces échecs et de la fuite des Africains vers les pays Occidentaux. Les richesses et le développement de l’Occident se sont construits en partie sur les ressources diverses des Africains. Il est évident que l’Afrique doit garder ses ressources humaines sur le continent pour valoriser ses ressources naturelles, énergétiques, minières, agricoles. Elle a donc besoin des partenaires économiques et industriels, des experts et des entrepreneurs pour réaliser les pas vers le développement et le mieux-être des ses habitants. Le flottement actuel n’est donc que temporaire. Les retours vers l’Afrique se feront avec le temps. En attendant, l’Europe devrait revoir sa politique de traitement de l’immigration africaine, en coopération avec les dirigeants éveillés et de nombreux experts africains sérieux. Ainsi, l’immigration devient un lien culturel et économique profitable entre l’Afrique et l’Occident, d’une part, et un géant point d’interrogation sur la nature des relations politiques, d’autre part. Elle envoie un appel d’urgence des partenariats économiques équitables entre l’Occident et l’Afrique pour construire un avenir partagé.

Emmanuel Nkunzumwami

Ecrivain-Essayiste
Analyste économique et politique

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